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Jean M. Ollivier | all galleries >> Scraps et souvenirs >> Secret pin's >> Dans le secret des Ollivier >> Compilé des meilleurs écrits et récits >> 13personnes > 1967 L’Ange du Foyer par Max Ernst 1937 - Le Cahier Vert de Robert Ollivier
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1937 Max Ernst

1967 L’Ange du Foyer par Max Ernst 1937 - Le Cahier Vert de Robert Ollivier

torts exclusifs. Alors il charge la barque. Ne pouvait-il pas admettre simplement et de façon claire qu’il ne s’entendait pas avec Mam, sûrement difficile à vivre, et qu’il ne trouve pas dans le milieu familial et ses responsabilités – sa femme et ses enfants – chaussure à son pied. Inconsciemment il pleure sur l’enfant libre et capricieux qu’il a été et auquel sa mère passait tout. Pour tout dire il ne se sent pas assez adulé d’une part et entravé d’autre part. Et bien que ne la respectant pas il a eu peur de sa mère depuis qu’il a fait une fixation sur son héritage. Sans véritablement de ressources propres, dépendant de sa mère, il n’a pas osé couper les ponts dès sa liaison avec Popo avec laquelle il s’entendait très bien, à tous points de vue. Sa lâcheté lamentable a fait le malheur de tous ses proches, enfants, femme, maîtresse, sa mère aussi dont il a précipité la mort.
Ainsi donc, si peu sûr de lui il a entrepris de rédiger ce Cahier Vert à charge pour se convaincre qu’il n’a jamais été en tort. Une vraie gageure qui ne trompe personne
Mais personne n’était sensé lire le contenu de ce Cahier Vert, qu’il a pourtant conservé dans son coffre-fort jusqu’à sa mort.

Localisation des documents
Le contenu dactylographié du Cahier Vert se trouve dans Mes Documents/Dossier RO de cet ordinateur et sur le disque dur externe de sauvegarde Samsung 500. Le cahier lui-même se trouve avec le dossier d’archives Robert Ollivier.

Début 1967 – Argumentaire de R. Ollivier pour son divorce avec Mam
Intro :
6 ans qu’ils niquent ensemble. Maïky n’en peut plus. Elle exige que Robert divorce et qu’elle puisse se marier avec lui, devenir une Madame Ollivier. Et que baiser avec lui devienne légal. Car en cette époque reculée l’adultère était un délit, et le fautif avait tous les torts devant un tribunal, autrement dit, s’il était fautif Mam avait le droit de conserver tout le patrimoine commun. S’il prouvait qu’il n’est pas fautif – une vraie gageure – étant donné qu’ils sont mariés sans contrat, donc en communauté de biens, Mam pouvait légitimement et légalement obtenir la moitié des biens du patrimoine. Mais si, de son côté, il trouvait des (faux) témoins pour charger Mam de tous les torts, y compris qu’elle le trompe (!), il pouvait conserver l’intégralité des biens du ménage détruit.
Connaissant l’avarice légendaire du père Ollivier il faut s’attendre à ce qu’il se démène comme un diable de l’enfer pour conserver ce qu’il estime être son dû, quitte à jeter dans la misère son ex-femme, comme il a fait pour ses enfants.
On peut dire aujourd’hui qu’il y a réussi, moyennant des malhonnêtetés flagrantes, des mensonges éhontés et un cynisme sans nom.
De son côté la Maïky use d’un chantage facile. Elle a bien perçu la faille dans la cuirasse de son amant plutôt pervers narcissique, gouverné par son sexe et la volonté de puissance qui en découle. Sans elle il est perdu. Qui baiser, où, quand, comment ? Il est prêt à tout pour conserver son sex-toy sur pattes, même s’il est insupportable et le transforme parfois en toutou fidèle et soumis. Coupez-lui la bite et il ne saura plus qui il est !





Cahier Vert

Cahier Vert p.3
Les pages 1 et 2 manquent. Les termes barrés le sont sur le document manuscrit original.

Dans la marge du haut : 10 mois pour déménager à El Patio !

