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JMO

Le magnifique motif central de Sesto. Sesto officielle. Visiteurs

Dimanche 9 Avril 1961 – Collective à Sesto.
Equipes : Hervé, François, Marcel Besson, Jean et Robert et Fayet.
Véhicules : vélos (Hervé, Marcel et Jean), vélomoteur (François),
voiture 2CV (Fayet et Robert). Depuis Pau.

Papa a convaincu Fayet de venir avec sa caméra. Bien motorisés (2 CV !)
ils sont arrivés avant nous, les traitres. Ils ont commencé à prendre
une vue d’ensemble du mamelon en face du Rocher [Le Turon d’Anglas].
Quand nous arrivons sur ce mamelon nous les apercevons sur la Pointe
Centrale, juste en face de nous. Photos. Pourvu qu’elles soient bonnes.
Je monte ensuite au bivouac de Sesto avec Hervé et Marcel et nous
retrouvons les photographes et Fougère. Casse-dalle.
Fayet souhaite faire un bout d’essai filmé d’une séquence d’escalade.
Nous allons donc, Hervé et moi faire une démonstration. J’attaque en
tête le dièdre du Bloc Coincé, un peu ému, et fais relais sur le
Bloc, sur le piton que l’on sait à toute épreuve ! [Voir plus haut].
Puis nous continuons par la Vire. J’hésite un peu à la sortie de la
Vire. Hervé part en tête ensuite et revient sur la gauche pour rentrer
dans le champ des photographes, puis monte sur l’Aiguillette par
son versant Est. Nous sortons rapidement par la voie habituelle
de la Cheminée Carrée.
Pendant ce temps Papa, Fayet et Marcel montent par la voie en Z
classique pour débutants. De notre côté nous amenons Fougère au
Spigolo Sud, tenter la voie Sud. Il s’y défend assez bien, mieux
que Marcel, mais cafouille vers le haut au niveau de la traversée
sur les doigts. Je prends la suite et refait la voie. L’ayant déjà
travaillée, je passe facilement. En haut les cinéastes nous mitraillent,
sur une belle dalle blanche [eux ou nous ? pas clair].
Il fait une chaleur épouvantable, semblable à celle d’avril 1960.
Papa et Fayet doivent rentrer. Le reste de la troupe va se restaurer au bivouac.
Puis nous décidons d’aller voir un certain rocher, au Sud, que
je convoitais depuis un certain temps. Malheureusement la zone
est assez broussailleuse, aussi pas de problème, Fou-Fou sort
un briquet et en avant. En peu de temps ça crame allègrement.
Les broussailles du bas en se consumant finissent par mettre le
feu à celles qui encombrent les parois. Jaillissent alors une gerbe
de flammes rouges et des torrents de fumée noire dans un ronflement
d’enfer. Les flammes font bien 20 mètres. La chaleur dégagée est
intense, Fou-Fou recule, épouvanté. Tout le monde recule à cause
des pierres détachées par le feu.
Nous recommençons l’opération un peu plus loin, et bientôt la falaise
n’est plus qu’un immense incendie, un brasier étincelant crachant
