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Jean M. Ollivier | all galleries >> Moments >> HERVÉ >> 1958 et 1959 Les années spéléo > Hervé Butel et Jean Minville - Grotte de l'Ours à Gourette, Avril 1959.
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Avril 1959 jmo

Hervé Butel et Jean Minville - Grotte de l'Ours à Gourette, Avril 1959.

Et gouffre d' Esparros 26/2/61

Dimanche 26 Février 1961 – Visite partielle du Gouffre d’Esparros
Equipe : Hervé, Jean, JP Besson accompagné d’une dizaine de spéléos.

Rappel : en 1959 une petite expédition composée de Bernard Clos (qui connaissait déjà le gouffre), Hervé, Robert et moi, avait exploré tranquillement la plus grande partie de ce réseau magnifique, mais malheureusement déjà pollué par une trop grande fréquentation, et quelquefois saccagé, les superbes fleurs et stalactites de gypse étant très fragiles. [Un très beau livre de photos paru dans les années 1940 est en quelque sorte responsable de ces dégâts. Les auteurs n’imaginaient sans doute pas l’irresponsabilité fautives d’éventuels visiteurs mal éduqués

Dimanche 5h du matin. Je me réveille en sursaut avant que le réveil ne sonne. Oui, c’est bien aujourd’hui que nous allons à Esparros. J’ai organisé cela avec JP Besson, enfin remis de ses émotions de septembre dernier, très curieux de connaître cette merveille. La spéléo est son domaine de prédilection
A 6h moins 5 j’entends la moto de Hervé (il vient d’acquérir une vieille 125 sport auprès d’un copain de classe) passer en trombe Chemin Béziou à l’ouest et non loin d’El Patio. Malgré l’interdiction absolue de ses parents (il n’a pas de permis, donc pas d’assurance) il a enfourché l’engin pour aller plus vite. Inconscience Herwickienne typique.
Nous rejoignons l’armada Besson à son domicile. Il a rameuté le ban et l’arrière-ban de la spéléologie paloise. 3 voitures et dix participants.
La route se fait assez paisiblement, JP Besson est très prudent. Le spéléo C. Bellemont joue de l’harmonica de temps en temps pour distraire les passagers de la voiture et calmer l’attente fébrile.
Sur le parking d’arrivée tout le monde se met en tenue, se casque comme il se doit, mais ne se presse pas. Peu avant de parvenir à l’entrée du gouffre je trouve le moyen de réactiver les douleurs d’une vieille foulure du pied droit que je traîne depuis un mois ½.
L’installation et la descente du premier puits prend du temps. De couloirs en salles, avec parfois quelques hésitations, nous parvenons au fameux « canon ». C’est un boyau cylindrique assez long dans lequel souffle un fort courant d’air et dans lequel il est impossible de se retourner. Belle curiosité naturelle. Claustrophobes s’abstenir. Ce « canon » donne accès aux vraies merveilles du gouffre d’Esparros.
Pas question d’y trimballer les sacs. Aussi décidons-nous de casser la croûte ici. Aussitôt tout le monde s’installe. Quelques-uns ont amené des réchauds et font cuire leur graille, d’autres ont amené des bouteilles de cidre. Je dis bien des bouteilles, en verre ! Quand je pense à la frugalité de nos expéditions à Hervé et moi ! Enfin, ici, c’est la grande bamboula. Une lampe à acétylène, alimentée à l’urine (alors que certains ont amené des litres de cidre, ou est l’économie ?) éclaire tout ce petit monde et lui donne un air de famille tout à fait débonnaire, 10 personnes joyeuses réunies sous de grandes stalactites jaunes.
Il faut quelque peu secouer tout ce beau monde qui aurait tendance à rester là faire la sieste. Hervé est le premier à s’engager dans le boyau. Il traîne une corde pour tirer les sacs dont nous aurons besoin. Sa progression est normale jusqu’à un arrêt prolongé. ?? Un furieux cri d’angoisse et de colère, étrangement déformé par l’écho, nous parvient alors depuis le fond du canon, porte-voix de choix :
« C’est fermé !! »
C’est fermé ? Lorsque nous y étions venus lors des vacances de Noël 1959 avec Clos et Robert nous avions pu observer des restes vieilles charnières et de porte et avions donc bénéficié de l’effraction de prédécesseurs. Les gardiens du temple (Norbert Casteret, l’auteur du livre sur Esparros, ou Bidegain, industriel sportif de Pau, sont revenus installer un fermeture. Il faut désormais une clé pour continuer la visite. La rage nous a aveuglés sur le moment, les épithètes les plus infamants étaient amplifiés par les échos de la caverne. L’aurions-nous su nous nous serions procurés la fameuse clé.
En attendant certains proposent de défoncer l’obstacle. Mais l’endroit n’est pas propice au bricolage sans outillage approprié. Tout le corps est coincé dans un tube de 40 cm de diamètre, ce qui limite les mouvements pour utiliser les outils. Je me propose pour essayer d’éliminer l’obstacle, et réclame quelques outils sans me faire trop d’illusion sur leur disponibilité. A ma grande surprise et comme par magie scie à métaux, pinces, marteaux (dont le mien et un piton), burin sortent des sacs ! Terrible !… Mais insuffisant pour défoncer la porte de fer épaisse, consolidée par une énorme armature et fixée à de formidables charnières. Le tout fermé par un cadenas, pas très gros, mais placé dans un endroit difficile à atteindre. Le ciment est la seule matière qui cède assez facilement, mais il est d’une épaisseur très importante. 4 heures d’acharnement ne servent à rien. Il faudrait de l’explosif, ce qui est impossible pour nous et tout à fait exclu. Il aurait été plus rapide d’envoyer une estafette chercher la clé à la mairie. Mais c’est dimanche… Nous renonçons donc et regagnons la surface où il fait meilleur que dans le gouffre. Besson y reste un moment pour topographier.
La journée n’est pas finie, il nous reste du temps pour faire quelque chose. La rencontre d’un couple (dont une jeune fille ou femme agréable) nous indiquent des grottes situés non loin d’ici, près du village de Lortet. Nous y allons donc.
Ce village est dominé par des falaises relativement hautes en formes d’aiguilles et crevées de trous. Nous y montons. Elles sont fortifiées et tout a l’air très ancien. Un escalier en colimaçon très raide et étroit permet d’accéder à la plate-forme médiane qui coupe le milieu de la falaise. On dirait du gruyère. Et lieu idéal pour admirer un coucher de soleil délicat derrière le Casque de Lhéris. Lortet s’étale à nos pieds le long du gave. Les falaises tombent vertigineusement à nos pieds.
Nous partons à 19h30 et lorsque j’arrive chez moi à 21h30 et tout le monde fait semblant de s’étonner que nous n’ayons pas bivouaqué !


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