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La famille MARINELLO

Page extraite de l'album GIVERNY AUTREFOIS
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Texte, photographie et mise en page de Jean-Michel Peers
Un grand merci à Raymonde Jardin-Marinello, Angèle Marinello-Moretto
et Nadine Mouillière-Marinello, pour la gentillesse avec laquelle elles
ont accueilli le projet de ce chapitre. Sans leurs témoignages et
leurs documents, cette page n'aurait pu être construite.
Photos de Giulio et Beppino, de Albert Pillon.
Photo de Tranquille et des aviateurs anglais, extraite de video de FR3.
Photo des "Grands Jardins" vers 1900, de Armand Picard.
Courrier de Beppino Marinello du 6 avril 2012.
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L'histoire de la famille Marinello en France débute au milieu des années 20. A cette époque plusieurs
membres de la famille, originaires de PIACENZA d'ADIGE, dans la Province de Padoue (Région de
Venise), quittent l'Italie pour la France et s'installent d'abord à Aubevoye, puis à Giverny, rue aux juifs.
Au départ, seuls les hommes (pères, oncles, frères et cousins) sont du voyage.

Parmi ceux-ci, l'oncle ORAZIO ZIVACCO, dont la femme, LUISA (1897-1987),
née Marinello, était restée à Piacenza avec les autres épouses de la famille.
Un peu plus tard, le couple, sans enfant, adoptera BEPPINO et RAYMONDE
Marinello (voir plus loin) devenus orphelins après le décès de leurs parents.



ORAZIO ZIVACCO (1895-1964)

ORAZIO avait combattu pendant la guerre 14-18 et en était revenu gazé, comme de nombreux
combattants de la Grande Guerre. Son épouse LUISA et lui, joueront un rôle important
dans l'implantation de la famille Marinello aux « Grands Jardins » à Giverny.
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LE TRAVAIL AU VILLAGE

Les hommes de la famille s'engagent d'abord dans la construction, notamment à Giverny,
chez LEROUX, entrepreneur en maçonnerie, habitant au Chemin du Rouet, qui avait repris
l'entreprise de maçonnerie PICARD. On voit ici une équipe de maçons travaillant le long du
mur de soutènement entre l'église Sainte Radegonde et la rue Claude Monet. On peut
penser que le tas de terre caillouteux que l'on aperçoit provient du cimetière où les maçons
ont travaillé à l'aménagement d'un caveau. Cet emplacement, dans un petit retrait entre
l'église et la rue, était sûrement pratique pour amasser la terre avant son évacuation.
On remarque déjà cette utilisation sur la deuxième carte postale de la page de l'église.

Sur cette exceptionnelle photo, on retrouve GIOVANNI, le papa de Raymonde et Beppino (4ème
à gauche, sans casquette) et GIULIO, le papa de Tranquille, le col ouvert, derrière la brouette.



Les épouses, avec les enfants, quitteront PIACENZA d'ADIGE
un peu plus tard pour rejoindre leurs maris en France.
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LA DEUXIEME GÉNÉRATION
Tranquille, Beppino, Raymonde, Annie


TRANQUILLE MARINELLO (1924-2011)

En 1924 naît TRANQUILLE Marinello en Italie. On le voit ici à un an, sur les genoux de
Luisa Zivacco. Ses parents, Giulio et Niba Marinello sont debout, à droite, derrière
les grands-parents, Maria et Enrico. A gauche, on voit Santina et Antonietta.
Santina avait une fille, Graziana, que l'on voit, enfant, sur une amusante photo
assise sur les rails devant le Moulin de Chennevières. (voir la page Le chemin de fer)


(Photo prise en Italie en 1925)

Tranquille arrive en France à neuf ans et habite rue aux Juifs, puis rapidement rue des Grands Jardins
chez Orazio. Il ne parlait pas français, ce qui posait des problèmes à l'école. Heureusement Il s'était
lié d'amitié avec sa camarade de classe Simone Pont (Prévost) qui l'aidera à perfectionner son français.