…….
b/ Les horribles départs et la hantise des départs. Les samedis sans décision et sans camarades. Le renoncement.
c/ Retour de Jean Mole et réveil.
Pourquoi je ne divorce pas à ce moment (enfants trop jeunes, raisons difficiles à faire valoir). Mais , tout en faisant mon devoir vis à vis de mes enfants, je veux retrouver ma liberté et des amis. Je rejette fidélité et scrupules vis à vis de ma femme. Aussi bien, décision heureuse. Le soir même, je la trompai.
IV. Le mariage, les petites alliées.
a/ 10 ans de vie avec femme et maîtresse, ce que je dois à la formule. Présent chez moi, mais moral rant… Effort pour les enfants. Etudes. Jean, Christine, Pierre, Hélène. Comment je me suis occupé d’eux. Réaction de l’épouse : m’accuse de vouloir la tuer. Scènes de Christine.
b/ Puis, lassitude de l’amie. Rupture envisagée. La nouvelle amie, qui ne vise rien d’autre que de ùe faire rompre. La confidence de ma femme.
c/ Intervention catastrophique de ma femme. Le scandale. Le départ.

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d/ Scènes récentes – 2 repas avec Jean et sa mère. Des scènes contre Jean, parce qu’elle est jalouse de tout.

Conclusions
Le caractère du personnage. Son évolution à la suite de sa liaison avec moi, son mariage, ses enfants. Orgueil maladif. Thyroïde malade, jugement ( !) du docteur Thévenin, de Bordenave, de Jean Mole, de Mr. Riboulot, de Davasse ( ?), de mon fils Jean.
Je n’ose plus rentrer chez moi. Conseils des amis. Les causes initiales du drame restent les mêmes. Les enfants partis nous restons face à face.
- Impossibilité de prendre un commerce avec ma femme, de l’avis de commerçants qualifiés. (Bordenave, Riboulot).
- Citation de Mme Bordenave à propos de Canceru. Mots du Dr. Tachot (témoin possible).
- Mes camarades contre moi en 1936
- Dans quelle situation je l’ai prise en 1934, Tourettes, Bennouville.
- Page 5 du Cahier Vert
- Ce qu’elle m’a dit : « Tu ne sauras jamais d’où tu m’as sortie ».
- Les antécédents – Sa famille. Ecole jusqu’à 10 ans. Mère veule. Ses frères et sœurs.
- Plaidoirie pour moi : apparences contre. Explications.
- Reproches divers : tu as le sens du devoir, c’est tout.
- Comment je suis venu à son aide l’an dernier. Ce qui en est résulté.
- Liaison possible avec T..aglierini.
- Assurance d’une vie décente, mais ne lui permettant pas d’entretenir ses enfants à ne rien faire, ni de faire des largesses à sa famille.
- Signaler les confidences à Maïky, déterminant sa réaction envers moi.
- Insultes à ma mère
- Déménagement à El Patio
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Page blanche
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Documents pour un divorce
Avant-propos

L’instance actuelle en divorce entre Mme et Mr. R. Ollivier ne résulte pas d’une crise passagère qui serait la simple conséquence de l’inconduite du mari et, si l’on veut, des scènes pénibles que comportent toujours de telles situations. Elle découle de réalités permanentes, elle est la conséquence logique d’une mésalliance au sens le plus large, c’est à dire que cette mésalliance n’est pas seulement financière, elle est surtout le fait d’une incompréhension absolue, tant pas suite des origines, que par suite de l’éducation, de l’instruction et des conceptions de la vie qui en découlent.
Certains êtres, défavorisés par la chance, mais intelligents, courageux, susceptibles d’adaptation, donc perfectibles, peuvent combler leurs lacunes avec le temps, avec l’aide patiente de leur conjoint… et les leçons de la vie. D’autres, et je le crains, la majorité, sont incapables de s’élever, ou même évoluent en sens inverse, par suite de défauts accentués
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comme l’orgueil maladif aggravé de bêtise, la jalousie ; parce qu’ils sont rentrés dans une famille plus riche, parce que le conjoint a une certaine renommée dans un domaine quelconque, parce que de beaux enfants sont nés, on éclate de vanité, on se prend pour une déesse ou un dieu, et, les femmes en particulier, peuvent peu à peu deviennent peu à peu des mantes religieuses, prêtes à sacrifier l’époux pour la progéniture.
On sait à quel point l’orgueil maladif peut obscursir l’esprit et rendre le comportement ahurissant. Madame Ollivier est une victime de ce « pêché » mortel. Ajoutons-y un caractère très difficile – elle se vante elle-même, assez souvent, de ce que son père disait d’elle : elle est comme moi, indomptable, une susceptibilité à vif,une méchanceté foncière.- elle a un fond de méchanceté disait sa mère – le tout mélangé à une bassesse de caractère fort accentuée et à une lâcheté assez remarquable, et l’on aura une idée approximative du personnage.

