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Jean M. Ollivier | all galleries >> Scraps et souvenirs >> Secret pin's >> Dans le secret des Ollivier >> Compilé des meilleurs écrits et récits >> 14genealogie > Avec JM Ollivier et Robert, 1 an, à Luchon, été 1912 - Les déboires de JMJ Ollivier en 1914
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30-JUIL-1912

Avec JM Ollivier et Robert, 1 an, à Luchon, été 1912 - Les déboires de JMJ Ollivier en 1914

1914 : année de la mort de Joseph Jean-Marie Ollivier, père de Robert
1914 : année de naissance d’Hélène Cabanne sœur cadette de Maïté (voir plus loin).

Mon grand-père paternel est né le 13 Mars 1867 à Paris (XVII), et retrouvé mort le 29 Décembre 1914 sur la commune de Lons, au lieu-dit Taillis de Luchereau. Il est le fils naturel de Perrine Joséphine Ollivier, née le 31 Mai 1838 à Montenay en Mayenne, Cuisinière dans une famille de bourgeois parisiens. Il fut reconnu par sa mère le alors qu’il était âgé de 16 ans.
Marié à 29 ans à Elisabeth Blanche Froment, née le 4 Janvier 1877 , le 20 Octobre 1896 à Paris.
Naissance à Pau de leur fils Robert le 30 Mai 1911, après 15 ans de mariage. JJM avait 44 ans et Blanche 34 ans.


Circonstances de sa mort

Le rapport du Médecin-Chef Meunier au 18è Régiment d’Infanterie

18ème Région
Place de Pau
DEPÔT COMMUN DU 18è Rég. d’Infanterie
Le Médecin chef

Rapport sur le décès
du capitaine OLLIVIER, du 18è Reg. d’Inf.

Le 31 déc. [1914] à 2 heures, étant à l’infirmerie régimentaire, je fus averti par le lieutenant Th. HEID, commandant la 26è Compagnie, cantonnée à Billère, que le corps du Capitaine venait d’être trouvé dans un petit bois de la commune de Lons, à 3 km environ de Pau [Lieu-dit Taillis de Luchereau – existe toujours sur les cartes – je l’ai visité]. Je connaissais depuis l’avant-veille la disparition du capitaine et savais qu’on l’avait rencontré ce jour-là dans le voisinage de Billère.
Je partis immédiatement avec le lieutenant Heid et me rendis avec lui au lieu désigné : j’appris en route que la découverte du cadavre avait été faite à midi ½ par deux paysans, qui, par le plus grand des hasards, s’étaient ce jour-là rendus dans ce coin absolument désert, éloigné de toute habitation et hors de toute fréquentation, dans le but d’estimer une coupe de bois.
J’arrivai dans le bois par un temps pluvieux, et trouvai, gardé par une sentinelle et un sous-lieutenant de la Cie de Billère, le corps de l’officier. Il était froid et rigide, ce qui, dès la première rencontre, avait rendu inutile tout essai de soins. En attendant l’arrivée des autorités judiciaires, qu’on avait mandé, je constatai que le capitaine était mort assis sur le bord d’un terre, au pied d’une cépèe de chataigniers. La tête était décoiffée et déversée sur l’épaule gauche, laissant voir à la tempe droite, un large trou de balle, aux bords noircis. La main droite appuyée sur les genoux, tenait un révolver d’ordonnance, en position renversée, c’est à dire le pouce dans la gachette, position fréquemment adoptée par les suicidés pour rendre plus aisé le visé de la tempe. Le corps était déversé sur la gauchz et semblait choir, soutenu seulement par la jambe gauche, complètement repliée sous lui. De nombreuses taches de sang souillaient la main qui tenait l’arme, l’entrejambe du pantalon et le sol. Le visage était assez peu altéré, sauf les paupières gonflées et le bas de la figure un peu oedématié dans la partie déclive.
En soulevant la tête, je constatai que la balle entrée par la tempe droite avait traversé toute la boîte cranienne,dans la région de la base du cerveau et des nerfs crâniens, pour ressortir au-dessus de l’oreille gauche, dont le pavillon était déchiré : la mort avait donc été instantanée.
Le képi et le lorgnon étaient tombés dur le sol en avant du corps ; enveloppé dans sa pélerine, le capitaine ne portait pas de sabre.
Le juge de paix, le maire de Lons et la gendarmerie arrivèrent vers 4 heures ½ et devant le commandant Gillmann, commandant du dépôt et le lieutenant Heid, procédèrent avec moi aux constatations légales. Interrogé par eux, je déclarai que le suicide ne pouvait faire l’ombre d’un doute et que toute idée de crime devait être écartée ; j’estimai que la mort devait rmonter à l’avant-veille au soir, 29 déc. 1914, jour de la disparition du capitaine.
Je pris ensuite les mesures nécessaires pour faire transporter le corps, d’abord au cantonnement de Billère sur un brancard, puis à l’hôpital militaire de Pau dans une automobile que j’allai chercher ; après avoir fait la déclaration du décès à l’officier de l’état civil de Lons. J’accompagnai le corps jusqu’à l’hôpital, puis me présentais chez Madame Ollivier, déjà prévenue, pour lui rendre compte de ma mission.
Le Médecin chef de service
Du dépôt commun du 18è Régimt d’inf. D. Meunier
Pau,le 7 Janvier 1915

