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JM Peers de Nieuwburgh | all galleries >> Galleries >> GIVERNY AUTREFOIS > LE MOUTIER
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LE MOUTIER

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Page extraite de l'album GIVERNY AUTREFOIS
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Texte et acte de vente d'André Buffet
Photographie, texte et mise en page de Jean-Michel Peers
Cartes postales de la Terra Foundation for American Art.
Frederick W.Mc Monnies, Self-Portrait, 1896, Collection Daniel J. Terra
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LA FAMILLE MAC MONNIES





Frederick William Mac Monnies (1863-1937), sculpteur, épouse en 1880 Mary Louise Fairchild (1858-1946).
Ils débarquent chez Baudy en 1890, comme la plupart des artistes. Ils n'y restent pas, mais
reviennent trois étés consécutifs de 94 à 96 en résidant Villa Besche, maison
aujourd'hui disparue, à deux pas de la Maison Bleue.



( carte postale des années 60 )

Tout en continuant la sculpture, Frederick Mac Monnies se met à la peinture fin 1890.
En 1900, le couple achète le Prieuré de Giverny et le restaure. En plaisantant,
ses amis le surnomment Macmonastery. Mac Monnies se sédentarise
à Giverny comme le font quelques artistes: Rose, Butler, Young.

Le Moutier est un bel et spacieux ensemble, entouré d'un parc de 1,5 hectares,
mais l’artiste souhaite plus de place pour créer un grand atelier de peinture.
En 1903, il achète une grange à un de ses voisins, rue du Boquet.





Il y aménage son atelier, crée une école de peinture et assiste de nombreux artistes
jusqu'à leur offrir le gîte dans sa belle demeure. Son épouse, Mary Fairchild étudia
à l'Académie Julian, puis chez Carolus-Duran; elle expose, sa notoriété s'élargit.

La guerre est déclarée, Monsieur Mac Monnies et Madame Cenac, patronne
du Gardénia, situé à quelques pas du Moutier, décident de créer respectivement
10 et 4 lits d'hôpital pour les blessés.( délibération du conseil municipal du 17 octobre 1914.)
Dans le même temps, les artistes américains Hart, Butler, Ritman font des dons pour les soldats.
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Betty Mac Monnies

Entre les deux guerres, le Moutier (appelé "Le Prieuré" à cette époque) fut la résidence de
Berthe Helene Mac Monnies (Betty), fille ainée de Fredérick et Mary, née en 1895. Betty a
vécu le quotidien de la sympathique bande d'artistes américains de Giverny, entre
leurs ateliers et leurs réunions chez Baudy. Le détail de cette photo des tennis
de l'hôtel montre la petite Betty, en compagnie de sa soeur Marjorie et de
Suzanne Baudy, avec leur nurse, Marthe Lucas, et Clarisse Baudy.





Ayant passé toute son enfance et sa jeunesse à Giverny, Betty parlait et écrivait parfaitement le français,
comme en témoigne la correspondance qu'elle échangeait avec ses voisins et qui a été conservée.
Les années passant, Betty venait de moins en moins à Giverny. Elle habitait une petite maison à
Laguna Beach en Californie et ses moyens ne lui permettaient plus de voyager. Le Moutier fut mis
en vente dans les années 50. Il reste peu de souvenirs de cette époque, si ce n'est une lettre et
cette rare photo des années 30 que nous ont communiqués les propriétaires actuels.





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LE MOUTIER, JADIS.....

Moutier est la forme ancienne de « monastère ».
Cette ancienne demeure était en fait une ferme qui dépendait de l'Abbaye de Saint-Ouen
de Rouen. Les religieux, Bénédictins, suivaient la Règle de Saint Benoît de Nursie.
Ils se suffisaient à eux-mêmes, en pratiquant l'agriculture, l'élevage et la pisciculture.
En congrégation bien organisée, les religieux avaient aménagé le long du ru de Giverny,
à deux pas de la ferme, un bassin pour l'élevage de poissons. Cette pisciculture leur
assurait une production régulière. Il en reste, heureusement, quelques vestiges.


