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ALBERT FERON, pépiniériste, et sa FAMILLE

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Page extraite de l'album GIVERNY AUTREFOIS
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Textes d'André Buffet et de Jean-Michel Peers
Photographie et mise en page de Jean-Michel Peers
Cartes postales de la Terra Foundation for American Art, excepté
"Environs de Vernon, vue de Giverny", coll. Claude Landais
Archives municipales
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Documents familiaux

Avec seulement trois cartes postales, nous avions peu d'éléments pour retracer l'histoire de cette
importante entreprise givernoise aujourd'hui disparue. Grâce à la gentillesse de plusieurs descendants
d'Albert Féron, fondateur des pépinières de Giverny à la fin du 19ème siècle, nous pouvons vous présenter
une page enrichie de précieux souvenirs et documents familiaux. Nous remercions chaleureusement
Mesdames Jacqueline Lamarre, Anic Radet, Murielle Laudereau et Ginette Delatouche,
respectivement fille, petite-fille, arrière-petite-fille et belle-fille de Louise Delatouche-Féron,
ainsi que Odette Croci et Christian Féron, respectivement petite-fille et arrière-petit-fils
d'Albert et Rosalie Féron, pour leur disponibilité et leur confiance.


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Albert Féron (1863-1916) est un horticulteur professionnel. Il s'installe à Giverny vers 1890.
Originaire d'Heubécourt, à 13 km de Giverny, il fut l'élève d'Alexis Lepère à Montreuil-sous-Bois.
Jusqu'à la Première Guerre Mondiale, son entreprise connaîtra un bel essor et sa résidence,
la ferme de la Dîme passera du statut de ferme à celui de confortable maison de famille.



Albert et Rosalie Féron (Ferme de la Dîme, vers 1900)


L'histoire des pépinières commence à Giverny peu avant le 20ème siècle sur un grand terrain délimité, à l'est,
par la rue des Grands Jardins, au nord, par la rue d'En Haut (rue Claude Monet), au sud par la rue
du Milieu. A l'ouest, la propriété longe la rue de la Ferme (Dîme) et comprend une belle ferme.



Sur le cadastre de 1836, on voit l'ensemble du terrain (parcelle 1217) et les rues qui le bordent.

La seule construction qui y figure à cette époque est la ferme de la Dîme, à gauche, qui deviendra
la résidence de la famille Féron jusqu'au début des années 20. A l'autre extrémité du terrain,
côté rue des "Grands Jardins" à droite, rien n'est construit, si ce n'est un groupe de bâtiments
de l'autre côté de la rue. Les Féron feront construire des serres et des bâtiments pour
l'exploitation des pépinières, ce que l'on peut voir sur cette carte postale, avec
son mur d'enceinte siglé. Au fond, on devine les collines du "Grand Val'.



Avec l'essor des pépinières, la représentation de celles-ci devient plus "publicitaire"
et montre les "Grands Jardins" comme un grand bois. Il faut dire que les plantations
avaient pris de la place et témoignaient de la réussite de l'entreprise.



Les bâtiments d'exploitation et les terrains furent vendus au milieu des années 30,
lorsque les pépinières cessèrent leur activité. C'est la famille Marinello, émigrée
d'Italie, qui racheta l'ensemble. Le chapitre suivant leur est consacré.




Sur cette carte postale des "Grands Jardins", vers 1913, on voit les pépinières depuis la rue d'En-Haut.
La belle demeure anglo-normande, voisine des pépinières, n'en fait pas partie. Elle se situe à
l'angle de la rue des Grands Jardins et de la rue du Milieu. Nous publions de nombreux
documents d'époque et d'anecdotes sur cette grande maison. Vous les trouverez ICI.
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L'ESSOR des PEPINIERES (1890-1915)

Albert Féron conçoit et entretient les jardins des propriétés de la région. Il compte, parmi ses
clients, la commune de Giverny. Contemporain de Claude Monet, il aurait pu lui fournir
des végétaux, mais nous n'en avons pas de trace. Par contre, c'est Albert Féron
qui a dessiné les terrases de la roseraie de l'Hôtel Baudy.(Cl.J.)



Albert Féron est un pépiniériste qui livre à domicile, jusque dans la région parisienne.
Il a des clients prestigieux, comme le Château de Chambray avec ses 70 hectares de parcs et jardins.
Pour se rendre plus compétitif, il utilise un moyen de communication facile. Le téléphone n'est pas
encore d'un usage courant. Pour un artisan, un fournisseur, la carte postale est un excellent
moyen de joindre ses clients. Il lui suffit d'indiquer le jour de sa livraison.
Pas de perte de temps en parcours inutiles. Le principe est économique.
Peut-être n'est-il pas très rapide!