Classe de Monsieur Bouquet, 1934-35
Voir toute la classe sur la page de l'école


A 14 ans, avec son certificat d'études en poche, Tranquille quitte l'école pour travailler au moulin de Cossy
appelé aussi le moulin à farine ou l'usine, tenu par Alexandre Gens. Mais petit à petit il se sent plus attiré
par la nature et le jardinage. Son oncle Orazio lui fait découvrir les rudiments du maraîchage et la beauté
des paysages de Giverny. On le voit ici à la chasse au lapin sur les coteaux avec son oncle. Nous sommes
en pleine guerre et les fusils avait été confisqués par la gendarmerie. Donc, comme tout le monde au
village, pour avoir du lapin au repas, il fallait braconner! Ce "sport" réunit les givernois le dimanche, avec
furets et bâtons, comme le décrit Albert Pillon dans "Ma jeunesse à Giverny", à l'année 42.

" Les lapins de garenne sont toujours bien présents. En plus de ceux attrapés au collet tendus le soir
par papa et que nous allons chercher le matin, c’est une véritable expédition qui est organisée chaque
dimanche. Avec papa, André Gillot, son copain TRANQUILLE MARINELLO et bien d’autres du village,
nous partons tous à l’exploration des terriers et nous emmenons le furet que nous élevons avec
grand soin dans une cage sous le hangar. Chacun apporte le sien ainsi que son lot de "poches",
ces filets à coulisse que nous étendons sur chaque trou du réseau de terrier des lapins."



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LE MARAÎCHAGE

Les Marinello étaient maraîchers au quartier des Grands Jardins sur les anciens terrains des
pépinières Féron. On peut penser que cette terre, longtemps travaillée par les précédents
propriétaires, était très productive. La famille avait comme clients l'Hostellerie de Giverny,
l'Hôtel Baudy, l'Hôtel du Grand Cerf et d'autres restaurants à Vernon. On livrait également
quelques particuliers à Giverny. La production était transportée dans une remorque attelée
à un vélo, mais aussi, simplement en charrette comme le fait Tranquille ci-dessous.
C'était rapide et efficace .... directement du producteur au consommateur.


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JUIN 1944

Au lendemain du débarquement, dans la nuit du 7 au 8 juin, Tranquille est témoin
du crash d'un bombardier britannique LANCASTER en flammes dans la plaine des Ajoux.
Il est un des premiers sur les lieux. 60 ans plus tard, seules trois familles des 7 jeunes pilotes
décédés furent retrouvées pour une commémoration émouvante au cimetière et à la mairie.
A cette occasion, Tranquille remet aux familles des souvenirs personnels sauvés sur place.
Il y avait une carte d'Etat Major avec le plan de vol, des papiers et de l'argent.
Plus de détails sur le drame des Ajoux sur cette page.




Avant la libération de Giverny (août 1944), la région fut souvent le témoin de combats aériens
et de tirs de la DCA allemande installée sur le plateau. Le 4 juillet, à peine un mois après le
drame des Ajoux, un chasseur américain est abattu à Limetz. Tranquille est ici
en compagnie de PIERRE DAVANTURE, un ami givernois.



A la Libération, Tranquille avait 20 ans et était toujours de nationalité italienne.
Il s'engagea, comme son ami Montourcy, du "Démocrate", pour défendre
le pays. En 1946, Tranquille est naturalisé français.



Après son mariage avec JACQUELINE AUBRUN, Tranquille habitera
à l'angle de la rue de la Dîme et de la rue Claude Monet.


Détail extrait de l'album photo d'Edmond Picard (vers 1910). La photo originale se trouve ICI.

Plus tard, le couple construira sa maison définitive rue du
Colombier avec l'aide de GIULIO, le papa de Tranquille.


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UNE SURPRISE POUR LA FAMILLE



Vingt-sept ans après la naissance de Tranquille, soit, en 1951, NIBA donne le jour à une fille.
ANNIE vient agrandir la famille à la joie de tous. L'oncle ALBINO (frère d'Orazio,
chez qui la scène se passe) est venu de Gaillon. Père de 8 enfants, on le voit
serrer ANNIE fièrement dans ses bras. A gauche, GIULIO, l'heureux papa.

Quelques années plus tard, en 1957, on voit Giulio à la fête foraine
de Pâques à Giverny en conversation avec Albert Adrien Pillon.



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LA DEUXIEME GENERATION DES MARINELLO REUNIS



Tranquille, Beppino, Raymonde (photo de studio)

Annie, née 27 ans après Tranquille n'est évidemment pas sur la photo. Mais on la retrouve
sur une photo une vingtaine d'années plus tard dans les bras de sa belle-soeur Jacqueline ...