vers le ciel des cataractes de fumées noires. Ça doit se voir de loin !
Mais bientôt, faute de combustibles adéquat le feu s’éteint et seuls
quelques foyers émettent de la fumée. Un feu de paille en quelque
sorte. Au pied de la paroi un énorme tas de braises rougeoyant irradie
une chaleur terrible. Pas question d’escalader cette falaise pour
le moment. Nous allons plutôt explorer l’arête qui la domine et
l’abordons par le côté Nord, à l’abri du feu. Elle n’a pas l’air
très difficile à grimper aussi nous ne nous encordons pas. La difficulté
n’excède pas le III et nous grimpons allègrement, regrettant simplement
qu’il y ait autant de buis et de mousse. Elle n’en finit pas cette arête :
ressauts, petites dalles, passages aériens. Nous expédions force tonnes
de cailloux vers le bas. Il en est un particulièrement gros, branlant,
posé au sommet de l’arête. François et moi entreprenons de l’expédier
par le bas, non sans mal car il est lourd (nous l’estimons à 3 ou 400 kg).
Une fois parti il heurte l’arête en contrebas et descelle une grande
dalle (3mx2mx1m, autour de 12 tonnes) que nous venions de gravir avec
délectation ! Le tout bascule et va s’écraser dans le pierrier dans
un bruit de tonnerre. Nous sommes un instant inquiet sur le sort de
Marcel, qui, malade, est retourné au bivouac. Mais sa voix nous rassure.
Le bloc ne s’est pas arrêté au pied des parois mais a continué à glisser
dans le pierrier, creusant une tranchée parmi la forêt d’arbres et de buis.
Il a rejoint ses congénères dans la grande caillasse. Terrible !!
Cette agréable escalade terminée nous rejoignons Marcel au bivouac. Il
est malade comme un chien. Sur le retour nous nous apercevons, à notre
immense surprise, que la grande dalle que nous avions faite basculer se
retrouve intacte et nous barre le passage. Il faut maintenant escalader
cet obstacle inattendu. On distingue les prises dont nous avions enlevé la mousse…
Au sortir du défilé, dans la prairie, Marcel vomit tripes et boyaux, ce qui
le soulage un peu. Il peut reprendre son vélo. Et de loin en loin, au bord
de la route nous le retrouvons plié en deux ou couché sue le dos les bras
en croix. Il est tout jaune et au bord de la syncope. C’est peu de dire qu’il
n ‘a vraiment pas l’air bien. Il a pu rentrer chez lui.
Rendus à la maison familiale d’Hervé nous apprenons que Vincent est au bord
de la mort avec 40° de fièvre. Tant pis pour lui. [Pourquoi ai-je écrit cela ?].
Quant à nous après avoir dégusté deux excellents pamplemousse et bu de l’eau
glacée nous sommes allés faire de la photo [à El Patio peut-être, dans mon
labo où j’ai appris les rudiments du développement et du tirage à Hervé].
Excellente journée !