Le père Ollive n’est pas satisfait de cet avant-propos après relecture. Il écrit dans la marge gauche : « A refaire. Ceci semble excuser le comportement de la femme. »


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Pour être juste, et compléter le tableau aussi objectivement que possible, reconnaissons-la capable de bons élans de pitié, et même de gestes généreux, même très généreux parfois. Hélas, le caractère n’étant pas à la hauteur de telles prétentions – car il faut être très fort, surtout moralement, pour être généreux. Des gestes magnanimes aboutissent à des résultats catastrophiques : la grenouille ne doit pas chercher à se faire aussi grosse que le bœuf. Et telle attitude, qui, après avoir provoqué la stupéf… est stupéfiante étonnante pour le commun des mortels, admirable pour l’élite, faillit avoir, un jour, pour conséquence une espèce d’assassinat, qui fut évité de justesse.
Il faut mettre aussi à son actif un instinct maternel très développé puissant ; elle mit au monde très courageusement ses quatre enfants, malgré, parfois, des complications ; bébés elle
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les soigna admirablement, et plus tard, mais sur le plan exclusivement physique, je le souligne, elle restera une mère reùarquablement dévouée et efficace. Physiquement d’ailleurs, ces enfants ont été et sont restés beaux et forts et ils le doivent à leur mère.
Que n’a-t-elle été aussi douée pour l’éducation morale et intellectuelle ! Sur ce plan, ce fut terriblement négatif, au point que le père devait d’abord forcer le barrage de la mère afin de pouvoir conseiller les enfants ou redresser leur conduite. Et comment ce père a-t-il pu conserver si longtemps une autorité relative sur ses enfants, alors que ses enfants entendaient trop souvent leur mère le traiter comme un bandit, l’injurier devant eux comme ne l’aurait pas fait une poissarde, pour des raisons futiles que l’on avait souvent complètement oubliées après la dispute. Ces faits furent antérieurs aux premières fautes du mari et j’insiste beaucoup sur ce point.
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J’y insiste parce que, si les apparences sont contre moi, je n’hésite pas à prétendre qu’il serait erroné de prendre l’effet pour la cause : la faillite de mon foyer n’est pas la conséquence de mon inconduite.
Pendant 14 ans je suis resté strictement fidèle à cette femme ; pendant 14 ans, je n’ai pas désespéré de la faire évoluer, de lui faire comprendre certains principes essentiels, comme de ne pas mêler nos enfants à nos disputes. Et surtout de ne pas les prendre à témoin de ses rancoeurs contre moi, comme elle le faisait trop souvent. Ce fut en vain.
En vain aussi j’ai essayé de lui faire comprendre « qu’on lave son linge sale en famille » et non en prenant à témoin l’épicier, le charcutier, la crémière et le plus grand nombre possible de paysannes du marché ; je ne parle pas des amis : elle n’en a pas.
Dès lors, écoeuré , découragé, dégouté, je ne voyais que deux solutions : la séparation, ou la vie de mon côté sans quitter le foyer et en m’effaçant, pour veiller malgré tout sur mes enfants.
La séparation, en admettant que j’aie pu l’obtenir, comportait, étant donné l’âge des enfants, l’abandon de ceux-ci à leur mère. Elle en aurait fait des voyous et des putains.
La vie de mon côté : on pense tout de suite que j’aurais pu me contenter de mes amis, de
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mes clubs sportifs. La réalité n’est pas aussi simple. Une épouse aussi explosive écarte les amis. En fait, elle était aussi jalouse d’eux que d’une maîtresse et les flanquait à la porte. Dans les clubs sportifs elle semait la zizanie et déconsidérait son mari. Si paradoxal que cela paraisse, seule une maîtresse qui aime, résiste à de tels assauts. Et j’ai trouvé finalement un appui précieux auprès d’une telle femme. Cette situation, par le danger qu’elle représentait pour l’épouse légitime, tint celle-ci en respect. Je pus veiller sur mes enfants, non sans bagarre, tout en ayant un refuge, une confidente et une amie hors de chez moi. J’évitais ainsi bien des contacts et par conséquent bien des disputes – aux heures de « détente » - et j’étais là pour l’essentiel, quelques dizaines de minutes chaque jour, loin des typhons des mers conjugales, m’ont permis de tenir le coup, de ne pas devenir fou, ou bien de ne pas m’enfuir
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sans regarder en arrière, abandonnant mon poste à tout jamais, par ue sorte d’instinct de conservation. Elles ont peut-être aussi, ces minutes, évité des drames car, chez ma femme, les voies de fait étaient fréquentes. Poings, pieds, carafes pleines, parfois meuble ou coupe-papier acéré me prenaient pour cible et je dus me défendre en prenant garde de ne pas faire trop de dégats. Le risque d’une conclusion en correctionnelles ou aux assises n’était pas à exclure et il en est toujours ainsi ; c’est pour cette raison que j’évite toujours, autant que possible, de séjourner chez moi.
