Page extraite de l'album GIVERNY AUTREFOIS _______________________________________
Textes d'André Buffet et de Jean-Michel Peers
Photographie et mise en page de Jean-Michel Peers
Cartes postales de la Terra Foundation for American Art
Papier d'emballage Legrand (coll. Roland Sorin)
Photo de famille de Guy Colombel
L'"Arche de Noé" (coll. Claude Landais)
le Café Guay (coll. Jocelyne Legendre)
Archives municipales
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Il n'y avait pas moins de 8 cafés-tabac et épiceries à Giverny. Commençons par l'ouest du village.
1 - Le café LEGRAND, vendu à JARDIN, puis à MAZE,
puis à LAINE et devenant, enfin l'ARCHE de NOE
En descendant la rue d'En-Haut, depuis l'église, on trouve un premier estaminet à hauteur du
65, rue Claude Monet. Il fut tenu par plusieurs propriétaires successifs. A chaque époque
correspondent des cartes postales sur lesquelles figurent des clients ou les tenanciers,
posant devant la façade. Suivant l'époque, ou peut-être la fantaisie du photographe,
la "Rue d'En-Haut", appelée ainsi suivant le nom "rue de Haut" donné par le plan
cadastral de 1838, évolue en "Route de Vernon", "Rue de l'eglise", "Grande-rue".
Evidemment, depuis Claude Monet, la rue ne risque plus d'être rebaptisée!
LEGRAND (1908)
La vue ci-dessus est intéressante, car elle montre bien le quartier des "Grands Jardins"
avant 1900, à droite, Ce n'était alors qu'un vaste pré. Au debut du siècle, ce devint
l'emplacement des pépinières de Giverny, puis, au milieu des années 30,
un terrain de maraîchage cultivé par la famille Marinello, venue d'Italie.
Papier d'emballage de l'établissement
Les « cafés-tabac et les épiceries » régulent la vie du village.
Les petits commerces « de bouche » cristallisent la société; ils sont incontournables,
car les habitants n'ont guère de possibilités de ravitaillement hors du village,
par le manque de fréquence et de choix des moyens de déplacement.
L'automobile est inabordable pour la majorité des givernois.
Les cafés, lieux de convivialité, permettent aux hommes, le travail journalier terminé,
d'échanger les idées, de parler souvent ''politique'', de s'échapper du milieu familial
parfois, enfin de se retrouver entre hommes, et de « touiller le domino »
autour d'un verre de « cailloutin » fortement roboratif.
Les débits de tabac ! Bah! À cette époque le tabac n'a pas encore mauvaise réputation.
On fume la pipe, plus tard on roule ses cigarettes: c'est du gros gris.
On prise beaucoup. Le tabac inhalé protège des migraines! Il s'en est
vendu de la chique! Et même on prête volontiers des vertus à cette
boulette de tabac qu'on mâche. Et puis les hommes ont toujours chiqué.
Les épiceries sont souvent doublées de merceries; les dames aussi ont besoin de causer,
d'échanger, de critiquer parfois. Elles parlent chiffon, colportent les nouvelles,
s'interrogent sur la santé de leurs enfants, se confient leurs projets, bref,
tout ce qu'elles ne peuvent pas dire à leurs maris qui rentrent tard à la
maison. La nécessité de se nourrir est parfois bien arrangeante quand
ce besoin permet de sortir en échappant, ne fût-ce qu'un instant,
aux contraintes ménagères. Les distractions sont limitées.
E.JARDIN (carte de 1916)
Le même, quelques années plus tard,
L.MAZE
LAINÉ
Sur le volet, la réclame, comme on disait, pour le chocolat Ménier est remplacée par
une plaque indiquant que le bistrot était également l'arrêt du bus. Un panneau
orne aussi la façade. La carotte du débit de tabac est toujours là.
A toutes les époques et avec tous les propriétaires, ces cafés-épiceries étaient des lieux
qui rassemblaient les givernois, et qui attiraient les photographes professionnels du coin.
Monsieur Jardin n'était-il pas photographe, éditeur de cartes postales... et cafetier.
Les amateurs aussi photographient les lieux où l'on se rencontre, semble-t'il.
Dans les années 30, René Lecreux (oncle de Guy Colombel) et sa femme
Louise, fille de Madame Chevillot (à droite).
Dans les années 50, un nouveau propriétaire rebaptisa le café-épicerie en
"Auberge de l'Arche de Noé".
C'était un hôtel-restaurant qui annonçait sur sa publicité "cuisine bourgeoise et
cadre rustique". Il tenait aussi un commerce d'alimentation générale et un tabac.
L'emplacement, non loin de l'église, devait être bon, car il se
trouva d'autres tenanciers pour prendre la suite plus tard.
