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FEV-1962 jmo

Neocide, première du nom, prête pour une rando. Naisance d'icelle

El Patio - Pau

Ce fringant coursier a pris le relais des vélos
Néocide est née
Soirée Néocide - Foufouland

Vendredi et Samedi 23 et 24 Février 1962 – Néocide !

Jour Néocidique ! Néocidisation de l’itinéraire Pau-Arudy. Enfin, j’en ai une ! C’est pas un dard, elle ne tire pas le tonnerre, mais c’en est une !!
Une moto bien évidemment, Néocide. Une antiquité française Motobécane, monocylindre 125 cm3, soupapes latérales, levier de vitesse à main et embrayage au pied. Dénichée par papa Fougère dans son ancien garage d’Aressy (garage Boyer) où elle dormait depuis 15 ans. Le prix était dérisoire. Mais ai-je payé quelque chose ?
Brave papa Fougère qui s’est démené toute une semaine durant, courant de-ci, de-là, me rendant visite matin, soir etc… jusqu’à vendredi soir dernier pour la mise au point dans le garage d’El Patio en compagnie de Marie, Mme Fougère et François. Mam fait leur connaissance et lie conversation avec Denyse.
Néocide se met à revivre au milieu de vapeurs grisantes d’essence et d’huile brûlée. Le premier run se fait dans l’allée de la propriété et dans l’avenue de Lons, sans être vraiment convainquant : la pauvre vieille avoue son âge, elle est d’une molesse exaspérante. En comparaison Maw-Maw (nouvellement nommée Mahaut) s’avère être un « racer » fulgurant. Pour le moment le principal est qu’elle roule ! Je n’ai pas de casque, peu importe ce n’est pas obligatoire, et je possède la partie code du permis de conduire véhicules légers, suffisante pour piloter un 125 cm3 (j’ai échoué à la pratique en me faisant traiter d’anglais parce que je serrais à gauche pour tourner à gauche - rue d’Orléans-place de Verdun). Et pour payer l’assurance et mettre un peu de « coco » dans la bête mon petit revenu de cours particuliers me suffisait. Et voilà comment on rentre dans le monde béni de la consommation…
Samedi grand branle-bas ; Hervé sur Mahaut et moi sur Néo-Cid qui, au fait, serait mieux en Néhaut-Cid ou Néhaut simplement [Sur le long terme c’est Néocide qui sera conservé] nous déboulons au Foufouland pour prendre François [Lequel héritera plus tard d’une moto Peugeot 250 cm3 bicylindre d’un look totalement ridicule et dont il se servira peu].
Et en route pour de nouvelles aventures. Néocide renacle déjà dans la montée du chemin qui part du Foufouland, et encore plus sur la route étroite et raide qui monte vers Gan depuis le quartier Rapatout [où les plus jeunes Fougère faisaient leurs premières classes avec la terrrible Mlle Crusalèbe]. Il faut courir à côté de la moto pour l’aider, un comble. Et cela se répète dans le Moure. Elle fait semblant de parvenir à surmonter l’obstacle et ce jusqu’à mi-cote, puis réclame de l’aide pour la terminer. Le spectacle réjouit les automobilistes qui nous dépassent en envoyant des coups de klackson goguenards. Je suis trop essouflé pour leur répondre.
Rendus à Arudy ce n’est pas l’énergie qui nous caractérise, étant assez flagada à cause de la veillée tardive d’hier soir au chevet de mon troisième âge mécanique. Nous grimpaillons donc un peu, sans enthousiasme François et moi pendant qu’Hervé s’occupe d’un pet de travers de Mahaut. Nous montons au groupe des Dalles dont nous grimpons la Cheminée. Pour parcourir ensuite une arête facile mais curieuse avec vue sur la falaise impressionnante de l’Ouest du défilé [Futur Groupe GSIP ?].
La route du retour se fait sans encombre, à l’exception d’une panne de lumière (bien grand mot pour le pâle lumignon qui doit éclairer la route), vite réparée. Comme de bien entendu Néhaut fonce tel le dard dans les descentes, comme pour se rattraper de ses faiblesses. Piètre consolation.
L’agréable soirée passée ensuite au Foufouland relativise ces petites déceptions qui deviennent des sujets de gaitée et de rigolades pour les grands et les petits. Comme j’aimerais que cela dure toujours. Ces sympathies bienveillantes me comblent d’un inexprimable bonheur [heureux contrepoint à l’inexprimable malheur de ma propre famille].