Avant de clore cet exposé général de la situation je réfute tout de suite une objection possible : pourquoi n’avoir pas attendu, avec un peu de patience, que vos enfants soient plus grands, pour peupler avec eux votre solitude, pour en faire vos amis, voire vos alliés ?
La première et principale raison est que leur mère est affligée d’une jalousie aussi morbide accentuée que son orgueil est maladif grand. Il existe d’ailleurs une relation étroite entre ces
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deux défauts. Ses enfants ont fait des études beaucoup plus poussées qu’elle. Elle le sait et sent leur supériorité. Elle sait que leur intellect est sur une longueur d’onde beaucoup plus proche de la mienne que de la sienne. Elle supportait très difficilement – et non sans drames par la suite, et les enfants en étaient presque toujours les victimes, car elle s’en prenait à eux – que je sorte avec eux sans elle, ou simplement que je m’entretienne seul à seul avec l’un d’eux.
Des faits assez récents appuient cette thèse :
En juin dernier, mon fils aîné Jean, sa mère et moi déjeunions ensemble [comme parfois] tous les trois (une de mes filles est mariée, mon autre fils est dans l’armée, ma dernière fille était en pension).
Jean, passionné de montagne comme son père, aime beaucoup parler d’escalade avec lui. Ce que nous fîmes au cours de ce repas, sans exclure nullement la mère, car ce domaine lui est également familier. Pourquoi donc nous interrompait-elle constamment en invoquant des
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sujets très différents et inopportuns ? [Au cours de divers repas] ces faits se reproduisirent à plusieurs reprises et se terminèrent toujours dans ue crise de colère de la part de la mère qui, d’ailleurs s’en prenait plutôt, et presque toujours, à son fils, lui reprochant divers faits parfois fort anciens et sans rapport avec la conversation du moment. Et ces colères devenaient si dramatiques, que Jean et moi quittions la maison sitôt la dernière bouchée avalée, accompagnés des hurlements de la mégère.
J’ouvre ici une parenthèse : le caractère, et une absence assez prononcée de scrupules, m’empêchèrent à lusieurs reprises de m’établir comme j’aurais dû le faire dans ma situation. J’ai ainsi, sur les conseils de commerçants qualifiés, mes amis, renoncé à acheter divers fonds de commerce, en articles de sport ou en librairie, sur les conseils de commerçants. Une femme pareille vous mettra tous les clients à la porte en huit jours. Telles furent les propos de ces Messieurs amis, qui ne refuseront pas, j’en suis sûr, d’en témoigner. J’ajoute que la
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nombreuse famille (ascendante et collatérale) de ma femme, eut été dans ces cas-là largement équipée) à bon gratis prodeo, comme cela s’est vu pendant deux années où je fus fabricant d’espadrilles.
Je ferme ici cette parenthèse intéressante et reprends ma dem réponse aux personnes persuadées que j’aurais dû m’appuyer sur mes enfants.
Une telle méthode aurait entraîné des drames continuels. Tenant à faire de mes enfants des alliés contre leur mère, il ne pourrait en être question. Je reproche précisément à ma femme d’avoir voulu monter mes enfants contre moi. Ce n’est pas pour Je n’aurais pu admettre de les monter contre elle.me résigner, moi, à les dresser contre elle Et puis les enfants ne s’intéressent…
Il est certain que les enfants ne peuvent être élevés que par des parents qui s’entendent au moins à leur sujet sur leur éducation, sur leurs intérêts bien compris, même si les parents ne sont pas d’accord sur le reste.
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Les parents ne peuvent pas donner l’exemple de la discorde. Or c’est ce que ma femme a toujours cherché à faire, malgré mes conseils amicaux ou mes remontrances prodigués pendant 24 ans. S’il m’arrivait de tancer sévèrement l’un d’eux, la mère prenait automatiquement – et prend toujours – sa défense, quels que soient les torts, pour la seule satisfaction de me faire échec.
Il n’y a pas d’autre issue que la séparation, dans de telles circonstances. Sur quatre enfants, trois sont maintenant hors de cause et suffisamment bien partis dans la vie pour se défendre seuls. Le dernier problème est une fille de 17 ans et demi. Sa mère n’a aucune autorité sur elle.
Après cet aperçu général j’en viens aux faits précis.
Pages 17a et 17b du Cahier Vert

