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Visite de JC Tesseyre et Vincent Butel le 8 mars 1960

Photo : Escalade de la Difficile Fissure

Dimanche 6 Mars 1960
Equipe Hervé-Vincent-Jean-Charles Tesseyre-Jean. Véhicules : vélos.
Trajet : Pau-Arudy et retour.
Samedi soir nous avons décidé, Hervé et moi, un copain de classe de
Hervé à l’Immac de venir avec nous, après force palabres
avec ses parents.
Car j’avais un autre projet ce jour-là, accompagner Charles
Minville, mon prof d’Anglais du Lycée, à l’Ossau. Et pour cela
me réveiller à 5 heures du matin. Ce ne fut pas le cas, le
réveil ne me sortant du lit qu’une heure plus tard. Finalement,
à 9 heures je partis au petit trot en vélo pour Arudy. De son
côté Hervé partait à 10 heures de chez lui avec son frère et
Jean-Charles.
Rendu aux rochers j’ai continué le déblaiement au pied des voies,
et, à midi, j’entends un hurlement parvenant du fin fond du Défilé :
« Jean-Marie !!
Qui est là ?
Je suis seul
Pourquoi ?
Je n’en sais rien. »
En fait c’est Vincent qui a semé son frère et son copain à cause de
nombreuses crevaisons. Une heure plus tard les deux compères arrivent.
Avant de faire de l’escalade nous décidons d’enflammer un gros buisson
de ronces et un pan entier de la paroi obstrué par des lianes mortes
et autres plantes grimpantes comme le lierre. Vu que l’ensemble est
suffisamment éloigné de la végétation environnante, il semble qu’il n’y
ait aucun danger… En quelques secondes les flammes s’élèvent, énormes.
Et bientôt le tas de ronces enflammées manque de tomber sur la forêt des
buis. Nous devons donc le retenir avec de grandes perches ; mais la
chaleur est intense et nous manquons de griller vif lorsque nous nous
trouvons au plus près. De surcroît un énorme nuage de fumée envahit la
paroi, franchit les toits et se rabat sur nous. Il devient nécessaire
d’éteindre les foyers qui se créent un peu partout par terre. Les flammes
se tordent vers le haut et rugissent dans la cheminée où s’est accumulée
la végétation morte. Et 10 mètres au-dessus de nous un panneau de lierre
vert, donc vivant, s’enflamme à son tour.
C’est l’émotion de la journée. Les petits galopins ne sont plus aussi sûrs
d’eux devant le mini cataclysme qu’ils ont déclenché et que leurs pauvres
petites gourdes remplies d’eau auraient bien du mal à juguler !
Mais s’ils ont fait ça le cœur léger c’est que le matin même Mr. Courrèges,
le propriétaire de la ferme d’Anglas voisine, leur avait dit que la paroi
n’était à personne et qu’ils pouvaient y faire ce qu’ils voulaient. Ils
n’avaient pas attendu longtemps !
Heureusement le feu baisse rapidement d’intensité faute de combustible,
(Nous restions néanmoins perplexes devant l’importance de l’incendie
provoqué par un tas de ronc
es mortes relativement modeste), et se met à fumer paisiblement. Vincent
fut chargé de le surveiller.
Et nous partons pour l’escalade, hormis Vincent qui préfère continuer
à surveiller le feu et qui se propose de construire une cabane. Premier
relais après le départ Herr Wick [sans doute celui qui conduit à la voie
des Soupirs]. Le néophyte (Jean-Charles) commence déjà à chercher ses
prises. Excellente petite entrée en matière pour réchauffer les muscles.
Puis, après une traversée et une dalle inclinée mais non verticale je
me trouve sous LA cheminée. Bizarre, toute tordue, pas très haute,
barrée par un bloc en son milieu, très déversée et surplombante. La totale.
Je pose un piton d’assurance et j’y vais. C’est athlétique. Après
plusieurs essais je bloque mon genou le plus haut possible, plante
un autre piton, et me reposant fréquemment dessus je me hisse le plus
haut possible de façon à attraper des prises qui m’évitent
d’être trop rejeté en arrière ; il y a peu de vide.
J’émerge au sommet de la fissure pour terminer la longueur de corde
sur un terrain peu difficile. J’installe le relais à proximité d’un grand
nid d’oiseau de proie [sans doute de grand corbeau, espèce désormais
protégée, mais qui ne l’était pas en 1960], curieusement posé à l’entrée
d’une petite grotte. Puis je fais venir la suite de l’équipe. Le grand
Charles (90 kg) hésite un long moment avant d’aborder le surplomb, puis
finalement se décide et reste bloqué dans le passage, presque à sa sortie.
Encouragé bruyamment par nos hurlements impatients, nos exhortations et
nos conseils avisés il tente le tout pour le tout… et dévisse. Il ne
tombe cependant pas d’un cm, étant assuré de près, mais roule sur l’arête
gauche de la cheminée. Ceci a l’avantage de le mettre en face de bonnes
prises, enfin ! Et il arrive rapidement et Hervé le suit. Je termine
l’escalade en essayant de la corser un tout petit peu sur un terrain
peu difficile.
En bas Vincent a déjà commencé à construire la cabane. Comme il nous
reste un peu de temps nous entamons une nouvelle voie, ou un morceau
de voie si l’on veut. Nous abandonnons vite.
Et il faut partir, regrettant déjà que cette journée fut si courte.
Le retour sur Pau est de tout repos : d’où l’intérêt de partir
lentement le matin.


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