Transmis à Monsieur le Ministre de la Guerre, le 9 Janvier 1915.

Témoignage du docteur Meunier
Note manuscrite retranscrite.

Sur la demande* que m’en a faite Madame OLLIVIER, je résume ici les impressions que m’a laissées le capitaine OLLIVIER, pendant les cinq mois où, comme Médecin-Chef du dépôt du 18è Régiment d’Infanterie, j’ai eu l’occasion de le rencontrer fréquemment, soit à la caserne, soit chez lui.
Je connaissais depuis longtemps le Capitaine dont j’avais souvent apprécié l’énergie, le sang-froid, le dévouement aux siens.
Pendant la mobilisation et durant les trois premiers mois de la guerre (déclaration de la guerre le 28 Juillet 1914), je le rencontrais presque journellement à la caserne et j’admirais quelle extraordinaire activité il déployait pour satisfaire aux exigences formidables de son service, conscient de l’importance si grande de sa tâche, sachant qu’il devait, coûte que coûte, assurer l’équipement, l’habillement des énormes effectifs qui se succédaient au dépôt, il se dépensait sans compter arrivant presque, chaque soir, à une aphonie complète qui témoignait du travail de la journée.
Cependant, vers la fin Octobre, son humeur jusque-là excellente et enjouée commença à fléchir ; il devint facilement nerveux, irascible ; sa tâche se compliquait chaque jour et, parfois, il me confiait son ennui croissant de ne pouvoir faire face à toutes les difficultés de son service.
A la fin de Novembre, ayant eu son fils à soigner, j’eus l’occasion de voir le Capitaine presque chaque jour ; j’attribuais d’abord sa nervosité au souci qu’il pouvait avoir de son enfant [Robert était âgé de 3 ans et demi], mais comme ses préoccupations et un découragement ne firent que s’accentuer alors que l’enfant allait mieux et était tout à fait hors de danger, je compris que ces troubles étaient tous liés à des questions de service. D’ailleurs, il ne cachait pas ses craintes d’être insuffisant à sa tâche, il la trouvait écrasante de responsabilités ; c’était une obsession en même temps, il maigrissait et avait de l’insomnie. Je m’efforçais de le remonter, de le réconforter, je l’assurai que personne à sa place n’aurait pu faire ni plus ni mieux que lui ; qu’au surplus il avait sa conscience pour lui et s’il y avait eu des lacunes dans son service, les circonstances exceptionnelles que nous traversions les expliquaient et les excusaient bien naturellement. Je lui disais, en matière de plaisanterie : après tout, on ne vous fusillera pas.
Je croyais à un découragement passager comme j’en avais remarqué à la même époque chez d’autres Chefs de Service surmenés, mais rien ne m’avait fait supposer dans ses paroles ni dans ses actes, la possibilité d’une résolution suprême.
Cependant, le jour où j’appris son acte, je n’eus pas une minute d’hésitation et je fus convaincu, hélas trop tard, pour y remédier, que cet acte était la résultante de toute la série de fatigues, de tracas, de responsabilités et de soucis qui s’étaient accumulés depuis cinq mois, tout cela avait ébranlé l’équilibre cérébral de ce malheureux officier.
Parlant médicalement, je résumerai ainsi mon opinion : le suicide du Capitaine OLLIVIER est la conséquence certaine d’une défaillance mentale (cérébrasténie) provoqué par un surmenage physique et nerveux démesuré comme d’ailleurs de tous.