LA PISCICULTURE des MOINES
(avec l'aimable autorisation de Mr Trouvé)

Au bas de la rue de la Dîme, au niveau du lavoir de la "Petite Arche", on aperçoit sur la
rive gauche du ru, le mur d'enceinte du bassin d'élevage de poissons du Moutier.
De nos jours, il n'y a plus d'élevage, mais le bassin est toujours alimenté par le bief
qui contourne la maison construite au siècle dernier entre le ru et la pisciculture.









Sur le côté est, le mur d'enceinte conserve les vestiges d'une construction, peut-être
une chapelle pour permettre aux moines de se recueillir. Les fondations en arc de cercle
et ce qui a dû être un petit clocher font, en effet, penser à une construction religieuse.
Mais il n'y a, à notre connaissance, aucune confirmation de cela. En tout cas, la cloche servait
à appeler les moines qui travaillaient aux champs voisins appartenant à la congrégation.
Sous la cloche, on aperçoit une voûte dans le mur. Le fait que ce mur soit dirigé vers l'est peut
laisser imaginer qu'il s'agissait de l'emplacement d'un petit autel. Il faut savoir que la
plupart des églises sont orientées vers le soleil levant et que c'est dans cette direction
qu'est placé l'autel ("ad orientem versus Deum" - vers l'orient, face à Dieu) - (F.S).

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UN PEU D'HISTOIRE

Les paragraphes suivants sont une compilation de textes et de renseignements obtenus pour la
plupart sur Internet. Les références qui m'ont permis de proposer ce résumé sont les suivantes:

Wikipédia.
Dom Pommeraye Jean-François: Histoire de l'Abbaye Royale Saint-Ouen de Rouen.
Delisle Léopold: Des Revenus Publics en Normandie au XIIème siècle.
Feuilloley Marc: La Gestion d'une Seigneurie Ecclésiastique à la lumière
des registres comptables de l'Abbaye de Saint-Ouen.
CNRS: Censier Normand du XIIIème siècle: Livre des Jurés de Saint-Ouen.
Archives Départementales de Seine-Maritime.



L'Abbaye Royale de Saint-Ouen de Rouen fut un monastère bénédictin très puissant en Normandie.


(Illustrations extraites de "Histoire de l'Abbaye Royale de Saint-Ouen, par Dom Pommeraye,
avec l'aimable autorisation de Mr Christophe Marcia, libraire à 94520 Périgny)


Tout commença à l'époque mérovingienne, quand en 553 fut fondé un couvent dédié à Saint-Pierre.
Dadon dénommé également Ouen (609 à 684), fut archevêque de Rouen et enseveli dans la basilique
mérovingienne édifiée sur le site, qui devint monastère bénédictin à l'époque carolingienne.
Le monument religieux se nommera naturellement Abbaye de Saint-Ouen.

Le saint homme fit construire de nombreux édifices religieux; sa piété et sa foi cimentèrent
le catholicisme dans notre contrée. Il fonda le prieuré de Saint-Nicaise à GASNY.

Richard II, Duc de Normandie de 996 à 1026, dit Richard le Bon, cite Giverny parmi les
dépendances du prieuré de Gasny dans une chartre en faveur de Saint-Ouen de Rouen.




Statue de Richard II à Falaise (Calvados) - photo X.
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CHARTES ET CARTULAIRES

Le Livre des Jurés de l'Abbaye de Saint-Ouen, établi en 1291,
présente Giverny dans l'énumération des biens de l'abbaye de Saint-Ouen à Gasny.
La noblesse et le clergé comprirent très tôt que la sauvegarde de leurs biens, la reconnaissance
de leur autorité donc de leur pouvoir, ainsi que les avantages qui en découlent, ne seraient
garantis que par l'affirmation de leurs droits à l'aide d'écrits contresignés si possible par des
témoins influents. La longévité étant restreinte à l'époque, les pactes oraux n'étaient pas
fiables, d'autant plus que la parole donnée est parfois douteuse. Ainsi furent créées les chartes,
rédigées sur rouleaux, certifiées par des notables, des cachets de cire attestant
l'authenticité des documents. Durant le Haut Moyen-Age, ces précieux écrits
furent conservés dans les communautés religieuses.

