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Blanche Froment

1877 Année de naissance d’Elisabeth Blanche Froment, ma grand-mère paternelle.
Naissance de Thérèse Sarrailhé, soeur de Mamie Sarrailhé, ma grand-mère maternelle

Naissance d’Elisabeth Blanche Froment, le 4 Janvier 1877 à Paris, 17 rue
Vineuse (XVIème), décédée le 7 Février 1958 à Pau, 7 Avenue de Lons, à 81 ans.
Elle est l’aînée des 4 enfants d’Antoine Froment : Blanche, Louis,
Lucien et Lucie.
Blanche est un vrai caractère, c’est pour cela qu’elle ne fut pas
toujours appréciée à sa juste valeur en particulier par sa belle
-fille, non exempte des défauts qu’elle attribuaient à sa belle-mère
. Et laissée seule dans son coin. Malheur. Comme la vie aurait été
douce pour les enfants si ces adultes avaient mis un peu d’harmonie
dans leurs relations.

Notes écrites par moi au début des années 2000, alors que j’étais
en pleine généalogie.

Blanche et Robert
Marraine [ma grand-mère Blanche] avait acquis une solide
philosophie de la vie, sans pour autant être encline à se laisser
marcher sur les pieds. Excepté par son fils, sa faiblesse…
Elle retrouvait facilement sa gouaille parisienne et un langage
coloré servi par un accent qui ne l’avait pas quitté accompagné d’un
débit de mitrailleuse qui clouait sur place les importuns et les
malpolis. Elle n’avait peur de rien ni de personne et il ne fallait
surtout pas la provoquer. Elle était restée parisienne, du XVIème
d’accord, mais de l’époque où cet arrondissement jouxtait de près
la banlieu paysanne. Son père Antoine ne dut-il pas combler le puits
d’une ancienne ferme pour pouvoir bâtir l’un de ses immeubles de la
rue Vineuse, et le Préfet de l’époque (1895) s’inquiétant de
l’approvisionnement en eau de l’immeuble prévu si cette source était
tarie ? [Source : archives d’Antoine Froment].
Blanche n’avait peur de rien, c’est vrai, non par inconscience,
mais parce qu’elle était courageuse. La façon dont elle est morte
a révélé à quel point cette qualité de courage faisait partie de sa personne.
Mais peut-être était-elle habituée aux grandes épreuves ? Ses
frère et sœur sont morts très jeunes. Lucie n’a vécu que 10 jours,
Lucien 12 ans, et son frère le plus âgé aura vécu le temps d’aller
attraper une maladie mortelle en Afrique [c’est lui qui a ramené des
ouvenirs d’Afrique – fragment de peau d’hypopotame, casse-tête en ébène,
œufs d’Autruche fièrement exposés à El Patio et disparus avec elle, etc…].
La tuberculose la frappa alors qu’elle venait de se marier (mariage
le 12 Octobre 1896). Elle en réchappa quasi-miraculeusement mais dut
quitter Paris afin de respirer un air meilleur. Son mari militaire
demanda sa mutation et ils séjournèrent quelque temps à Mont-de-Marsan
– une horreur pour une parisienne. Puis Joseph et elle s’installèrent
à Pau en 1907, rue Bayard face à la caserne Bernadote, lieu d’affectation
de Joseph, désormais capitaine d’habillement – cause indirecte de sa mort en 1914.
La vie s’écoula paisiblement à Pau, avec sans doute un brin d’ennui
pour Blanche, loin des fastes de la capitale qui l’avaient tant éblouie
durant sa prime jeunesse et qui la faisait d’autant plus rêver qu’elle en
était coupée. Le climat lui convenait, surtout la douceur des hivers qui
avait attiré les Anglais dès le XIXème siècle – et même des Américains !
C’est durant ces premières années peinardes que naquit le petit Robert
le 31 Mai 1911. Blanche avait, sans s’en douter, créé là son tourment sur
terre – le parasite ultime d’une lignée de rentiers [à l’exception nuancée
d’Antoine son père qui créa une petite fortune en faisant prospérer de
confortables héritages] juste bon à profiter avec mépris du travail de
ceux qui ont vécu avant lui et sans souci aucun pour ce qu’il adviendra
après lui. L’égoïste parfait.
Mais que serait-il advenu sans ce coup de tonnerre provoqué par la
déclaration de guerre de 1914 ? Le petit Robert avait à présent trois
ans et demi et son père venait de mourir. Prise entre l’instinct d’enfant
et le refus tardif de cet enfant une fois né, Blanche avait affiché jusque
là une royale indifférence pour lui. Elle estimait que ce « gosse » était
venu un peu par hasard ou par faiblesse troubler sa tranquillité. N’était
-elle pas restée 15 ans avec Joseph sans enfant ? Cela dénote bien un mode
de vie – très moderne pour l’époque – qui satisfaisait la petite parisienne
