Croquis : GSIP Secteur de la Grotte
Mardi 13 Avril 1965 – GSIP, voie de la Grotte.
Chantal-Jean
Autres participants : Gérard Blaise, Jean-Claude X et trois minettes :
Choupette (Danielle), Dominique et Bernadette.
Véhicules : 500cc RGST et divers.
Le temps reste pourri, mais nous partons quand même en moto
Chantal et moi. Objectif : la voie de la Grotte au GSIP.
Gérard Blaise et son ami Jean-Claude X ont investi la grotte
du GSIP accompagnés de trois minettes. Outre la petite amie de
Gérard, Choupette, Dominique et Bernadette complètent la brochette.
Tout ce monde dort dans la grotte qui est devenue un mini lupanar.
On est prié de s’annoncer lorsqu’on arrive à proximité de l’abri
! Il n’est pas exclu que certains aient été conçus dans la grotte
préhistorique en ces temps reculés. En voilà de chouettes racines
à nulles autres pareilles.
Nous attaquons la voie de la Grotte alors que « dehors » il pleut
à verse. Le départ de la voie et déjà dur et la pauvre Chantal
s’empoisonne avec les étriers. Au-dessus mon matériel ne me permet
pas de passer tout à fait par la voie de Seigneur et la ligne d’artif
que j’emprunte est assez dure et sa sortie en libre est très aérienne.
Chantal se débrouille bien dans cet enchaînement de passages. Le
jour baisse. Au-dessus du relais une succession de passages en libre
et en artificielle se termine par un passage très aérien et très
difficile. Il fait maintenant nuit noire.
Nous rejoignons les autres à la grotte, complètement trempés.
Après un thé qui se fait attendre et un feu qui fume beaucoup
nous levons le camp très tard en profitant d’une courte accalmie
de la pluie. Rue Bayard un bon café au lait offert par la mère de
Chantal, de bonne humeur pour une fois, nous réconforte.
Jeudi 15 Avril 1965 – Grosse pluie, équipement de la Directe de
la voie de la Grotte au GSIP (qui deviendra la Noire).
Chantal-Jean
500cc RGST
Ce mois d’Avril est pourri de chez pourri. Il pleut tout
le temps (le long déluge des printemps pyrénéens, écrivait Russell).
Malgré la merde perpétuelle qui s’abat tout le temps sur
la région nous prenons la moto direction Arudy. La douche redouble
dès la sortie de Pau et à Arudy la pluie est continuelle, à part
une courte éclaircie qui nous donne de faux espoirs. Les grimpeurs
qui campent à proximité du rocher sont au désespoir et commencent
à plier bagage [est-ce la fois où Marie était venue camper avec des
copains ?]. C’est la débandade.
J’attaque la Directe de la voie de la Grotte au GSIP et l’équipe
de 4 pitons et de 2 golots à grand peine. Pour récupérer de tous ces
efforts un chocolat est le bienvenu.
De retour à Pau Chantal vient dîner à El Patio.
Samedi 17 Avril 1965 – La Noire est réussie (GSIP).
Chantal-Jean
500cc RGST
Nous avons de la peine à en croire nos yeux : le beau temps est revenu !
Sus à Arudy et à la Directe de la voie de la Grotte, que je nommerai
la Noire étant donné que la nuit nous a surpris chaque fois que nous
l’avons grimpé.
Je remplace le dernier golot installé et en ajoute trois supplémentaires
au-dessus. Suivent quelques mètres d’artificielle et le relais. L’ensemble
est très raide et exposé. Chantal parvient au relais, épuisée. La nuit
est proche. J’abrège donc l’escalade en passant par le dièdre de sortie
de la voie de la Grotte. Il est néanmoins délicat et bute sur une végétation
empoisonnante. Lorsque Chantal me rejoint c’est la nuit noire.
Pour éviter des rappels aléatoires dans cette obscurité nous montons
au sommet du Pic d’Anglas à tâtons dans les buis. Nous n’y voyons quasiment
rien. Chantal se débrouille bien. Du sommet nous percevons un ciel brumeux,
plutôt sinistre, renvoyant les lumières d’Arudy et des petits villages
environnants. Notre monde, presque assoupi, bien calme en tout cas. Point de
rumeurs, point de voitures sur les routes…
Le retour à la Grotte est long et semé d’embûches. Il est nécessaire de
gratter quelques allumettes afin de nous orienter ou d’éviter des passages
par trop scabreux. Nous atteignons la grotte à 22h30. Nous poursuivons
la soirée sur place par une causerie en dégustant un café au lait… jusqu’à minuit !