Annexe à la page 17

Et, poursuivant la tradition Cabanne, elle laisse faire l’Ecole Buissonnière, ou même l’y encourage. Pour l’année 65-66, elle l’avait inscrite – sans me consulter – dans une nouvelle école d’Esthétique, installée place Royale à Pau. Si je n’avais pas été consulté pour l’inscription, je le fus évidemment pour régler la note : 500 Francs par mois (50.000 anciens francs) pendant 5 mois, au total 2.500 Francs (250.000 anciens francs).
Mr. Le juge Minvielle, Président du tribunal pour les 3 conciliations sans résultat de l’an dernier, me conseilla d’accepter. Je le fis.
Les notes mensuelles furent adressées à mon domicile, 11 Av. de Lons à Pau. Or, à la suite de la dernière conciliation, il avait été admis que ma femme et moi vivrions séparément [gonflé, voilà cinq ans qu’il a mis les voiles]. Le notes ne me furent pas communiquées. Vers la fin de l’année scolaire, le directeur de l’Ecole [d’esthétique], Mr. Camaly, étonné de ne constater de ma part aucune réaction à diverses remarques assez graves qu’il m’avait faites, m’envoya directement à Cannes les avant-dernières notes, avec la mention suivante (reproduire ici exactement cette mention) [N’a pas été reproduite].
Je lui écrivis alors et je reçus la lettre jointe au dossier, d’où il résultait que ma fille avait « séché » les cours 1 mois et demi sur cinq, avec l’approbation et la complicité probable de sa mère, puisque, chaque fois, elle apportait un mot d’excuses.Ainsi se perpétue la tradition Cabanne, qui veut que l’Ecole est de [si] peu d’importance qu’il ne faut pas se gêner pour excuser les absences, ou les provoquer sous prétexte que l’on a besoin des enfants pour vous aider à la maison.
Voir suite p. 61
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J’ajoute que, comme pour la première fille, la surveillance générale se révèle négative pour la seconde. Celle-ci se rend tous les WE à Lourdes [id. sa mère à son âge] (départ le samedi, retour le dimanche soir) où elle fait partie d’une bande (de jeunes gens « bien » paraît-il). Elle obtient de sa mère l’argent nécessaire pour le voyage. Je trouve, pour ma part, que ces procédés sont fort imprudents. Ma femme me répond qu’ainsi, sa fille se mariera et que, d’ailleurs, elle fréquente des fils de familles aisées et que, dans l’une d’elle, un garçon aurait mis une fille enceinte, la dite famille l’obligea à l’épouser. Conclusion : ainsi sa fille sera casée et, si elle est enceinte, tant mieux, ses chances d’être épousée seront plus grandes…Tradition familiale toujours – famille cabanne bien sûr – car c’est ainsi, en effet, que la mère de ma fille a procédé elle-même.
Conclusions :
Je demande le divorce maintenant [retourner p. 18].

