Par une journée chaude de juin. Evocation du Vietnam.....

Dimanche 23 Octobre 1960
Je fais la connaissance de François Fougère
Voie Pater à la Fonderie
Les éléments sont contre nous ! J’ai bien cru, ce matin-là,
que je ne partirai pas. Crevant de rage j’étais résolu au pire :
rester ici !
Petite éclaircie dans ce tableau de malheur, Hervé vient me
voir vers 11 h. Nous décidons malgré tout d’aller à Arudy en
prétextant une simple promenade. Mais papa, dans son jour de
bonté sans doute, propose de nous amener en voiture cet
après-midi. Dont acte.
Hervé de son côté avait donné rendez-vous à un camarade de
classe et ils se rendent ensemble à Arudy. Je pars en voiture
vers 14h avec mon père. Nous allons aux rochers de la
Fonderie (Groupe II dans ma dénomination de l’époque)
et rejoignons Hervé et son copain.
Je présente avec fierté notre Cima Ovest aux « autorités
supérieures ». Elles se contentent de pâlir devant la
supposée consommation de pitons, essentiellement des
cornières estiment-elles. Et pourtant. L’avenir leur
donnera tort. Foin de ces autorités supérieures. Mon
père avait eu la même réaction devant une photo de Sesto
avec la Pointe Centrale en majesté. Pitons, beaucoup de pitons….
Pendant que Hervé et Fougère, car tel est le nom du nouveau,
grattonnent dans un coin afin d’initier le néophyte, papa
et moi attaquons une voie nouvelle (la Pater) à droite de
celle que nous avons ouverte Hervé et moi le 2 octobre
dernier. Papa en tête fait relais au-dessus d’un surplomb
après avoir planté 6 pitons. Je le rejoins et enchaîne
d’un jet jusqu’au sommet. Et là impossible de s’entendre,
la voix ne porte pas. Donc on enlève la corde et papa
fait la voie en tête. J’enlève les pitons. Jolie voie,
pas trop difficile. [Il manque des détails dans mon
récit de l’époque. Je pense que lorsque j’écris « papa
fait la voie en tête » je sous-entends qu’il parcourt
la seconde longueur sans assurance. J’ai dû ensuite enlever
les pitons en faisant un rappel].
Pendant ce temps Hervé et Fougère, lequel se débrouille
très bien, quittent les petits rochers pour s’attaquer
à la première voie que nous avons ouverte dans ce groupe.
Ils l’enlèvent haut la main. Nous les suivons papa et moi
pour enlever les pitons. Il paraît que c’est du IV+ selon le guide.
Nous quittons les rochers à nuit tombante. Trébuchant dans
les éboulis et glissant sur l’herbe humide nous retrouvons
la voiture à nuit noire.
………….
Dans la soirée, à Pau, nous rendons visite à Popo. Sa fille
Anne-Marie veut absolument participer aux réunions du CAF
qui ont lieu tous les jeudis*. Je promets que de mon côté
je tacherai d’y faire participer Jean Minville ou
Jean-Pierre Besson, ou les deux. Il faudrait que le frère
d’Herrwick, Vincent, participe aussi. Cela ferait 5 ou 6
membres supplémentaires du CAF.

* Je soupçonne aujourd’hui une première approche de Popo
qui rêvait secrètement, puis plus tard ouvertement (elle
s’était confiée à moi), à une union entre Anne-Marie et
moi. Mais elle n’a jamais forcé le destin, sauf peut-être
plus tard dans la cabane de berger du Pailla