Page extraite de l'album GIVERNY AUTREFOIS _______________________________________
Texte d'André Buffet Photographie et mise en page de Jean-Michel Peers
Cartes postales de la Terra Foundation for American Art,
excepté "l'Epte à Giverny", collection Guy Colombel.
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Durant la séance du conseil municipal de Giverny le 19 décembre 1841, le maire évoque le voeu de
madame veuve Foubert, à savoir: « obtenir l'autorisation d'appuyer sur une prairie communale de
Giverny, un pont qu'elle se propose de construire sur la rivière d'Epte, pour son usage personnel (elle habite Limetz).
Le projet est accordé, à condition que le pont soit construit « au Cul du Noc » ou à l'entrée du
marais qui est commun avec la commune de Sainte-Geneviève- les-Gasny, et assorti des conditions suivantes:
La commune de Giverny se réserve le droit de passage, pour tout habitant, tant que pour chevaux et voitures.
Charge à madame veuve Foubert d'être assujettie tous les ans à la
prestation en nature pour la réparation des chemins vicinaux. »
Deux ans plus tard le 5 mai 1843, une délibération venant de la commune de Limetz, tend à obtenir
une indemnité et le droit d'établir un pont entre les deux communes.
On voit que les intérêts de madame veuve Foubert s'éclipsent devant l'intérêt général,
ou bien que le souhait de madame veuve Foubert est un prétexte pour contraindre Giverny.
A ce point que Limetz récidive et confirme sa délibération du 5 mai 43, le 20 novembre 1846.
L'impatience gagne Limetz qui, le 14 décembre 1846 demande à monsieur Noël représentant
de madame veuve Foubert, de « s'obliger à donner à la commune de Giverny une somme
de 100 francs par are pour indemnité de terrain abandonné, plus 50 francs
pour la construction d'une route sur le fossé d'égoût du marais. »
Giverny se fait tirer l'oreille; tellement que son conseil déclare le 17 février 1878
que « le pont est inutile à Giverny et même à charge. »
Les interêts de Giverny et de Limetz sont opposés, et Giverny trouve d'excellentes
raisons pour ne pas favoriser les liaisons entre les deux communes.
Par exemple:
« Limetz et Bennecourt qui sont vignobles doivent tenir à la reconstruction
du pont pour le commerce de leurs vins, mais ces vins ne sont pas tirés par
Giverny qui lui-même en fournit au-delà de sa consommation. »
Ou encore:
« Du reste pour prouver l'utilité de ce pont aux communes de Limetz et de Bennecourt,
il suffit de dire que sur 90 voitures et 206 personnes qui y sont passées le 16 février
courant, 88 voitures et 203 personnes appartiennent aux communes situées au-delà
de la rivière d'Epte, tandis que 2 voitures et 3 personnes seulement appartiennent
à la rive droite. » Convaincant non?
Et d'ajouter :
« D'où la détérioration plus intense des voies communales......... »
« Du reste le conseil de Limetz a pris seul l'initiative de cette reconstruction,
en faisant faire le dossier par des employés de son département, sans même en donner
avis au conseil de Giverny, qui n'en a eu connaissance qu'à l'arrivée du-dit dossier. »
« Pour ce qui est de l'usine (*) de Limetz pour laquelle le pont avait été fait primitivement,
- elle est très peu fréquentée par Giverny qui lui-même en possède trois -,
a un grand intérêt soit, pour l'accès à la halle de Vernon, soit pour livrer ses produits. »
Les arguments énoncés ont évidemment du poids.
Après la Seconde Guerre Mondiale, le pont de Limetz a été élargi,
le déplaçant de 2 ou 3 mètres vers l'aval. (cf G.C.)
(*) On appelle « usine » le moulin à grains.
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