Page 97 du carnet

Dimanche 16 Avril 1961–Escalade à Sesto, Journée des grimpeurs-visiteurs.

Arudy I (dont Sesto) est redevenu un filon depuis le défrichage du second
panneau (qui deviendra le groupe du Refuge).
Ce devait être aujourd’hui LA journée d’Arudy. Devaient venir un Anglais,
lecteur au lycée Louis Barthou de la classe de Pedro, un grand blond de
type allemand, Leire, entrevu au CAF de Pau, qui était déjà venu samedi
avec un camarade, Foufou et un camarade, Hervé et son ami le coiffeur,
André Demiguel, très sympa et réservé en l’occurrence, avec l’intérêt
capital de posséder une 4CV capable de prendre 3 personnes.
Malgré cette promesse d’affluence seuls restent en lice, pour des raisons
diverses, Hervé, le coiffeur et moi-même. Foufou nous rejoindra vers 17
h après quelques péripéties. Nous avions attendu en vain l’English au pont
sur le gave que l’on emprunte en venant de Pau, le temps d’apprendre
qu’un pêcheur venait de se noyer dans le gave.
Nous nous rapprochons de la falaise défrichée par le feu dimanche dernier
et choisissons un itinéraire à ouvrir. L’attaque est très poussiéreuse
et quelque peu croulante. Relais sur une petite plate-forme déclive que
je dois quitter pour laisser la place au troisième et m’installer plus
haut après avoir franchi un surplomb style IV. Je suis entouré de
surplombs sauf sur la gauche. André commence à s’inquiéter dans le
surplomb pour me rejoindre ; Le côté gauche du surplomb-cheminée est
curieusement surmonté d’un bloc coincé pointu. Ce bloc est instable et
je le fais sauter. Hervé veut grimper le dièdre [lequel ?] et n’y parvient
pas. Je tente et passe. Quelle difficulté ? En s’y prenant bien ce n’est
pas excessivement dur. Mais j’étais assuré du haut. V+ sans doute.
La voie se termine dans la broussaille. Pour l’éviter j’effectue une élégante
traversée à droite, aidé de trois pitons. C’est assez délicat et André y
sue sang et eau. Cette escalade se termine par une dalle et un petit
surplomb ; je passe le tout assuré par deux pitons, mes souliers dérapant
sur un rocher glissant. Difficulté de l’ordre du IV+. André en bave une
fois de plus pour franchir l’obstacle.
Tout cela mérite un bon repas. Pour la suite nous choisissons de grimper
la Verte, qu’Hervé doit faire en tête pour la première fois, et pour
initier André aux joies de la plus belle voie du groupe. Tout se passe
très bien, du moins pour Hervé et moi, car André en bave plus que jamais
et atteint là les limites de ses possibilités en escalade. Après ça il
en a marre et ne veut plus rien faire d’autre.
Hervé et moi avons envie de faire une visite à la grande Dalle de la
Pointe Centrale. Un rappel nous mène à sa base. Et là nous nous dégonf
lons pour la grimper, c’est très aérien et compact. Non vraiment, ce
n’est pas le jour. Nous rejoignons la base en rappel.
Je me promets d’y revenir pour couper les buis qui l’encombrent et trouver
quelques cadors pour en tenter l’escalade.
Fou-fou qui vient d’arriver parcourt la Z dans tous les sens. Pour clôturer
la journée nous voulons bien, Hervé et moi, faire faire quelque chose à
ce brave Foufou. Pourquoi pas la Dalle intégrale, départ Verte ordinaire
et traversée à la base ? [j’avoue qu’aujourd’hui en 2020 j’ai
du mal à m’y retrouver].
Go ! Tout va bien jusqu’à la Dalle [Dalle du Myrmidon]. Hervé, qui est
en tête, perd du temps dans le surplomb de sortie de la Dalle. Il s’y
reprend à plusieurs reprises et finit par demander mon aide [lui ? le
vainqueur de la Sud-Est ? voilà qui valorise nos « petits » rochers
d’Arudy !]. ça presse la nuit tombe. Il me fait venir sur un piton plus
que douteux (on l’enlèvera à la main !). Une fois près de lui je plante
un second piton et il passe. J’hésite moi aussi dans le surplomb car,
à tâtons, je ne trouve pas la prise ad hoc. Quant à Foufou qui suit,
il se demande comment nous avons fait. Mais quand on connaît
son sens de l’humour…

Il est huit heures passées, il fait noir. Nous descendons la caillasse
le plus vite possible. Heureusement que nous rentrons en voiture,
merci André Demiguel, le coiffeur. [Il ne reviendra plus. 55 ou 56 ans
plus tard au cours d’une rencontre avec Renée Butel il lui racontera dans
le détail les péripéties de cette journée qui l’avait énormément marqué.
à Hervé et moi ne nous rendions pas compte de l’implication psychologique
des débutants. Nous pensions naïvement qu’ils étaient comme nous, aussi
fous et motivés que nous…].


Mardi 23 Mai 1961 – Dans la presse locale (Eclair des Pyrénées)
Club Alpin Français – Section de Pau
ECOLE D’ESCALADE ET STAGES D’ALPINISME

Le C.A.F. organise une école d’escalade avec le concours technique
et pédagogique de la Direction départementale de la Jeunesse et
des Sports. Moniteurs : MM. Pons, Cabanne, Villecampe
Les cours auront lieu au rocher-école d’escalade d’Arudy, du 1er
Juin au 14 Juillet, tous les jeudis, de 18h30 à 20h30. Rendez-vous
de départ, Place de la Libératio à Pau à 17h45.
Renseignements et inscription à la permanence du CAF rue René
Fournets à Pau ou auprès de Guy Ruez (ingénieur SNPA), Jean Labadot
(Magasin d’ameublement, Claude Bassier, Grosjean (prof de gym au
Lycée Louis Barthou à Pau).
Etc.