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Origines – Ma femme [Marie-Thérèse alias Maïté, 1911-1992] est la seconde d’une famille de six enfants : 1 fils aîné [Gérard, 1909-1986], bon ouvrier joallier puis agent de la S.N.C.F. Une fille, ma femme, sortie de l’école à 10 ans pour soigner sa mère et sa grand’mère [légende sans fondement… à 10 ans !],puis ouvrière dans l’usine de sa tante (Amélie Jeanbrau, tante de Francis Lopez, épouse d’Henri Sarrailhé, sœur de Mammie), que je citerai comme témoin, si elle accepte. Cette tante dut la retirer de l’atelier où elle s’endormait, puis refusait de reprendre le travail, donnant ainsi, comme nièce de la patronne, un trop mauvais exemple aux autres ouvrières. Elle fut affectée à un bureau puis mise à la porte.
Je la connus, vague dactylo, dans une compagnie d’assurance, et maîtresse du neveu du patron. Elle eut d’autres aventures qu’elle me raconta [voilà qui ne risquait pas d’arriver à cet avorton narcissique montagneux]. Et elle était à l’époque munie d’une garde-robe hors de proportion avec son salaire (300 anciens francs par mois en 1934) qui peut laisser supposer donner lieu à des hypothèses inquiétantes. Elle faisait de la montagne et avait la réputation d’une joyeuse camarade, fort grossière, mais apparemment brave fille. Quand elle sortit régulièrement avec moi, sa garde-robe fut moins brillante et elle me confia un jour que je l’avais sortie d’une ornière. Elle devint ma maîtresse assez vite et, convaincu de l’avoir ramenée dans un meilleur
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chemin [voilà qu’il se prend pour St Christophe maintenant], m’étant ainsi attaché à elle [tu parles, avec elle il n’avait même pas besoin de se déplacer], je n’osais plus l’abandonner. Et ce fut, quatre ans plus tard, le mariage.

Note jm : Blanche n’a jamais apprécié cette belle-fille sans le sou qui s’imposait à son fiston, pas si chéri que ça. Connaissant Blanche, qui avait tissé des relations parmi la bourgeoisie paloise, il n’est pas exclu qu’elle ait eu vent des frasques de la jeune Maïté. Chacune savait que l’autre savait et il en résulta une hostilité permanente, sans que la mèche ne soit vendue par Blanche auprès de son héritier de fils. C’est tout à son honneur.

Une autre sœur [Hélène, 1914-2002], plus sérieuse apparemment, mais dont les études furent aussi négligées, rompit des fiançailles par suite de son caractère, puis eut assez de courage pour partir un jour, à 22 ans, comme apprentie-infirmière à Versailles.

Informations jm sur Tante Hélène

[ Je connais l’histoire de la bouche de Tante Hélène, histoire qu’elle m’a contée au soir de sa vie. Ça aurait écorché la plume du père Ollive de mentionner la date du départ de tante Hélène pour Versailles : Juin 1940 ! Apprenant, catastrophée, la honteuse défaite de 1940 et les nombreux morts et blessés qui en avaient résulté, elle se porta volontaire pour aider les soignants, complètement débordés devant l’afflux d’éclopés. Pleine d’initiative elle réussit, malgré la désorganisation presque totale du pays et les dangers encourus, à rejoindre un hôpital près de Paris, celui de Versailles.
Après la débâcle, suite à l’armistice, elle rentra au pays et continua d’officier comme infirmière. Elle soigna en particulier un jeune étudiant guadeloupéen, Georges Silvie, atteint de tuberculose, dans la clinique proche de son domicile familial à Pau, rue du Pin, et en tomba amoureuse. Lorsque Georges fut sur la voie de la guérison il fut rapatrié dans un hôpital proche de son domicile, à Lyon. Hélène fit à nouveau des pieds et des mains pour se rapprocher de lui. Elle trouva un emploi d’infirmière à Vienne, et chaque fois qu’elle le pouvait elle montait à Lyon voir son chéri. A la fin de la guerre elle épousa Georges, devenu médecin entretemps, spécialité chirurgie ophtalmologique. Ils allèrent s’établir en Guadeloupe, à Pointe-à-Pitre, pays natal de Georges où il fut pendant longtemps le seul médecin chirurgien ophtalmologiste de l’île.]