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2 - LA MAISON BAUDY
En continuant à descendre la rue d'En-Haut, le café-épicerie le plus proche du précédent
se situe du même côté. C'est chez Baudy, à qui nous consacrons une page détaillée ICI _____________________
3- AU BON MARECHAL
A deux pas, au carrefour de la rue des Corbichons (l'actuelle rue du Colombier),
on trouve l'estaminet "Au bon Maréchal" de Guillaume Jégou et de sa femme dès 1918. Ils firent aussi
pension de famille et hôtel-restaurant jusqu'en 1940. Plus de détails sur "La Maison du Maréchal-Ferrant" _____________________
4 - Un peu plus loin, au carrefour de la rue Claude Monet et de la rue Blanche Hoschedé, une aile
de la maison d'Angelina Baudy fut louée à la famille Fouquet, puis à Marguerite Steurebaut.
On y tenait un commerce d'épicerie dont se souviennent bien les anciens du village qui,
à la sortie de l'école, y achetaient leurs carambars et y trouvaient des pétards.
On ne manquait certes pas de lieux de convivialité à cette époque à Giverny!
5 - En poursuivant la rue, à hauteur de la rue du Pressoir, une autre épicerie qui faisait
aussi buvette. Le peintre Claude Cambour en fit sa résidence et son atelier.
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6 - CAFE DU MOULIN
Fin du XIXème siècle, le Café du Moulin, petit estaminet de village, reçoit
les ouvriers agricoles, les voyageurs; tenu par madame et monsieur Revert,
il fait face au pont; on l'appelle aussi La Grenouillère ou La Grenouille.
Durant la Première Guerre Mondiale, La Grenouille est détruite. On construit
à sa place un nouveau Café du Moulin dont le propriétaire est toujours monsieur Revert.
Peu de temps après le docteur Johnston y habite, ainsi que dans
la belle demeure de style « cottage anglais » à sa droite.
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7 - AU LIEVRE SAVANT
Après 1920 les Renault accueillent leur clientèle au Café de la Gare,
un petit débit de boisson au 39 Rue de Falaise.
Il est aussi appelé « Au Lièvre Savant »; l'attraction est de voir un lièvre
déguster le lait à la bouteille. Monsieur Bellème, leur ami, les assiste
durant l'exhibition. Il est aussi peintre à ses heures ...
... et immortalise sur le linteau d'une porte le fameux quadrupède apprivoisé.
Les propriétaires choisissent le slogan: « Le lièvre Toto boit l'apéro. »
Signé André Bellème, 1930. Sur la bouteille, on lit "Pernod".
Une salle de bal est aménagée derrière le café; le cadre n'est pas des meilleurs,
au contraire; mais l'ambiance y est garantie. C'est le pôle d'attraction des
jeunes gens le samedi soir. Des banquets y sont organisés.
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8 - LE VIEUX MOULIN
Dans les années 30, les Renault font construire le café-restaurant du « Vieux Moulin »,
magnifique maison faisant face au moulin de Cossy.
Le café-restaurant est construit à la place d'un vaste hangar à grains,
appartenant à monsieur Gens, meunier à Cossy.
Cet établissement recoit beaucoup les fins de semaine. Le cadre s'y prête
à merveille: ombrage et rivière.
Les cartes postales éditées par l'aubergiste lui servent de bloc-notes;
il utilise la partie correspondance pour y noter les dépenses de ses clients.
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Les SERVICES des CAFES-TABAC et EPICERIES
Afin de faciliter la vie des givernois, certains cafés ajoutent à leur
enseigne le service de La Poste ou le transport par cars vers la Porte Maillot.
Une pancarte émaillée d'arrêt de cars, fixée au mur du café-épicerie, avertit le voyageur des
possibilités de gagner Paris par la route. Après 1945, les services de cars ont remplacé les
transports ferroviaires sur la rive droite de la Seine. Les cars Citroën beige et marron se
rendent en deux heures à La Porte Maillot. La ligne 51 est reprise par la S.T.A.O.
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Pour être complets sur les lieux de convivialité du village de la première moitié du 20ème siècle,
citons deux hôtels-restaurants recevant la clientèle en villégiature ou venant passer les fins de
semaine à Giverny. Il s'agit de du "Gardenia" et de "La Maison Rose". La maison de repos
"La Musardière", créée après 1945, ne devint hôtel-restaurant que bien plus tard.
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SANTE PUBLIQUE
Bien qu'utiles au maintien de liens conviviaux dans les villages, la prolifération des débits de boissons
soulevait aussi un problème de santé publique. Chaque village avait au minimum un estaminet.
Se retrouver au bistrot pour boire un verre était, pour certains, un rite. Les habitudes avaient
la peau dure. Boire était même un sujet de plaisanterie, comme chez Guay à Bois-Jérôme,
village voisin de Giverny. La mare en face, c'est pour les chevaux !
A la fin du 19è siècle, plusieures lois furent promulguées pour combattre l'alcoolisme.
L'une d'elles, du 17 juillet 1880 visait à réglementer la création de débits de boissons.
Albert Collignon, maire de Giverny, estimant que les dispositions de cette loi n'étaient
pas trop sévères, en fit voter l'application par le Conseil Municipal en 1907.
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