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UN NOUVEAU PAYSAGE




Avant 1900 (cette carte est datée de 1903), le terrain des pépinières n'est pas encore planté
dans sa totalité. Les végétaux, encores jeunes, se situent près de la ferme de la Dîme,
(l'ensemble de batiments sur la gauche de la carte) donnant sur la rue de la ferme.




En 20 ans, les plantations se sont développées et vont jusqu'à la rue des Grands Jardins (derrière le photographe).
Des serres, des arrivées d'eau et des réservoirs en ciment sont disséminés sur l'exploitation. On trouve
encore quelques bacs à eau en ciment et quelques robinets de nos jours.



Au fond, la ferme de la Dîme et, peut-être, Albert Féron au milieu des installations.
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LA FIN DE LA PROSPERITE.

En 1914, les deux fils d'Albert Féron sont mobilisés et reviennent blessés du front.
Un an avant sa mort à la fleur de l'âge en 1916, Albert Féron écrivait à sa belle-fille ...



La disparition, à 53 ans, du fondateur des pépinières de Giverny marquera la fin de 30 années de
prospérité et le commencement du déclin de ce qui fut la plus importante entreprise givernoise.
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LES ENFANTS D'ALBERT FERON

Albert et Rosalie Féron eurent trois enfants: Lucien, Maurice et Albertine Louise (1899-1986).
Au décès de leur père, les deux garçons reçurent les pépinières, tandis que Louise hérita
d'une peupleraie, d'un terrain jouxtant le cimetière et de la ferme de la Dîme,
avec une petite dépendance sur la rue du Milieu.



Lucien et Maurice (en uniforme) en 1919 au mariage de leur soeur Louise avec Gilbert Delatouche.







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LOUISE

Albertine Louise, habituellement nommée Louise, fréquenta l'école de Giverny
du temps d'Achille Delaplace. On aperçoit Louise sur quelques
photos de classe, dont celle-ci, datant de 1906.



Louise avait 7 ans.





Louise avait une amie d'enfance, Alphonsine Tersinet, dite Sisine, qui fréquentait aussi l'école.
On la voit tout à gauche de la photo. Sisine était née, comme Louise, en 1899. Ses parents
habitaient "Le Hameau", propriété voisine de celle de Claude Monet. Alphonsine et Louise
entretiendront des liens d'amitié jusqu'à la mort d'Alphonsine au milieu des années 80.
Photographiée une vingtaine d'années plus tard par un photographe professionnel,
on voit Louise avec Alphonsine et sa soeur Marcelle sur la page "Le Hameau".

En 1917, Louise commença à poser pour le peintre américain Frederick Carl Frieseke.
Elle avait 18 ans.
Dans une palette de bleus impressionnants de lumière, la jeune
demoiselle rayonne de douceur et de délicatesse dans...

..."FILLE AUX BOUCLES D'OREILLES"...





... "THE GOLD LOCKET" ...





... "PEACE" ...



Cette toile, intitulée "Paix", par Frederick C. Frieseke, est un des évènements
de l'exposition actuelle de la New Society of Artists - extrait de l'article qui
présentait l'oeuvre, prêtée par la Galerie Gimpel et Wildenstein.






Elle est représentée également avec un talent sans mesure dans

...THE OLD FASHIONED GOWN...




... et bien d'autres oeuvres, comme celle-ci, bien représentative du travail ...



...de ce grand peintre qui arriva à Giverny au tout début du siècle, y eut sa résidence d'été avec
sa femme pendant 14 ans dès 1906, et qui s'éteignit dans sa ferme normande de Mesnil-sur-Blangy
(Calvados) en 1939. A voir, une intéressante biographie ICI (Hollis Taggart Galleries)


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A 20 ans, le 28 mai 1919, Louise épousa Gilbert Delatouche. Cet agrandissement est extrait
de la photo de la noce à la Ferme de la Dîme, reproduite en entier dans l'Album des Familles Givernoises
avec les noms des proches des mariés qui y figurent.





Gilbert et Louise eurent 3 enfants, Edith, en 1921, Jacqueline, en 1926, et Jack, en 1933.
Au début des années 20, Louise vendit la Ferme de La Dîme et loua une maison à Vernon,
rue Carnot. Le couple conserva cependant la petite dépendance sur la rue du Milieu
dont le long terrain agrémenté d'un verger donnait accès à la rue d'En-Haut, en face
du café-tabac-épicerie. Les parcelles 1162 et 1154 figurent sur le cadastre de 1935.




Durant les vacances scolaires Jacqueline y fit de longs séjours, et assistait le 14 juillet
à la distribution des prix présidée par Lucien Duboc (maire de 1929 à 1941), qui avait épousé la
soeur de son père. En compagnie de son oncle Maurice, Jacqueline se rendait souvent
au Moutier, et avait ainsi la possibilité de pénétrer dans la superbe demeure.

