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Jean M. Ollivier | all galleries >> Scraps et souvenirs >> Secret pin's >> Dans le secret des Ollivier >> Compilé des meilleurs écrits et récits >> 12montagne > Fev 1964 - Avec Anfoy dans le Val de Pombie, face Est de l'Ossau. Objectif : le couloir de la Fourche.
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9 Fév. 1964 jmo

Fev 1964 - Avec Anfoy dans le Val de Pombie, face Est de l'Ossau. Objectif : le couloir de la Fourche.

Dimanche et Lundi, 9 et 10 Février 1964– Ossau, couloir de la Fourche.
Equipe : François-Jean Véhicule : 2 CV

François se morfond dans son Bordeaux triste et brumeux et rêve depuis
plusieurs semaines d’air pur et de cimes enneigées.
Qu’à cela ne tienne, profitant des vacances de Mardi Gras nous partons
dimanche matin relativement tôt. A midi nous nous ébranlons de Soques
sous un soleil radieux dans un paysage splendide et désert.
La montée à ski est de tout repos. Nous nous arrêtons au bord du
torrent pour casser la croûte et nous apercevons avec angoisse et
désespoir qu’il nous manque beaucoup de nourriture ! Qu’est-ce
à dire ? Chacun a-t-il peut-être pensé que l’autre serait bien
pourvu ? Que nous avons oublié les sacs de bouffe dans la voiture ?
Mais le ciel bleu, le soleil généreux et l’air pur revigorant
laissent intact notre optimisme. Nous en profitons pour nous
prélasser une heure et demie.
Le reste de la montée se fait sans histoire et en toute quiétude,
bien loin des virées harassantes par nuit noire glaciale,
parfois sous la neige, en nous traînant comme de pauvres hères
écrasés sous leur sac et perdus dans le brouillard.
A 16 heures j’arrive au refuge, désert, suivi peu après de
François. Corvée d’eau habituelle au lac. La vallée que nous
avons quittée est maintenant recouverte de brouillard, lequel
viendra lécher notre refuge cette nuit…
La soirée se passe en devisant tranquillement, avec beaucoup,
beaucoup d’Ovomaltine, très diluée néanmoins afin de ménager
notre frêle réserve. La lampe à souder en guise de réchaud
chauffe bien et l’unique bougie trouvée par hasard au refuge
durera plus de trois heures.
Pour dormir au chaud nous nous enfouissons dans un fatras
d’affaires et réalisons que par endroit nous sommes protégés
par 24 couches de tissu. C’est bon ça ! La nuit fut donc très
confortable et le sommeil profond.
Sommeil profond donc lever tardif : 8h ! Le soleil est déjà
haut lorsque nous démarrons. Nous sommes bientôt suivis
par un grand corbeau, un croâ, affamé sans doute. Nous
comprenons ça. Nous testons son état d’affamé en lançant
un papier froissé dans la pente de neige située sous
l’endroit de notre première pause dans la Grande Raillère.
Aussitôt Croâ se rue dessus à tire d’aile et l’emporte pour
l’examiner, perché sur une aiguille voisine. Nous suivant à
la trace il viendra vérifier, après chacun de nos arrêts,
s’il ne reste pas quelques miettes. Nous n’avons pas grand
chose à lui laisser, malheureusement.
La pente se redresse progressivement et nous voilà sous le
couloir de la Fourche. Hésitations ?? Etait-ce bien là notre
objectif ? Je sors la corde pour assurer François et pars
devant. Je me sens bien mou aujourd’hui. Je m’essouffle
assez vite et ne retrouve pas mon équilibre optimal –
j’allais dire légendaire ! La pente m’impressionne un peu.
Ai-je une fille dans la tête ? Allez savoir ! Est-ce le
fait d’être attaché à une corde qui me gène et me tire en
arrière ? Pourtant la neige se laisse bien cramponner la
plupart du temps. Sauf en certains endroits où elle
s’affaisse à notre grande panique, et en d’autres où il
faut carrément tracer. Les conditions ont bien changé
depuis janvier. La rimaye est microscopique, une simple
marche. Au-dessus, après une courte pente très
raide, les rochers escaladés en janvier ont disparu sous
la neige et sont remplacés par des canelures parallèles rayant
une pente essoufflante.
Caillou !!! Le temps de crier et il est déjà loin. Encore
un cadeau de l’Ossau, qui en est prodigue. Et l’heure est
au dégel. Que faire ? Continuer ou faire demi-tour ? Instants
d’hésitation. Nous continuons malgré tout, les cailloux
n’étant pas forcément animés de mauvaises intentions et ne
nous visant pas particulièrement.
Caillou !!! Cette fois la mitraille frôle François, sans le
toucher par bonheur. Preuve qu’elle vise mal. Mais néanmoins
notre moral quoique atteint n’est pas à court de logique imparable.