... sur cette photo prise sur la terrasse. On remarque que la proximité de la rue Claude Monet
n'était pas occultée à l'époque, comme elle l'est maintenant avec un muret
rehaussé qui empêche de plonger dans le jardin.

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BEPPINO ET RAYMONDE MARINELLO

Ci-dessous, les parents de Raymonde et Beppino, GIOVANNI et ELISA.
Ils décèderont alors que les enfants étaient en bas âge.



A la naissance de Beppino en 1929, on retrouve ci-dessous, debout, de gauche à droite,
ORAZIO, GIOVANNI, un ami, GIULIO, puis, assises, ELISA avec le bébé, et LUISA.
La photo est prise au n°1 de la rue des Grands Jardins, où Beppino passa
toute son enfance et une partie de sa jeunesse.



A cette époque, Mussolini était le chef du gouvernement italien. Il avait décrété que tous les nouveaux-nés
de parents ayant quitté l'Italie recevraient un trousseau complet à leur retour. Il y avait cependant une
condition: il fallait que figure le prénom Benito dans l'inscription des prénoms des garçons à l'Etat Civil.
Elisa alla donc accoucher en Italie pour bénéficier de ce "cadeau" bien utile à une époque où l'argent
manquait. Dès le retour en France, comme on peut l'imaginer, seul le prénom BEPPINO sera utilisé.
Quatorze mois plus tard naît RAYMONDE à Vernon. Leur mère décède 6 mois après la naissance
de sa fille. Orphelins, les enfants sont adoptés par leur oncle ORAZIO et son épouse LUISA.

ORAZIO ZIVACCO avait commencé comme maçon, puis devint jardinier et travailla début 1926 dans la
propriété de CLAUDE MONET. En décembre 1926, le peintre décède et Orazio se retrouve au service
de BLANCHE HOSCHEDE, qui continue à résider dans la maison. Enfant, RAYMONDE se souvient
d'y avoir souvent été jouer avec son frère BEPPINO, et de la gentillesse de Blanche.
Les enfants recevaient chaque année un cadeau à Noël. Raymonde a aussi le
souvenir de tableaux entreposés dans le grand atelier et dans les garages.

En 1951, RAYMONDE quitte la rue des Grands Jardins pour Vernon où elle épouse LUCIEN JARDIN.
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UNE PHOTO SYMBOLIQUE

On retrouve Raymonde et Lucien ci-dessous à droite sur une photo prise rue Claude Monet
presqu'en face du café-épicerie. A gauche de la photo, on voit NIBA, maman de Tranquille,
JACQUELINE Marinello, épouse de Tranquille, avec la petite ANNIE, soeur de Tranquille.



Cette photo (vers 1953) est prise à un endroit qui symbolise la présence des Marinello à Giverny.
A gauche du poteau, le mur mène à la future maison de Beppino et Angèle. Derrière le muret, en
contrebas de la rue se trouve le jardin clos et la maison que Tranquille habita après son mariage
avec JACQUELINE AUBRUN. (photo plus haut). Le terrain entre la lointaine maison anglo-
normande et le mur, est celui sur lequel les Marinello avaient installé leur production
maraîchère. (voir plus bas l'emplacement sur une photo des "Grands Jardins")

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BEPPINO

Après la deuxième guerre mondiale, les jeunes appelés au service militaire sont
envoyés dans la zone d'occupation française en Allemagne. Ce fut le cas pour BEPPINO
que l'on retrouve ici en compagnie d'un autre givernois, ALBERT PILLON, de deux ans son cadet.





Une fois son service militaire terminé, BEPPINO entre dans un cabinet d'architecture, puis
chez LANCTUIT, où il retrouve un autre givernois, Bernard Guillot (petit-fils d'Achille Delaplace)



BEPPINO se marie en 1954 avec ANGELE MORETTO dont les parents,
également d'origine italienne, vivaient dans la région bordelaise.
Plus tard, du temps où Bernard Berche était maire de Giverny,
BEPPINO exerça le mandat d'adjoint au maire.
La voiture Rosengart avait été achetée d'occasion
ensemble par les Marinello et les Zivacco.
Voir aussi Le hameau de Manitaux avec une photo de 1952 en fin de page.