Jeudi 1er Juin ( ?) 1961
Le staff du CAF de Pau débarque : Bernos, Minville et
d’autres font la Voie des Soupirs.
Ruez, Massios, Pontacq et Labadot regardent.

Mardi 23 Mai 1961 – Dans la presse locale (Eclair des Pyrénées)
Club Alpin Français – Section de Pau
ECOLE D’ESCALADE ET STAGES D’ALPINISME

Le C.A.F. organise une école d’escalade avec le concours technique
et pédagogique de la Direction départementale de la Jeunesse et
des Sports. Moniteurs : MM. Pons, Cabanne, Villecampe
Les cours auront lieu au rocher-école d’escalade d’Arudy, du 1er
Juin au 14 Juillet, tous les jeudis, de 18h30 à 20h30. Rendez-vous
de départ, Place de la Libératio à Pau à 17h45.
Renseignements et inscription à la permanence du CAF rue René
Fournets à Pau ou auprès de Guy Ruez (ingénieur SNPA), Jean
Labadot (Magasin d’ameublement, Claude Bassier, Grosjean (prof
de gym au Lycée Louis Barthou à Pau).
Etc.

Jeudi 1er Juin ( ?) 1961
Le staff du CAF de Pau débarque : Bernos, Minville et d’autres
font la Voie des Soupirs.
Ruez, Massios, Pontacq et Labadot regardent.

3 Juin 1961 – Réponse de Jean Franco à une demande écrite de
Robert Ollivier pour satisfaire un projet d’Hervé.

Hervé est décidément emballé par la montagne, ne souhaite
plus être correcteur à l’Eclair comme l’an dernier pour gagner
quelque argent et pense tout d’un coup qu’être porteur dans
un refuge des Alpes pourraît tout à la fois lui permettre de
changer d’horizon, enfin connaître ces Alpes grandioses et
gagner quelques sous. Banco ! Mais quel refuge solliciter ?
La saison s’avance, n’est-il pas trop tard ? A qui s’adresser,
comment faire ?
C’est alors que nous pensons au père Ollive qui a ses entrées
dans le monde alpinistique. N’est-il pas membre du GHM, Groupe
de Haute Montagne à la renommée internationale, bien au-delà des
microscopiques Pyrénées. Il connaît des gens, des gens de la Haute
(Montagne), il connaît même Maurice Herzog, Lachenal, Jean Couzy,
Lionnel Terray, Jean Franco, des gens pour lesquels,
en ce temps-là, tout ce qui ne fait pas 8000 mètres est sans
intérêt. Qu’est-ce alors pour eux un modeste por
teur de refuge de vingt ans qui n’a pas dépassé 3000 mètres dans ses
montagnes natales ?
Robert consent néanmoins à écrire à Jean Franco, qui est alors
directeur de l’Ecole Nationale de Ski et d’Alpinisme de Chamonix
(ENSA). Lequel lui fait la réponse suivante [apparemment c’est lui
qui a tappé la lettre) :

Mon Cher Ami
Comme Robino a déjà dû te le dire les gardiens de refuge du
massif du Mont Blanc (et d’ailleurs aussi) hésitent à engager des
porteurs qu’ils ne connaissent pas. Je me suis renseigné, ce sera
très difficile.
Je parle toutefois de cette affaire à Charles Balmat* qui tient
le bureau du C.A.F. à Chamonix et qui est en relations constantes avec
les gardiens de refuge.
En toute amitié
Jean Franco

*Descendant de celui qui a gravi le Mont Blanc pour la première fois.

Dans la réalité, difficile ou pas, le gardien du refuge du Tour
sera bien content de disposer d’Hervé tout l’été et de lui faire
porter des charges qu’un âne refuserait !


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