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Jean M. Ollivier | all galleries >> Scraps et souvenirs >> Secret pin's >> Dans le secret des Ollivier >> Compilé des meilleurs écrits et récits >> 12montagne > Fourche et Piliers de l'Embarradère. 23 au 25 juin 1965 Tentative aux Piliers
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jmo

Fourche et Piliers de l'Embarradère. 23 au 25 juin 1965 Tentative aux Piliers

Photo : les Piliers de l'Embarradère (Pitons de la Fourche)

Nous appelions simplement cette paroi la Fourche, ou pitons de la Fourche.
Il est évident que sonne mieux "Piliers de l'Embarradere", comme si ces motifs
ornementaux du vaste ensemble que forme l'Ossau en étaient exclus. L'Ossau n'en
etant plus que le décor. Evolution.
Dès les années 58/59 nous avions pour ces gigantesques sculptures les yeux de Chimène.
Elles nous faisaient rêver, de jour comme de nuit. Etait-ce inconsciemment en raison
de la forme suggestive de ces motifs, ou plus prosaïquement parce qu'aucun pointillé
ne venait déflorer leur virginité ?
Allez savoir. Mais c'était devenu l'objectif, le moteur qui nous a forcés à cultiver
l'art de l'escalade afin de savoir grimper "moderne", tout en y prenant un plaisir suprême.
En avant pour l'école et l'entraînement permanent !...

Page 471 du Carnet II

Mercredi, Jeudi, Vendredi du 23 au 25 Juin 1965 – Tentative aux Pitons de la Fourche.
Hervé-Jean
Accompagnateurs : François, Schmull
Véhicules : 2 CV et auto-Stop

En résumé nous sommes allés quatre fois nous confronter à ces motifs :

Août 1959 : A la recherche des Pitons de la Fourche
Juillet 1962 : Tentative d’escalade des Pitons de la Fourche par le Nord
Juin 1965 : Tentative et échec. Cette année-là les Ravier sortent la voie.
Juillet 1965 : Tentative et échec

J’ai été peu prolixe dans mes notes d’époque. Cette entreprise était
trop énorme pour nous. D’autres s’y intéressaient, comme Patrice de Bellefon
qui pleura ensuite de n’avoir pas réussi la première.
Cette année-là en effet nous constatâmes de visu que des grimpeurs
concurrents avaient des vues sur cette ascension. Nous trouvâmes
du matériel entreposé et nous gardâmes bien d'y toucher. Les Ravier
nous accusâmes de vol de matériel, sans doute perpétré par une ou des cordées
moins scrupuleuses.

Le 23 Juin nous montons à Pombie avec François et Schmull. Le
lendemain nous devions attaquer le pilier et monter le plus haut
possible. Las, la défaite était déjà inscrite dans notre glandouille
le matin du 24. L’envie nous avait quittés, le temps était si beau,
les sacs si lourds, des femmes nous attendaient quelque part, la paroi
était si hostile, les faces Nord si lugubres… Pourquoi aller se mettre
volontairement dans la gueule du loup ?
Evidemment nous arrivons si tardivement que le soleil lèche déjà
les parois (nous sommes versant NW). Nous conservons les sacs, pensant
bivouaquer plusieurs jours dans la paroi. Ce sont des boulets. Nous
parvenons péniblement à la plate-forme confortable de la deuxième
longueur, point extrême atteint la dernière fois.
Bivouac grand luxe dans une telle paroi et nuit paisible assurée
en compagnie d’étranges mulots acrobates que notre nourriture intéresse
beaucoup. Que font-ils là ? Comment sont-ils montés ? S’ils sont
montés, car c’est peut-être une espèce endémique de ces lieux. De quoi
se nourrissent-ils en l’absence de grimpeurs (lors d’une précédente
tentative nous avions laissé sur place de la nourriture et nous retrouvâmes
les miches de pain entièrement dévorées… à l’exception de la croûte du
pain !). Etranges petits elfes à la fourrure épaisse couleur gris souris
clair comme il se doit, se jouant des dalles lisses et des surplombs avec
grande vélocité et facilité, sans bruit, comme s’ils survolaient le rocher,
apparaissant et disparaissant comme des fantômes immatériels. Ont-ils des
relations avec les hordes de choucas qui habitent plus haut dans la paroi ?
Mystères de la vie dans ces lieux pour le moins inhospitaliers et que l’on
pourrait croire déserts et stériles.
Nous sommes reconnaissants à ce pilier de l’Embarradère de nous avoir
offert cette note de poésie inattendue et avoir de ce fait acquis ses
vraies lettres de noblesse, de mon point de vue. Autre chose que la
destruction des habitats des choucas par des gnomes énervés qui n’y ont
vu qu’un obstacle à éliminer sur le chemin de leur conquête
de l’inutile sans importance.
Donc bivouac grand luxe, photos.
Le 25 au matin nous réalisons que nos sacs montrueux nous empêcheront
de mener l’entreprise à bien. D’un commun accord nous décidons de
quitter les lieux pour revenir armés d’une stratégie et d’une logistique
différentes.
Rappels, récupération de quelques affaires à la quèbes, où nous laissons,
à mon initiative, un mot dans la boîte de Tonimalt qui contient déjà quelques
notes de 1962. (cette boîte sera malencontreusement retrouvée par des inconnus
dans les années 2000).
Ensuite descente directe vers le plateau de Bious, sous les faces Nord
de l’Ossau, l’occasion de traverser des jardins paradisiaques.
A Bious Artigues nous tombons sur une vedette qu’Hervé connaît bien,
La Fouine (Daniel Dussau). Il possède tout un équipement d’escalade dans
le coffre de sa voiture. Il veut bien nous ramener à Pau à la condition
que nous lui fassions grimper la voie du Bloc Coincé. Surprenante
proposition pour nous qui venons de grandes parois qui nous étaient
devenues accessibles grâce à l’entraînement suivi à Sesto et dont la
voie du Bloc Coincé en était une sorte de symbôle. Par ce racouci
stupéfiant la boucle était bouclée.

Canon FT QL ,Soligor f 300x2 1:5.5

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