Signé : Dr. MEUNIER

*(Intelligente et fine mouche, ce n’est pas par hasard que ma grand-mère Blanche a effectué cette requête auprès du Dr. Meunier. Son mari l’avait (peut-être, sans doute) tenu informée des déboires auxquels était confronté son service. Elle pensait en savoir plus avec le témoignage du docteur pour, sait-on jamais, mettre en cause la Grande Muette, l’armée Il y a aussi dans cette requête une possible suggestion de son père, Froment

Remarques sur le témoignage du Dr. Meunier

Remarque préliminaire
Le Dr. Meunier a rédigé son témoignage à la main, d’une très petite écriture, sur un minuscule bout de papier. Se voulant très discret donc. Période de guerre oblige. Et n’a rien livré qui pourrait être compromettant pour l’armée, bien sûr. Blanche en a été pour ses frais.

Assez proche du Capitaine Ollivier, le Dr. Meunier en sait certainement plus qu’il ne l’écrit, mais il ne peut en faire état dans sa note, étant tenu par le secret militaire, surtout en cette période cruciale de début de guerre. A travers son témoignage, éminemment diplomate, on peut néanmoins déceler des indices qui se sont confirmées par la suite, malheureusement après la guerre.
Vers la fin octobre 1914 le médecin note :
… « son humeur jusque-là excellente et enjouée commença à fléchir ; il devint facilement nerveux, irascible ; sa tâche se compliquait chaque jour et, parfois, il me confiait son ennui croissant de ne pouvoir faire face à toutes les difficultés de son service. »
Une fois de plus la guerre n’avait pas été anticipée par les gouvernements français, ne serait-ce que pour s’y préparer et se défendre. Rien de nouveau sous le soleil. Dans de multiples domaines l’intendance n’a pas suivi, tout est allé trop vite en cette période de panique et de mobilisation générale débutée le 28 Juillet 1914. Equiper, équiper, équiper était le mot d’ordre général. Mais avec quoi ? Aucun stock de quoi que ce soit n’avait été prévu. Il n’y avait même pas de quoi transporter les troupes sur le front qui se rapprochait dangereusement de Paris. En septembre 1914 notre pitoyable armée dut faire appel aux taxis parisiens pour transporter les soldats sur le front de la Marne. C’est présenté comme un fait d’armes glorieux, ce n’est qu’un fait d’armes minable d’une armée proche de la déroute par manque de préparation et de matériel. Une caricature d’armée en ce début de guerre, dirigée par des incompétents notoires qui envoyaient au casse-pipe de pauvres jeunes gonflés de propagande et qui s’imaginaient reconquérir l’Alsace et la Lorraine en deux coups de cuiller à pot, sans se fouler, et rentrer faire les foins à la ferme à la fin de l’été.
Au milieu de cette débandade du début de guerre, le gouvernement ayant ratissé jusqu’au plus profond des campagnes tout ce qui pouvait tenir un fusil, fit venir une multitude dans les casernes pour qu’elle soit équipée et armée. Pau et son immense caserne Bernadotte (5000 places) ne faisait pas exception, bien au contraire. Toute la belle jeunesse du Béarn, du Pays Basque et d’ailleurs y affluait en masse avant de repartir par le train vers les lieux de combat, en principe dûment habillés et équipés. Mon grand-père maternel, Alexandre Cabanne, né en 1880, demeurant à Pau, fit partie des effectifs qui transitèrent par la caserne.