Les invasions qui se sont succédées ont été la cause de la destruction des abbayes, donc de la
dispersion des occupants et des archives longuement rassemblées et conservées. La perte de ce
patrimoine est immense. Durant le XIème siècle seuls les moines, revenus dans les murs de leurs
abbayes ruinées, regroupèrent, classèrent et consignèrent les différentes chartes afférentes à un
fief, en un ou plusieurs volumes: les cartulaires sont donc les copies de textes originaux, qui en
fait ont l'avantage d'être consultés plus commodément qu'une charte sans risque de la détériorer.

Cependant tous les moines n'ont pas la science infuse, des erreurs d'interprétation se sont
glissées dans la transcription des originaux. Parfois leurs écrits sont relatés de mémoire et
la vérité des faits s'en trouve altérée. Les cartulaires sont néanmoins des pièces indispensables
à la connaissance des lois, des coutumes, des familles du Moyen-Age, et sont les seuls
documents qui permettent la compréhension de l'origine des propriétés,
de leurs transmissions, et de la chronologie des filiations.

Je propose quelques extraits de ce Cartulaire
(avec la collaboration de François Suzé)

14H819 - Donation à l'abbaye par Eudes Havart, pour le rachat de ses fautes, de 20 soudées de
rentes annuelles sur son Moulin de Cossé; 30 septembre 1228.
-Vente à l'abbaye par Guillaume Ameline et Marie, sa femme, pour 2 setiers de blé,
d'une pièce de vigne à Giverny, dans le fief des religieux, auxquels ladite pièce devait 28
deniers parisis de rente et la sixième partie d'un chapon; 22 janvier 1293.
-Actes de vente d'une moitié de maison et du droit de pêche au lieu dit le Tresle de
Cossi à Giverny, passés au profit de Claude Dubosc, vigneron; 20 juin-21 septembre 1587.
14 pièces parchemin; 7 sceaux; 3 fragments de sceaux.
14H820 - Echange entre Robert Le Prévost, écuyer, et Agnès, sa femme, et les religieux
de Saint-Ouen, du moulin de Cossi contre des droits et héritages dépendants
de la prévôté de Giverny,; 16 décembre 1348.

Les chartes sont des procédures qui attestent l'appartenance d'un bien ou d'un droit.
Elles sont un titre de reconnaissance, de jouissance à caractère plus ou moins important,
qui règle la vie de tous les jours, du plus noble au plus humble. Les affrontements sont
parfois sévères et les plaignants en appellent à la Haute Cour de Justice de Rouen.

- Renonciation du droit de chasse.
- Abandon de droit dans les bois de l'abbaye de Saint-Ouen.
- Procès verbaux d'arpentage.
- Adjudication des coupes.
14H820 - Procès au Parlement de Rouen entre Balthazar Poitevin, abbé de Saint-Ouen,
et les habitants de Giverny, d'une part, et Nicolas Daniel, écuyer, avocat au Grand Conseil,
au sujet de la banalité du moulin de Cossi; 1623-1626.
- Procédures au Parlement de Rouen, à la requête de l'abbé Charles de Clermont,
contre Me Jacques Baudouin, curé de Giverny, pour violences et excès de langage commis
par ce dernier dans le pressoir et dans l'église de Giverny; 1614.
14H822 - Procès entre Charles de Clermont, abbé, et les religieux de Saint-Ouen, d'une part,
et Me Jacques Baudouin, curé de Giverny, d'autre part, au sujet de la portion congrue
de ce dernier; 1609-1630. 4 pièces parchemin, 65 pièces papier.

On remarquera que les banalités sont courantes dès le XIème siècle. La banalité, en droit
féodal, est le droit pour le suzerain, d'obliger le vassal à se servir exclusivement d'une
chose dont il est propriétaire: banalité du ou des moulins, de la pêche dans les marais,
peut-être des fours à pain s'il en existait à Giverny. Les dîmes perçues par le clergé ne
sont pas en reste: celle des foins, des vins, du pressurage, sans compter les dîmes ordinaires.