qui voulait rester jeune et séduisante. La maternité et ses horreurs
concomitantes, très peu pour elle !
A peine avait-elle accouché [contrairement à ma mère pour ses enfants
elle ne parla jamais de cet événement] qu’elle se débarrassa du nouveau-né
qui ne s’appelait pas désiré, en le confiant à une nourrice – femme estimée
puisqu’elle figure dans l’album de famille. Puis plus tard Robert fut
élevé par une sorte de gouvernante. Blanche déléguait ses responsabilités
de mère et pouvait vaquer à ses occupations, nullement perturbée, semble-t-il,
par un quelconque instinct maternel. Insouciante de l’avenir, comme si
ce mioche allait rester mioche toute sa vie. On ne retrouve Robert aux côtés
de sa mère devenue veuve que beaucoup plus tard, la gueule triste, sans
son père. La scission était faite malheureusement. Ce père lui manquera à
jamais et il se vengera sur sa mère, seule, isolée, affaiblie moralement
mais toujours combattante – telle que je l’ai connue.
Blanche avait peut-être voulu cet enfant – à moins que ce ne fût
Joseph – mais elle ne supportait pas de l’avoir eu – sale gosse
disait-elle encore de lui 40 ans plus tard. En outre, pour une parisienne
vive et dégourdie comme elle, cet enfant apparaissait terne, maladroit,
timide, effrayé par un rien, indigne d’elle. Non pas que Robert fut
stupide, loin de là, mais il réagissait avec cette maladresse qu’ont
les enfants qui ne sont pas aimés et auxquels on n’accorde aucun crédit,
aucune confiance. En résumé, la vie lui faisait peur.
Au départ il y avait donc eu un père militaire, pointilleux et carré,
mais doux et conciliant à la maison [son écriture en atteste]. Une mère
lointaine, pouvant se montrer dure, qui, de toutes façons, n’aimait pas
les petits « écrats » comme elle disait et préférait ses petits chiens
qui ne lui apportaient ni contradiction ni contrariété, que de l’amour. Cela lui suffisait. D’avoir écarté Robert de ses préoccupations lui est revenu dans la gueule tout
le restant de sa vie et quoiqu’elle fasse pour lui.
Lasse de vivre seule, claquemurée dans son appartement de la rue
d’Etigny avec son fils unique, unique source de tous ses soucis, lasse
de ces « thés » snobs de la petite bourgeoisie paloise, lieux privilégiée
de la cancanerie et des conversations creuses, elle décida de se marier
et se mit à « draguer » (voir la déclaration enflammée, sur le mode Toi
et Moi, qu’elle lui envoya – chose que le destinatare était bien incapable
d’apprécier). Le parti qui lui semblait idéal – selon les critères
infaillibles énoncés par son père Antoine : serait un fonctionnaire au
revenu assuré, n’ayant jamais été marié, propre sur lui – et s’il n’est
pas aussi beau que son premier mari peu importe. Peut-être va-t-il m’aider
à élever ce sale gosse qui me fait faire tant de soucis et qui ne m’écoute
plus, pensait-elle en elle-même. Enfin quelqu’un sur lequel s’appuyer et
aussi l’aider à gérer les locataires des immeubles de la rue Vineuse,
une source de soucis. Car, de son côté, Robert grandissait et devenait
de plus en plus infernal avec sa mère, il n’en faisant qu’à sa tête.
Sans attendre l’approbation de son fils, Blanche alla se marier à
Paris le 11 Juillet 1929 avec le prototype de ce qu’elle pensait être
l’homme idéal, l’occasion de le présenter à ses parents et essayer de
tirer une dot substancielle de son père. Lequel devait commencer à enrager
devant les choix de sa fille préférée. Que des sans-le-sou, bien que
fonctionnaires ! Je ne sais si Robert fit partie de la fête. Je pense
que non. Les relations avec son grand-père n’étaient pas au beau fixe
depuis le séjour chez lui en tant que supposé étudiant. Et d’un autre
côté, il a sans doute méprisé d’emblée le nouveau compagnon de sa mère,
un être pusillanime et sans envergure, sans autorité, quelqu’un que Blanche
pouvait faire marcher à la baguette, ce qui lui convenait parfaitement.
Et quant à s’occuper
de Robert…
Lequel Robert, après une aventure mémorable l’année du bac (1927)
(Ref), ne pensait qu’à courir la montagne. Et en juillet 1929 il était
en montagne justement, seul [Cf. son Carnet de course]. Il a 18 ans et
ne tient pas à s’en faire co
mpter par cet Eugène de rien du tout, aux antipodes de ses aspirations.
Je le plains cet Eugène.


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