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Juillet 1932 Henri le Breton

Crêtes du Diable par Jean, Hervé et François 15 juillet 1962

Balaitous - Pyrenees

Photo : Cette crête figure au premier plan entre les pics Cristail et Soulano.
On peut discerner la trace blanche des glaciers disparus au cours
du XIX ème siècle.
Cette photo est prise depuis le sommet du Balaïtous, l'été 1932.
Le réchauffement, qui s'accentue, avait bel et bien commencé il y a
un siècle. Des descriptions de Russell d'aiguilles de glace au
Gabiétou, aiguilles aujourd'hui totalement disparues, illustrent
elles aussi l'évolution climatique. Et je ne parle pas du glacier
d'Ossoue ( http://www.pbase.com/jmollivier/yacentans ), comme par
ailleurs la Mer de Glace à Chamonix. En fait, tous les glaciers du monde.

Vendredi à Dimanche 13 au 15 juillet 1962 – Crête du Diable.
Equipe : Hervé, François et Jean
Véhicules : Super-Néocide pour Hervé et moi, Néocide pour François.

Entre 1957 et 1959 j’ai déjà parcouru cette crête du Diable avec
Robert et Jean Minville. J’y étais revenu avec l’équipe de bras
cassés Podevin, Leire et Richardson les 5 et 6 Août 1961, et ce fut
un échec. Cette fois-ci elle ne devrait pas résister au Sesto-Club
d’Arudy et à ses trois éminents fondateurs. Nous allons régler un vieux compte.
Vendredi 13 (aïe !) nous quittons Pau vers 14h, Hervé et moi sur
la Super-Néocide et François sur Néocide. C’est la première fois
que mes deux motos roulent de conserve. Nous arrivons sans histoire
au Plan d’Aste.
Deux heures plus tard, après une montée rapide, nous arrivons à la
Toue de Castérie, après un court arrêt au Plaa de Labassa. Nous faisons
la cuisine près du torrent à quelque distance de la Toue, vautrés
sur l’herbe moelleuse. Un harmonica cadance la veillée, d’abord au bord
de l’eau puis sous la Toue, agréablement éclairée par deux bougies.
Départ 10h le lendemain. Les héros sont un peu fatigués. A peine sommes
-nous arrivés sur le glacier de Las Neous que nous voyons des silhouettes
s’agiter sur la Crête du Diable. Ça n’a pas l’air d’avancer vite. Ils
perdent un sac au col de la Canine, descendent le chercher puis vasouillent
sur la crête. Pendant ce temps nous les rattrapons. Un vent violent s’est
levé et de lourds nuages se déplacent à toute vitesse dans le ciel. Nous
dépassons rapidement la première cordée et sommes vite aux trousses de la
seconde dont les apprentis grimpeurs nous traitent de dératés. Nous hurlons
de rire en les grattant dans une descente assez délicate et continuons au
même rythme : Trident Sud, Cornes, Trident Nord etc… et après 2h30
d’escalade nous sommes au sommet, n’ayant rencontré que seulement quelques
passages un peu délicats.
Après deux heures de farniente au sommet nous entamons la descente. Les
deux cordées que nous avons dépassées se débattent toujours sur la crête.
Nous avons l’impression qu’ils font du sur-place, qu’ils ne savent pas
dans quel sens parcourir la crête. Ridicule.
Cueillette de quelques brins du génépi qui pousse entre les blocs de
granit. Un zeste de douceur dans ce monde minéral et dur. Nous retrouvons
la toue où nous vaquons agréablement jusqu’à la tombée de la nuit,
prélude à une nouvelle veillée sympathique aux sons du pipeau et de
l’harmonica.. Nous sommes contents de notre choix de rentrer tranquillement
demain au lieu de courir comme des fous dans le long val d’Azun. Contents
et heureux de rester entre nous.
Le lendemain matin, dimanche 15 juillet 1962, temps splendide, douceur de
vivre… sauf que nous n’avons pratiquement rien à manger. Il y eut une voix
pour dire que le prochain café n’était pas si loin, que nous y dégusterions
bien vite croissants chauds et autres viennoiseries accompagnés d’un succulent
café au lait fumant. L’évocation nous fit saliver mais plus prosaïquement
il fallut partager en trois deux petites boîtes de Criquas que nous dégustâmes
religieusement. Les meilleures Criquas que n’ayons jamais goûtées. Leur
parfum sauvage et poissonnique imprégna notre palais jusqu’au Plan d’Aste
où nous retrouvâmes nos motos (mes motos !) après la pénible descente que
nous fîmes en courant. Ici en bas ce sont des nuages gris, en bas c’est
triste. Pourquoi ne pas rester là-haut en attendant que le temps s’arrête ?
Me revient en mémoire ce dessin de Samivel d’un alpiniste couché sur une
pierre, avec au bec une boufarde fumante et philosophant : « Ci, demeurons
béat, jusqu’à l’heure où les cieux et puis ma pipe seront cendre. »
[L’Alpiniste CONTEMPLATIF].
Pour le retour en moto je transporte François et Hervé se charge de
Néocide. Mauvaise pioche, le mauvais œil d’Hervé a encore frappé, la
malédiction de Mahaut l’a poursuivi jusqu’ici : Néocide devient tout à
coup silencieuse et s’arrête dans une sorte de feulement épuisé. L’essence
n’arrive plus, un gicleur doit être bouché. Après ces jours glorieux
Hervé n’a aucune envie de se plonger dans le cambouis avec les outils
que nous n’avons pas. Il descend les 12 km qui nous séparent d’Arrens
en roue libre. Selon lui l’éternel optimiste il y a toujours un garage qui
reste ouvert le dimanche, c’est la coutume dans ces petits villages valléens.
En fait de garage ce sont de sympathiques douaniers qui tentent de nous
dépanner. Leur bienveillance secourable est telle qu’ils se gènent les
uns les autres et qu’ils nous empêchent d’accéder à la moto. La panne
est néanmoins réparée. C’est François qui repart avec Néocide, c’est
plus sûr ! Mais, sur la route, il se fait gauler par des gendarmes en mal
de PV pour je ne sais quelle raison. Pour ne pas être en reste la Super-Néocide
se met à avoir des ratés, prémisses habituels à la panne totale. Mais
cette fois-ci elle est rentrée toute seule à la maison
pour se faire soigner comme une grande.

Copyright Collection JM Ollivier full exif

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ac24-Mar-2004 18:56
Intéressant cette remise en perspective sur des sujets actuellment mis à la mode par les médias. Merci pour l'information.