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DES "GRANDS JARDINS" au QUARTIER DES ITALIENS

La famille Marinello prend la suite des pépinières Féron dans les années 30.
Nous n'avons, hélas, pas de photos de l'exploitation maraîchère de l'époque d'Orazio,
mais on peut localiser les terrains et les constructions d'après les différentes cartes
postales qu'Albert Féron avait fait faire de ses pépinières au début du siècle.

On reconnait la ferme Singeot (devenue en 1945, Barbier, puis Leroy), sans l'étable et la laiterie construites
plus tard sur la gauche, l'hôtel Baudy au loin, et la MAISON d'ORAZIO avec les dépendances.
On voit aussi (sous le Y), un réservoir en hauteur, type château d'eau, attenant à la maison.
Il avait été construit par Albert Féron pour l'irrigation des pépinières. Avec le temps, le
réservoir avait perdu de son étanchéité. Beppino le fit démolir dans les années 80.
Un autre grand réservoir existait dans la partie haute de l'autre bout du terrain,
contre la maison que Tranquille habita un moment avant de construire. Tout
cela alimentait un réseau de tuyaux, de vannes et de réservoirs. La culture
maraîchère, exigeante en eau, s'est servie des mêmes installations. On
en trouve actuellement des vestiges, mais devenus hors d'usage.


Vue vers l'est depuis la ferme de la Dîme, sans doute à l'étage.

Ci-dessous, une vue vers le sud, depuis la rue d'En haut. Les maisons sont hors cadre, à gauche.


Les "Grands Jardins" au temps des pépinières, (vers 1910)
La maison anglo-normande fut celle d'Armand Picard.


Enfin, la plus belle vue, et la plus intéressante, est prise vers le nord depuis la maison d'Armand Picard.
On y voit le tout début des pépinières, la ferme de la Dîme à gauche, la future maison avec le mur
de soutènement du jardin surélevé, que loueront Tranquille et Jacqueline. A droite, sous le café
Jardin, on voit le terrain dégagé où construiront Beppino et Angèle dans les années 50.
La photo est fin 19ème, sans doute la plus ancienne du quartier des Grands Jardins.


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LES MAISONS DES MARINELLO

A l'époque du maraîchage, les maisons des Marinello communiquaient entre
elles. On allait par les "Grands Jardins" de chez Orazio à la maison de Tranquille,
en passant par le terrain où Beppino construira un peu plus tard. En fait, on allait
de la rue des Grands Jardins à la rue de la Dîme sans emprunter la voie publique!
A Giverny, on appelait familièrement les "Grands Jardins" le "quartier des Italiens".

TRANQUILLE et JACQUELINE



Le couple habita d'abord à l'angle de la rue Claude Monet et de la rue de la Dîme.
C'était petit, mais Tranquille aménagea tout de même un poulailler et un potager.



En 1957, Tranquille s'installe avec sa famille rue du Colombier où il construit sa maison
sur un terrain plus grand, avec, évidemment, de quoi cultiver. Au fond, on devine la
maison du peintre américain Theodore Butler, qui s'installa à Giverny avec femme
et enfants en 1895 jusqu'à la fin de ses jours. Ci-dessous, le début des travaux
de terrassement. On reconnait Tranquille et son chien derrière la brouette.
Son papa, Giulio est à gauche



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BEPPINO et ANGELE

Ci-dessous, le début de la construction de la maison de Beppino et Angèle, rue Claude Monet,
presque en face du tabac-épicerie-bistrot. Il ne manquait rien, pas même le rouge, de tradition
avec les travaux de maçonnerie à l'époque. Beppino est à droite. Ce terrain faisait auparavant
partie des pépinières Féron et Beppino se souvient qu'à l'époque il était bordé de marronniers.



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L'EVOLUTION du QUARTIER des GRANDS JARDINS



La production de fruits et légumes s'arrête en 1963. On retrouve ici TRANQUILLE
au milieu du jardin potager. Au fond, on voit les constructions du côté nord de la
rue Claude Monet. Le côté sud était encore dégagé et laissait voir une belle
perspective sur les "Grands Jardins" vers la plaine et les Ajoux. Après les
années 50, de nouvelles maisons furent érigées sur de belles surfaces.

Marlgré le morcellement, et, comme pour faire un clin d'oeil au passé,
il est aujourd'hui toujours possible de se rendre de l'ancienne
maison d'Orazio à celle de Beppino et Angèle par les jardins...

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