Reprenons le cours de l’exposé du père Ollive :
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Elle épousa, après la guerre, un médecin d’origine guadeloupéenne et devint une honorable mère de famille en Guadeloupe. Elle eut bien quelques crises de colère et tint parfois des propos très déplacés, mais sut dans l’ensemble rester digne.
La quatrième, une autre fille, épousera à 16 ans un ouvrier platrier, qui, par la suite, bien plus tard, devint patron. Elle eut 8 enfants et son équilibre nerveux ne fut et n’est toujours pas fameux.
Le cinquième, un garçon, [Yves, 1923-1985] refusa, à 12 ans, d’aller à l’école, resta assez longtemps sans rien faire. Je le fis entrer, comme moniteur à Jeunesse et Montagne, puis à l’Ecole Militaire de Barèges. Il fit la fin de la guerre et continua comme moniteur dans les centres de jeunesse.
Il est actuellement à Gourette (à vérifier) et loge à Pau dans la maison de ses parents, qui lui a été laissée [lors de l’héritage – grâce à Mam], avec une pharmacienne, sa locataire [Madeleine Bourtayre, avec laquelle il se mariera plus tard]. Intelligent, bon garçon, victime de son éducation. (ce dernier paragraphe est à rectifier selon Robert).
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Le dernier enfant, une fille [Lucienne, alias Loulou, 1925-2012], eut une vie scolaire analogue aux autres, assez réduite. Pendant l’occupation, elle fut aussi fiancée à un italien, qui l’amena chez lui, pour la présenter à sa mère. Fiançailles rompues parce qu’elle se disputa avec sa future belle-mère et l’injuria grossièrement.
Par la suite elle se compromit avec de jeunes allemands, failli être tondue à la Libération, évita cette épreuve sur l’intervention d’un de mes amis (le juge Bernis, témoin possible), puis partit avec un montreur de marionnettes [Robert Borneuf], âgée de 50 ans – elle en avait 18 – devint sa maîtresse et resta 15 ans avec lui. Il lui apprit au moins à travailler. Après divers métiers [dont monitrice d’auto-école à Orthez, quelque chose à Perpignan etc…] elle entra chez un de mes amis libraire [Jean Bordenave, également excellent photographe – j’ai toujours le 4.5x6 Zeiss Ikon des années 30 qu’il vendit à mon père qui me le rétrocéda par la suite] et lui donna satisfaction sur le plan professionnel [elle lisait plusieurs livres, les nouveautés, par semaine et passait régulièrement des WE en montagne avec le couple Bordenave – il y avait une bonne entente].
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Mais après quelques années son caractère « Cabanne » prit le dessus et son patron avança la vente de son affaire d’un an et demi à cause d’elle, ses scènes devenant insupportables même en présence des clients et le-dit patron vendit parce qu’il se jugeait trop fatigué et sa femme trop malade pour former une autre employée.
Les raisons de ces scènes paraissaient être l’amitié entre son patron et moi. Le successeur [de Bordenave, le dénommé Riboulot, ancien boucher], dûment averti cependant, la garda à son service. Il dut la renvoyer (témoin possible), pour des scènes analogues mais dont les raisons étaient toutes différentes [Elle ne supportait pas un marchand de saucisses qui vendait des livres comme des escalopes].
Le premier patron [Bordenave] qui connaît bien ma femme, m’avança un jour : « J’ai mieux compris le caractère de votre femme, et votre attitude, en pratiquant le caractère de sa sœur »

