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28-FEV-1960 jmo

Hervé et Vincent Butel au bivouac de Sesto.Naissance de la voie des Soupirs

Dimanche 28 Février 1960
Equipe Hervé-Vincent-Jean. Véhicules : vélos. Trajet : Pau-Arudy et retour.
J’arrive à Arudy à 8h1/4, parti de Pau à 6h1/2. Hervé arrive un peu
plus tard avec son frère Vincent à 9h1/2.
(Hervé et Vincent au bivouac de Sesto https://pbase.com/image/119103710)
Voie des Soupirs
Traversée de l’Aiguillette
Tentative à la Directissime Libre (future voie des guêpes)
Le temps est abominablement chaud pour un mois de février
(il fait au moins 35° le matin).
Nous défrichons la base de la Voie du Toit [Voie du Bloc
Coincé] et celle de la Voie des Soupirs [que nous allons
ouvrir aujourd’hui], réalisant une clairière entre les
départs de ces deux voies.
Je m’enfonce une branche dans l’œil et reste désorienté
pendant un bon moment.
Pour nous chauffer les muscles avant d’attaquer la Directissime
Libre, nous imaginons une voie qui irait à la hauteur de la Vire
de la Voie du Toit pour récupérer les pitons ; d’en bas tout
semble simple et évident. En quelques minutes on devrait y être
(vu d’en bas bien entendu, répétons-le).
Quelle belle illusion. Après un départ amusant, où déjà Vincent
commence à manifester les premiers signes d’inquiétude, je me
heurte à un mur raide, plein de dallettes et de virettes, mais
où on ne passait pas partout. J’essaie trois passages. Seul le
quatrième me laisse passer, tout en beau libre et j’aboutis sur
une plate-forme inclinée après pas m

al de difficultés et à hauteur de la Vire de la voie du Toit.
Je fais arriver Hervé que j’assure sur piton. Tout va bien. Mais
pour Vincent cela apparaît comme un drame affreux : « Je dévisse,
Aouah !!! » et c’est avec le plus grand mal qu’il se hisse sur
la plate-forme.
Nous sommes près de la Vire. Hervé va récupérer les pitons.
Maintenant on pourrait sortir tout tranquillement par le sommet,
mais je préfère corser la sauce et passer par dessus la Vire par
une petite traversée qui rejoint un arbuste. Forte impression ;
la clairière que nous avons déblayé ce matin se trouve entre mes
jambes, 20 mètres au-dessous, et son uniformité, avec les souches
rondes des buis coupés accentue l’impression de vide. J’arrive
assez facilement au sommet de l’Aiguillette par la voie la plus
directe [une photo illustre la petite traversée au-dessus de la
Vire et sous l’Aiguillette. Escalade au poil
: https://pbase.com/jmollivier/image/27151367
Photo dans laquelle il faut noter que le buis a
disparu].
Re-drame pour Vincent qui ne se sent plus dans la petite
traversée. Puis nous arrivons enfin au sommet. Morts de soif.
Hervé attrape un serpent par la queue et s’amuse à le faire
siffler. Pour ma part je préfère m’enfuir. [Plusieurs personnes
ont été mordues par des vipères dans ces rochers au cours des
années qui ont suivi.]
Bien restaurés mais complètement ramollis par le vent chaud nous
allons à la Directissime Libre (D.L. Future voie des Guêpes).
Je n’ose toujours pas, fatigué, passer à droite en libre, aussi
c’est avec un pas d’artif que je peux m’accrocher à un arbre mort
ayant poussé sur la petite plate-forme que je veux atteindre. J’ai
un mal inouï pour passer entre l’arbre et la muraille. Plus haut
un buis bouche l’unique voie de passage, une fissure directe.
Je redescends pendu à la corde passant par un piton, et je manque
de m’étouffer. Hervé à son tour parvient à l’endroit que j’ai
atteint mais ne peut progresser. Il manque aussi de s’étouffer
à la décente pendu à la corde. Sale système. [Nous sommes loin de
l’époque des baudriers confortables. Ici la corde enserre simplement
la taille. Des accidents mortels ont été signalés dans les Dolomites
de grimpeurs pendus dans le vide de parois surplombantes et morts étouffés.]
Stop pour aujourd’hui.
Force miam, qui me met à l’envers pour la route ; toute l’eau que
j’ai bue m’a fait gonfler l’estomac. Petit coup de barre bien
désagréable sur la route de Gan du retour. Arrivée chez nous à 21 heures.

Croquis en fin de note où l’on distingue la voie D.L. (future voie des Guêpes)
et la Voie du Dièdre pitonné (future Directissime).
Suit une page où figure l’esquisse au crayon d’un croquis général de
Sesto avec indication des itinéraires existants et futurs.


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