Page extraite de l'album GIVERNY AUTREFOIS _______________________________________
Texte d'André Buffet Photographie, textes additionnels et mise en page de Jean-Michel Peers.
La plupart des cartes postales et ont été publiées dans l'ouvrage "VERNON et sa REGION",
de Jocelyne et Serge Legendre et Lucien Le Moal. Merci à Jocelyne Legendre qui nous
a autorisé à les reproduire, avec d'autres documents figurant ailleurs dans l'album.
Cartes postales (3 & 9) de la collection de Roland Sorin à Giverny.
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Les inondations de 1910 qui affectent le Bassin Parisien ont pour cause les pluies diluviennes
tombées à la fin de l'année précédente, suivies dès janvier de tempêtes de neige.
L'eau de la Seine, mêlée à celle de ses afflents: l'Yonne, la Marne, le Loing, etc,
ne pouvant s'écouler librement, envahit les fonds de vallées.
A Paris, c'est déjà le désastre, l'eau envahit les caves, les rez-de-chaussée, comme ici,
rue de Bellechasse, à une centaine de mètres des quais de la rive gauche de la Seine.
GIVERNY, dont la plaine entre la Seine et village est parcourue par l'Epte,
subit le contrecoup, car l'Epte voit ses eaux bloquées par la crue de
la Seine qui remonte le lit de la petite rivière à contre-courant.
UN SUJET NOUVEAU POUR LES PHOTOGRAPHES...
... qui ont couvert l'actualité parfois en bottes ou en barque.
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DE VERNONNET à GIVERNY
La route Vernon-Giverny n'est praticable qu'en barque à partir de Vernonnet
Les lavoirs sont sous eau, obligeant les lavandières à laver le linge sur la route, entre eau et neige.
Les bourgeois vernonnais endimanchés en ont fait un but de promenade où on discute...
bien sûr, de la pluie et du beau temps.
Le vent glacé forme des vaguelettes qui rendent le spectacle encore plus hostile .
En bord de route, ce n'est pas mieux, avec de belles habitations les pieds dans l'eau et des caves inondées.
Continuons à ramer vers Giverny. Avant d'arriver à Manitaux, le berger a une vue
inhabituelle sur les pâturages inondés. Au loin, sur la gauche, on devine la collégiale de Vernon.
Depuis les hauteurs de la rive gauche, de la sortie de Vernon jusqu'au Petit Val,
on peut se rendre compte de l'étendue des dégâts. La Seine est hors
de son lit sur une largeur de plusieurs centaines de mètres.
Légèrement surélevée, la ferme de la Grande Ile a tout de même les pieds dans l'eau et
on y accède en barque. On peut imaginer que le courant doit être fort entre les rives.
Au fond, le hameau dit Le Bout de Giverny (à gauche, la maison d'Edmond Picard, le laitier)
Du même point de vue, un peu plus à droite, l'image embrasse tout le village en son centre.
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Revenons sur la rive droite. A Manitaux, le pont qui mène à la Grande Ile semble flotter sur un lac...
Le même pont, dans un paysage très hivernal.
Une voiture se risque même dans les Ajoux, sur la Grande Ile, où la ferme a
les pieds dans l'eau. Le bétail a évidemment été évacué.
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ENTRÉE de GIVERNY
La photo ci-dessous montre le chemin du Roy à hauteur du Bout de Giverny.
Le photographe est placé au sec sur le talus du chemin de fer, à gauche,
En fait de passage à niveau, on ne fait que le deviner. Il est en face de la petite
maison blanche du garde barrière, au fond, à gauche du talus. On aperçoit aussi la
montée de la rue des chandeliers (le seuil est hors d'eau). La maison d'Edmond
Picard (le laitier) est au loin dans l'alignement d'un grand poteau électrique.
Ci-dessous, une vue plus évidente que la précédente, où on voit bien la maison du garde barrière
et la maison du laitier. Par contre, la légende est plutôt fantaisiste. Il est vrai que le chemin
du Roy était invisible, mais, de là à en faire une prairie... quelle imagination !
Pour se faire une idée de la hauteur de l'eau sur le chemin du Roy, il suffit de regarder
la fenêtre de la maison de droite en 1910 et comparer à la même maison de nos jours.
CENTRE du VILLAGE
A hauteur de l'église, le chemin du Roy est toujours sous eau, comme le bas des
Grands Jardins, avec une partie des pépinières Féron. Au loin, à gauche,
la haute grange de la Ferme de la Dîme et, surplombant le paysage, l'église Sainte Radegonde
L'eau arrive à quelque dizaines de mètres de la rue du milieu et de la ferme des Ajoux ,
qui reste encore accessible. En quelques pas, les deux vaches ont à manger ET à boire à portée.
Ci-dessous, le niveau de la crue à hauteur de la rue d'en haut sur le chemin du Roy.
SORTIE du VILLAGE
A la sortie du village, le "Marais", plus bas que la Route de Limetz, est envahi
par les eaux, qui dans leur débordement atteignent la "Prairie".
Le promeneur et son chien arrivent de Limetz.
Même photographe, placé côté Limetz, et même promeneur, avec les coteaux de Giverny au fond.
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Les inondations de 1910, qualifiées d'inondations centenniales avaient envahi les terres entre Giverny et Limetz.
La route, cependant, légèrement surélevée, permettait tout de même de passer en charrette. Bien que les
aménagements destinés à éviter les crues de la Seine aient réduit les risques de nos jours,
des inondations sont toujours possibles. Par exemple, le parc de stationnement
de la "Prairie" fut inondé quelques jours en 2016 mais se retrouva sous eau
pendant trois semaines au début de la saison touristique 2001.
Le panneau ci-dessous, installé au début de la route
de Limetz prévient d'un risque toujours présent.
Ci-dessous, par saison sèche, la promenade pour
se rendre à Limetz est beaucoup plus agréable !
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Le jardin de Claude Monet n'échappe pas au désastre.
Les bulbes plantés à l'automne baignent dans la vase, les racines
des délicats nénuphars sont arrachées par le flux du ru débordant.
Les pertes sont dramatiques pour la saison suivante. Tout est à refaire.
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ET DEPUIS.....
Malgré l'aménagement de bassins de rétention en amont pour absorber les crues de la Seine au 20ème siècle,
l'urbanisation de la région parisienne n'a pas amélioré les choses. Giverny - où l'Epte se jette dans la Seine -
est toujours cerné par le conflit entre ces deux cours d'eau. Janvier et février 2018, sans atteindre,
et de loin, les niveaux de 1910, fut cependant une année spectaculaire.
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