- Procédures au sujet de la pêche dans les marais de Giverny; 1609-1622.
au sujet de la dîme des foins, des vins et du pressurage de la prévôté de Giverny, 1532-1682.

Les redevances multiples sont supportées par les ressortissants du fief:
redevances en nature, redevances en argent.
« Le duc prélevait la muaison dans le territoire de Gani. Henri II avait abandonné
à Richard de Vernon le produit de ce droit dans la vallée de Longueville ».
L. Delisle 1850: Des Revenus Publics en Normandie au douzième siècle.

Le champart est un droit seigneurial avec prélèvement sur les récoltes. Il se payait en nature,
proportionnellement à la récolte, en particulier sur les céréales. Il se nommait aussi: terrage.
En reprenant le traité de L. Delisle, « Ce qui au moyen âge donnait une grande valeur à la propriété
des moulins appelés également usines, c'est que d'une part, la concurrence n'existait pas et qu'à
chaque moulin était attaché le droit de moudre le blé consommé dans certaines maisons, ou récolté
sur certains héritages; c'est que d'autre part, l'entretien et la réparation des moulins étaient
au moins en partie à la charge, non pas du propriétaire, mais des hommes obligés d'y venir moudre.
On exigeait des quantités différentes suivant les lieux et qui variaient de la seizième à la
dix-neuvième partie du blé qu'on faisait moudre. Le droit de moudre le blé entraînait ordinairement
celui de cuire le pain ». Les redevances en argent étaient fréquentes et suivant les lieux ou les
circonstances, s'appelaient cens, ferme, aide, assise. Les fermages constituent la
source principale des revenus de l'abbaye. Les baux enregistrés entre la communauté
religieuse et un particulier, permettent à ce dernier de jouir d'un bien pour un prix
et un temps déterminés. Ainsi les chartes les mentionnent dans un ordre chronologique.
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Extrait du traité de « la Gestion d'une Seigneurie Ecclésiastique à la lumière des registres
comptables de l'Abbaye de Saint-Ouen » par Marc Feuilloley, je propose l'image d'un bail établi en 1724.





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« Aux rentes principales qui se payaient en argent ou en nature, étaient ordinairement
jointes de menues rentes appelées: regards, respects ou droiture.
Elles consistaient en pain, oeufs, volailles ou agneaux »

On remarquera que le moulin de Giverny s'appela ''Cossé'' en 928, ''Sainte Radegonde'' en 1275,
''neuf moulin'' en 1291, et puis le nom de ''Cossi'' apparut en1348, qu'on retrouve en 1587.
Entre 1275 et 1291, le moulin Sainte-Radegonde fut-il détruit et reconstruit, ou le
neuf moulin est-il une seconde usine? A partir de quelle date fut-il nommé ''Cossy''?
A ce propos, « une permission est accordée à l'abbaye par Etienne de Merville,
chevalier, et Emmeline, sa femme, de construire des moulins et des écluses
partout où les religieux voudront, sur la rivière d'Epte....; 1214 ».
Les donations à l'abbaye étaient fréquentes. Il est vrai que les malheureux paroissiens,
brimés sur cette terre, avaient intérêt à solliciter la bienveillance de leur suzerain,
qui les épargnerait......peut-être! Je relève la donation par Simon de la Bove à l'abbaye,
d'une vigne appelée Gode à Giverny...le 2 mai 1229. Une donation à l'abbaye par Pierre Hardy,
pour participer aux prières, de plusieurs pièces de vignes sises à Gasny; 14 février 1297 n.st.
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LYNDA BIGIELMAN 02-May-2023 09:17
Bonjour
Je suis à la recherche de la présence des Juifs à Giverny. Avez-vous des informations? Et notamment sur le bain rituel_ "le puits aux moines"? Merci de prendre contact avec moi si vous avez des informations?
Lynda Bigielman - 06 03 81 85 26- jnf@kkl.fr
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