Le capitaine Ollivier était responsable du service habillement de la caserne (sur ses états de service il figurait comme capitaine d’habillement). Ne disposant de pratiquement aucun stock d’habits militaires sur place, il dut faire des pieds et des mains pour que les entreprises régionales réalisent au plus vite des milliers d’uniforme. Ce n’est pas en claquant des doigts que les usines d’habillement peuvent se convertir en fournisseur de l’armée afin de pourvoir aux commandes urgentissimes du capitaine Ollivier. Et pendant ce temps l’armée demandait de plus en plus de jeunes recrues pour boucher les trous des bataillons ayant subi de véritables hécatombes de jeunes Français (27000 morts pour la seule journée du 22 août 1914).
Ce n’était plus équiper, équiper, équiper, mais vite, vite, vite, nous manquons de chair à canons. Et c’est ainsi que, dans une incurie incroyable, des jeunes gens partirent au combat avec simplement leurs tenues civiles sur le dos. Ce qui est contraire aux lois de la guerre. Tout civil pris les armes à la main par l’ennemi est exécuté sur place, car n’étant pas considéré comme prisonnier de guerre. Et les Allemands ne se sont pas privés de fusiller nombre de petits français faits prisonniers et mal habillés par la faute d’une administration irresponsable quant à leur équipement et une armée peu regardante quant à la tenue des pauvres ères qui se sont faits tuer à cause d’elle, tant au combat que prisonniers.
Ces faits tragiques ont concerné des hommes que la caserne Bernadotte n’avait pu habiller correctement, faute de disponibilités immédiates de vêtements idoines. Et c’est bien sûr revenusoldats aux oreilles du capitaine Ollivier qui, dans son honnêteté, s’est senti responsable de la mort de ces jeunes qu’il n’avait pu vêtir à temps (« il ne cachait pas ses craintes d’être insuffisant à sa tâche », écrit le toubib Meunier. Fatigué, surmené, il n’a pas supporté cette nouvelle épreuve. Sans compter que certains ont dû appuyer là où ça fait mal pour ne pas arranger la situation du pauvre capitaine. C’est toujours ainsi, quelle que soit la collctivité. Les yakafocon existent partout et se dépêchent de venir au secours de la victoire, et d’enterrer un innocent sans défense.
Le pire dans cette est histoire est que des rumeurs, sorties d’on ne sait où et du genre y’a pas de fumée sans feu, ont tenté d’accréditer la thèse de l’enrichissement personnel du capitaine Ollivier par des magouilles faites aux dépens de l’armée aux abois qui ne pouvait pas tout contrôler, et que, démasqué, il avait été contraint de se suicider en allant se pendre dans le bois de Pau, situé au nord de la ville.
Parmi les colporteurs de cette vilainie, que personne évidemment n’a contrôlée ni contestée, on trouve l’inénarrable Lucienne Cabanne, toujours prompte à jouer l’informée, surtout si ça peut plomber la famille Ollivier. Je me demande aussi si ma mère, Maïté Cabanne et sœur de Lucienne, n’était pas complice, elle qui était en perpétuel conflit avec son mari, un Ollivier comme par hasard. Lequel n’était pas en reste pour critiquer les Cabanne,par ailleurs. Mais de là à démolir une réputation pour l’éternité… il y a un pas que certains ont osé franchir sans scrupules et en toute inconscience.

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