Dimanche 4 Mars 1962 - Soirée Néocide à El Patio et soirée joyeuse au Foufouland

Néhaut marche de plus en plus mal durant la semaine. Je n’y pigeais rien, tout me semblait correct. Ma faible, voire inexistante, culture mécanique trouvait là ses limites. Sur quel réglage faut-il agir ? L’allumage était bon (les bougies crachaient des étincelles), la culasse propre, le joint étanche, les soupapes bien nettoyées et s’appuyant sur des sièges correctement rodés, donc étanches (la compression était bonne). J’ai démonté le moteur plusieurs fois, sans résultat. Où pouvait bien se cacher le mauvais génie source de mes ennuis ?
Vendredi soir le 2 Mars, désespéré, je ne vais même pas à la gare, malgré François qui rentre exténué de Bordeaux, malgré les doux yeux bleus de Marie, malgré la bienveillance de son père. J’ai le sentiment de faillir vis à vis de ma famille d’adoption… détestable sentiment.
Ne trouvant «personne» à la gare la famille Fou-Fou se déplace chez Hervé, puis à El patio aux environs de 23h30. Je n’attendais personne et chose extraordinaire etant donnée l’heure je suis au lit ; c’est Hervé qui vient me réveiller. Je conte mes misères mécanistiques, ému et heureux de cette visite impromptue, tout à fait inattendue ainsi que délicieuse.
Malgré l’heure (le bonheur n’a pas d’heure) nous nous retrouvons au chalet suisse. Une mémorable partie « d’assassin » nous met en joie fort tard dans la nuit. Sentir une chevelure féminine ou caresser un sein juvénile ou une fesse bien ferme dans l’obscurité la plus totale, y a-t-il plaisir plus grand pour un « assassin » ? La vie est ainsi faite.
Avant que je ne parte papa Fou-Fou me conseille de roder à nouveau les soupapes. Je renouvelle donc l’opération ; seule la compression y gagne un peu.
Samedi c’est pis, ai-je écrit. L’après-midi je retourne au Foufouland en poussant Néhaut à chaque raidillon. La perspicacité de papa Fougère fait merveille. Il se rend compte que l’allumage (des bougies) est complètement déréglé, l’allumage de la bougie ne prenant effet qu’après le pic de compression. En le recalant juste avant le pic de compression le sortilège devrait être levé.
Dès que le dispositif est remonté je saute sur la selle de Néhaut en fonce en descente dans le raidillon qui conduit au terre-plein du chalet. En pleine accélération je pars comme un fou. C’est peut-être la descente pensè-je, haletant. Mais sur le replat boueux qui suit Néocide arrache tout et se rue en avant. Je ne me tiens plus de joie, enclanche la seconde vitesse et remonte à toute biture le raidillon que je viens de descendre, dépasse Marie qui transporte Odile sur le porte-bagage de son Solex dans le tonnerre du moteur dépourvu de pot d’échappement. Je pousse ensuite jusqu’à la route où je fais demi-tour au niveau d’un groupe de filles (des guides ?) qui arpentent la Vallée Heureuse à pied. Et dans un rugissement vengeur Néhaut avale le premier raidillon du chemin historique foufoulandais avec une facilité dérisoire. Il est maintenant loin le temps où il fallait la pousser tout le temps. Elle va même trop vite en première. Edouard s’installe sur le porte-bagage pour franchir le dernier raidillon, celui du chalet et l’équipage déboule à fond de train sur le terre-plein. Enfin ! Papa Fougère est radieux. Quelle joie ! Néhaut est maintenant une vraie moto.
Youpiiii !!! Grandes aventures et longue vie… [vœu pieux qui a peut-être servi à quelque chose – voir la suite].


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