Hervé Butel au premier plan le jour de la "découverte" de Sesto
à l'occasion de recherche de cavernes.
Dimanche 22 Novembre 1959
Equipe Hervé-Jean. Véhicules : vélos. Trajet : Pau-Arudy et retour.
Dièdre de la voie du Bloc Coincé.
Partis à 7h1/2 du matin, arrivés à 9 heures. Escalade à 11 h à cause
de la bruine. Avons choisi ce qui nous paraissait le plus facile.
Cependant juste après le départ [de l’escalade] il faut mettre un
piton d’assurance, puis deux en suivant pour la progression, puis
encore un autre toujours pour l’assurance et qui permet d’arriver,
après des dalles inversées, sur une petite plate-forme où il y a un
nid d’aigle fait de gros branchages [il s’est avéré plus tard que
c’était plus prosaïquement un nid de grands corbeaux – constatation
faite lorsqu’ils ont installé leur nid 15 mètres plus haut, dans
un coin tranquille. Ndlr]. Là je mets deux pitons d’assurance (1 laissé).
De là un autre piton permet, avec étrier, la progression facile
entre deux gros blocs et l’on débouche sur une petite plate-forme
déversée deux mètres plus haut. Un cornière assure.
Un surplomb fendu d’une large fissure domine la plate-forme ;
impossible d’y placer un piton. Sur la gauche la sortie d’un
toit permettrait de s’en tirer. Ayant posé deux pitons et un étrier
je tente le passage. Mais n’y arrivant pas je mets deux autres
pitons à la sortie du toit, pose l’étrier, mais crevé n’arrive
pas à m’élever (un autre piton aurait été nécessaire).
Herr Wick y est envoyé ensuite, mais ne manifeste pas de sentiments
vifs de conquête et on doit abandonner les lieux en rappel en y
laissant 6 pitons qui seront prêts pour la prochaine fois.
(On pourrait passer par la fissure avec de gros coins de bois, on essaiera).
Dimanche 20 Décembre 1959
Equipe Hervé-Jean. Véhicules : vélos. Trajet : Pau-Arudy et retour.
Dièdre de la Directissime
Départ à 5h45.
Retour à Pau à 19h en ¾ d’heure (record).
Avec un temps assez beau qui renouvelait agréablement l’aspect de la paroi, nous avons attaqué à 9 heures.
J’enlève les quatre pitons de la fausse voie (voir le croquis) pour me réchauffer et Hervé attaque la fissure en tête, comme il le désirait.
Après quelques efforts, un piton et une cornière posés, il réussit à se rétablir dans un creux assez étroit, juste au-dessus de la fissure en surplomb. De là il cherche à s’élever avec un piton. Mais il n’arrive pas à en planter de solides. Le seul qu’il posa, une cornière, partira comme du beurre. [spécialité de Hervé, comme on le verra plus tard].
A mon tour.
Je grimpe jusqu’au creux dans lequel on est très mal à l’aise, les jambes coincées au fond, ou bien le corps déversé en arrière. A cet emplacement on n’est pratiquement pas assuré. Après une gymnastique épouvantable je rejoins les étriers suspendus aux pitons inférieurs ; puis j’essaie de trouver une bonne fissure. Il n’y en a pas apparemment. Quelques prises donnent l’illusion d’une sortie en libre. Mais la prudence nous fait délibéremment abandonner ce système. Il est difficile de savoir comment cela se terminera, et, sans pitons on ne peut plus redescendre. Je plante tout de même un piton dans une bonne fissure cachée sous la mousse. Je m’élève ainsi et peut placer un autre piton, duquel j’en place un troisième sur la gauche sans trop de mal. Rétabli sur ce dernier, j’en mets un double encore, un peu plus haut et, assoiffé et affamé (il est un heure de l’après-midi) je redescends.
A deux heures de l’après-midi, Herr Wick reprend l’attaque. Un piton (qu’il a posé) cède mais un de mes (bons) pitons arrête la chute fatale. Il ne se sent pas si bien. Reprend l’assaut, rejoint mes derniers pitons sans difficulté. C’est alors que les ennuis commencent. A l’aide de quelques pitons il émerge sur une vire herbeuse bien plus étroite que ce qu’il nous avait semblé d’en bas. Il la débarrasse consciencieusement des pavés qui l’encombrent, la traverse, monte légèrement, et se place sur une autre petite vire peu sympathique à ce qu’il paraît. Il y fixe un piton et m’attend. Il ne peut parvenir à faire monter la corde, bloquée par tous les mousquetons. J’essaie de grimper à la force des poignets ; accroché d’une main à la corde, je fixe un étrier à la première cornière, mais le temps et la fatigue se faisant sentir, je ne continue pas, car de plus je ne suis pas assuré. Herr Wick prépare alors la descente. Cela lui prend une heure !
En équilibre sur un gratton il prépare les cordes. A la descente il récupère les mousquetons.
Pendant ce temps, moi en bas qui râle un peu, passe mon temps à aménager le bas de la paroi qui serait sans doute très bien sans toute cette végétation qui l’encombre. La prochaine fois j’emmène une machette et l’on verra ce qu’on verra ! De plus un chemin transversal au milieu des buissons serait beaucoup plus pratique que la montée inutile pour rejoindre les endroits dégagés.
Foin de ces considérations pour l’instant : le rappel installé par Hervé se bloque et il doit remonter les vingt mètres à la force des poignets. Quel travail !….
Puis c’est le départ précipité vers Pau que nous rejoignons en ¾ d’heure à un train d’enfer. C’est la mort !!!
Croquis de la voie, avec pitons et diverses indications et commentaires :
« Avancée : 1 longueur de corde (environ 30 m) – La vire permet de rejoindre le deuxième relais de l’escalade précédente. Bonne plate-forme. Sinon un toit semble permettre de rejoindre une fissure oblique, et puis après ? Ou alors, en partant du deuxième relais, passer le surplomb… ? »