Avec tout ce qui est tombé ce doit être terminé pour aujourd’hui.
Donc nous continuons, c’est trop tentant. Nous venons de passer
le ressaut le plus raide et il ne reste que quelques longueurs
faciles, vite parcourues, pour arriver à la Fourche. Ce qui
est fait déréchef et nous pouvons nous vautrer là-haut, à
l’abri d’un vent teigneux et glacial qui nous a harcelés durant
toute la montée et en laissant aux pierres instables le temps
de dégringoler. Nous pouvons profiter de la douceur du soleil,
échanger des mots, des paroles, des phrases, des histoires à
n’en plus finir en fumant de délicieuses pipes. Ici, là-haut,
dans ce nid d’aigle, le temps s’est arrêté, on peut tout dire
sur tout, cela restera là et ne sera même pas transcrit.
A peine avons-nous entamé la descente que Monsieur Croâ vient
s’installer à la place laissée vacante et cherche en vain les
reliefs d’un repas que nous n’avons même pas fait ! Pauvre vieux Croâ !
Nous descendons régulièrement, à l’ombre maintenant et sans
essuyer de chutes de pierres. François ressent de la fatigue
dans les jambes, aussi nous assurons-nous de près jusqu’à la
Grande Raillère. Nous nous y arrêtons un moment pour contempler
les splendeurs de l’Ossau. Un immense vol de choucas se laisse
porter par les ascendances thermiques devant les gigantesques
parois. Qu’ils paraissent loin ces choucas, tout petits,
si hauts et si inaccessibles.
La descente jusqu’au refuge se fait sans histoire, et après
un bon thé nous chaussons les skis. Pour moi la journée est
terminée. Mais peut-être bien que pour François elle ne fait
que commencer, ses talents de skieurs étant très limités.
En quelques virages je descends le grand ressaut situé sous
le refuge. La neige dure est excellente et je me sens
merveilleusement bien sur mes skis aujourd’hui.
En tentant de me suivre François chute tous les quelques
mètres. Et il a un souci : il faut qu’il retrouve le bâton
de ski qu’il a perdu hier soir. C’est pour lui une recherche
héroïque. Je remonte pour l’aider, le bâton est enfin retrouvé.
Plein de confiance avec ses deux bâtons en main il prend
l’initiative d’arrêter ses virages ratés et prend schuss pour
simplifier sa vie de skieur et gagner du temps, voire aller
plus vite que moi. Je le vois passer devant moi à toute allure,
en position de recherche de vitesse (!). La performance est de
courte durée. Il trébuche rapidement et j’ai l’impression de
voir son sac bondir vers le ciel pendant qu’il pique du nez et va
se planter dans la neige tôlée ! Un coup à se briser des membres
[ce qui lui arrivera d’ailleurs un jour], car il se retrouve
dans une position grotesque et douloureuse, une jambe tordue de
façon invraisemblable. Pauvre François ! Il met un moment à se
remettre de cette chute spectaculaire et repart on ne peut plus
prudemment. Ce qui ne nous arrange pas car, une fois de plus,
la nuit tombe et le brouillard qui a stagné toute la journée
dans la vallée finit par nous envelopper. Voilà les conditions
qu’il faut affronter lorsque nous arrivons à l’entrée du bois
devenu sombre, au bas du val de Pombie.
La progression dans le bois est très difficile et je m’enquiquinne
pas mal sur une neige croûtée et cassante, les trous, les arbres et
les souches cachées. Mais François alors ! Têtu, il refuse de quitter
les skis. Belle obstination. J’essaie de lui inculquer la technique
des bâtons entre les jambes en position semi-chasse-neige, ce qui permet
d’avancer dans ce terrain complexe en limitant les chutes. Nous finissons
néanmoins à pied et à tâtons, à la recherche de l’itinéraire qui conduit
au Caillou de Soques. Ne retrouvant pas les traces de la veille nous
sommes obligés de tracer en neige profonde pendant un bon moment
jusqu’au torrent de Brousset. Et de remonter une pente qui semble
interminable jusqu’au Caillou de Soques. Nous l’aurons bien gagné
notre couloir de la Fourche. Beau sport.
Y eut-il une soirée au Foufouland ? Rien n’est noté.
Marie le sait peut-être.


Commentaires de Franços :
Bon ça va j'ai tout compris...Mais personne n'était la pour
faire des photos de la descente du val de Pombie... Même que
dans le bois j'allais de trous en trous...Me demandant si le
suivant ne serait pas le dernier tellement ça devenait de plus
en plus difficile d'en sortir !!! Pour enfin retrouver Ougnouf
frais et dispos qui attendait au caillou de Socques...Pour le
coup ce jour la je fermais la trace !!! anfoy.


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