La maison de Vernon fut incendiée au début de la guerre, hélas avec de nombreux souvenirs,
dont un tableau que l'artiste avait offert à son modèle. Louise possédait encore un beau terrain
au-dessus du cimetière. Il fut vendu à Beppino Marinello en 1948, à l'exception d'une parcelle de
343 m² qu'elle vendit à la commune pour l'agrandissement du cimetière. A l'occasion de cette
vente, on lui accorda une concession dans la nouvelle partie du cimetière, mais elle ne
l'utilisa pas, puisqu'elle repose près de son mari, Gilbert Delatouche, à Vernonnet.

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DE NOMBREUSES ANNEES PLUS TARD...

Ci-dessous, Madame Frances Frieseke Kilmer, fille du peintre, avec son mari,
devant un de leurs tableaux sur lequel figure Louise.



Frances et Louise s'étaient lées d'amitié, correspondaient, et se voyaient lorsque Frances venait
à Mesnil-sur-Blangy, petite commune du Calvados où le peintre s'était installé et avait choisi de
finir sa vie. Frances avait sans doute fait sa scolarité en France, car elle écrivait parfaitement le français.



A l'occasion d'une visite à Louise, qui habitait à Vernon, rue Carnot.



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TROIS GENERATIONS depuis LOUISE

2011

Une version imprimée de cette page a été présentée en 2011 lors d'un exposé que le jeune Thomas Radet (10 ans à l'époque),
arrière-arrière-petit-fils de Louise a fait pour sa classe. On imagine qu'il devait être impressionné et fier de raconter que sa jeune
arrière-arrière-grand-mère figurait sur des toiles d'un peintre impressionniste américain dont les tableaux sont exposés
dans plusieurs musées des Etats-Unis - dont le Metropolitan de New-York - ainsi qu'à Londres et à Madrid.
Un bel hommage!

22 septembre 2016

130 ans après l'arrivée d'Albert Féron à la Dîme, Françoise, petite-fille de Louise, a choisi ce lieu symbolique pour fêter
sa maman Jacqueline, et ses 90 printemps. Autour de la table, au milieu de membres de la famille représentant
les 1ère, 2ème,et 3ème générations depuis Louise, Jacqueline était radieuse.









De gauche à droite, Catherine, Françoise et Jacqueline, respectivement
arrière-petite-fille, petite-fille et fille de Louise Féron.


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MAURICE et LUCIEN

De retour du front, les deux fils d'Albert Féron reprirent l'exploitation des pépinières.
Maurice assurait aussi la surveillance de la propriété du Moutier en l'absence des Mac Monnies.




En tant que blessés de guerre, tous deux figurent dans le "Livre d'Or" des givernois blessés à la
Grande Guerre, calligraphié par Achille Delaplace. (voir fac-simile page "La Grande Guerre")
Maurice garda des séquelles d'un éclat d'obus au pied gauche. Lucien, plusieurs fois
blessé, fut cité à l'ordre du Génie et décoré de la Croix de Guerre.

Lorsque Louise vendit la ferme de la Dîme, les deux frères s'établirent dans les bâtiments rustiques
des pépinières situés côté de la rue des "Grands Jardins", On peut imaginer qu'ayant connu
la période faste des pépinières pendant leur enfance, ce changement leur fut difficile.
Seules des copies de bons de commandes et de factures postérieures à 1918 pourraient
nous donner une idée de l'activité de l'entreprise. On peut penser que l'établissement
d'Albert Féron eut à faire face à la concurrence de pépiniéristes livrant de plus
loin, par chemin de fer, des végétaux issus de régions au meilleur climat.
Il manquait sans doute aussi la créativité et l'impulsion de son fondateur.
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Maurice continua à habiter Giverny, au moins jusqu'en 1933. En effet, son fils Georges
fréquenta l'école de Giverny et eut Charles Bouquet comme instituteur. On le retrouve
sur la photo de classe 1932-1933 qui figure sur la page "La Maison Commune et l'Ecole"


Lucien s'était installé comme pépiniériste à Gisors. Les factures de son entreprise indiquaient
"Toutes les marchandises vendues sortent des pépinières A.Féron, de Giverny"





La réputation des pépinières de Giverny et la personnalité d'Albert Féron dans la région devait
être telle que la provenance des végétaux était sûrement une référence pour l'entreprise
de Lucien. Mais le capital en végétaux, ainsi vendu, était-il entretenu par de nouvelles
plantations? La crise de 1929 acheva de mettre les pépinières en difficulté, car les
riches "parisiens" en résidence secondaire réduisaient leur train de vie.
Les pépinières de Giverny fermèrent au milieu des années 30.

Les terrains de le famille Féron furent ensuite transformés pour le maraîchage par
la famille Marinello, avec comme point de départ la maison de Maurice, rue des
Grands Jardins, rachetée par Orazio Zivacco. Mais ceci est une autre histoire de
famille ... "La famille Marinello"

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