Ajouts jm – Tante Loulou
[Pour rester dans le chapitre de Loulou et les livres il est intéressant de donner quelques éléments de sa carrière après son passage chez Bordenave-Riboulot. Elle fut embauchée par la librairie Verlaine, au centre de Pau, et y travailla plusieurs années. Elle eut des différends avec la patronne et fut renvoyée après de multiples épisodes de disputes (je crois me rappeler que la librairie fut reprise par la fille de la patronne – avec laquelle tout allait bien. Elle n’a pas supporté la nouvelle façon instaurée par la file pour gérer la librairie et le fit savoir haut et fort à ses risques et péril). Elle trouva à nouveau une librairie, la librairie Tonnet, Place de la République à Pau, essentiellement tournée vers les livres scolaires. D’après les dires de Loulou ça s’est mal passé, et avec Mr. Tonnet, et avec Mme Tonnet. La totale. Drame à tous les étages ! Je crois que c’est ensuite que Loulou prit sa retraite – à vérifier. [J’ai le souvenir ému de cette vieille librairie de Pau où je suis allé acheter les livres qui m’ont permis de réussir les épreuves du bac, le lycée s’étant avéré nul à cet égard. Oui, plus que nul même. La grand’mère officiait à la « caisse », constituée d’un empilement invraisemblable de livres ne laissant que la stricte place nécessaire à la vieille dame. Elle enregistrait les ventes en remplissant sommairement un papillon de papier qu’elle embrochait sur une pique bien en vue sur son bureau, pourtant encombré de mille objets absolument indispensables.]

Telle était la tribu Cabanne

Qui étaient donc les parents ? La mère (Marie-Madeleine Sarrailhé. 1885-1958), issue d’une vieille famille [les Sarrailhé] autrefois aisée, était bien brave bonne et bien gentille, mais d’une faiblesse totale avec ses enfants. Le père (Alexandre Cabanne, 1880-1952)), après une jeunesse agitée [Alexandre eut un début de vie assez compliqué], et un début de mariage assez
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peu sage, fit la guerre 14-18 en entier, monta plusieurs fois en ligne à Verdun.

Remarques de jm :
[Alexandre monta par cinq fois sur le front, dont celui de Verdun, terrible bataille – autre chose que les petites escarmouches des Alpes de 1940. Là encore le père Ollive minimise à souhait. Alexandre avait déjà plusieurs enfants quand il est parti pour Verdun – et à cette époque on n’en tenait aucun compte. Tous ses copains sont morts, il s’en est sorti par miracle. Le courage qu’il lui aura fallu pour remonter sur ce front meurtrier par cinq fois. On ne sort pas indemne de telles épreuves, et les traiter avec légèreté, voire futilité, comme le fait le père Ollive est immoral et pour tout dire minable.]
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[Alexandre] revint, comme beaucoup certains, indemne physiquement, mais secoué nerveusement et, alcoolique. Nous avons connu à Pau quelques-uns de ces anciens combattants déséquilibrés par leur vie de tranchées, hantés par leurs souvenirs de guerre, qu’ils ressassaient sans fin de bistrot en bistrot. C’était là que Mme Cabanne allait souvent chercher son mari qui ne rentrait pas le soir ou la nuit.
Cet homme, cependant, était courageux. Il se guérit lui-même de son vice, travailla comme comptable au Pont-Long partant à 7h du matin en car [et le plus souvent à pied par raison d’économie], revenant à 7h du soir. En travaillant le soir et les jours de congé avec un ami, il créa un portefeuille d’assurances [La Lloyd Continental] qui existe toujours. Il fit bâtir une maison [Le Chalet Marialex] en bénéficiant de la loi Loucheur [13 Juillet 1928 pour favoriser l’habitation populaire].
Mais qui s’occupait des enfants pendant ce temps ? La mère, trop faible, ne s’en occupait que pour les faire manger et cachait au père les histoires d’Ecole Buissonnière.
J’estimais cet homme, mal secondé et en butte aux sarcasmes, aux médisances et calomnies de la famille de sa femme et… de ses enfants.
C’est une tradition, dans cette famille, d’accabler le père, et je n’y ai pas échappé [pauvre loulou innocent, va].
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Avant le mariage – Quand je devins l’ami de Marie-Thérèse Cabanne, je ne songeais pas à l’épouser [juste à la baiser pour meubler mes soirées solitaires]. Je voyais en elle une bonne compagne de montagne ; mais, sur ce point je dus assez vite déchanter. Elle avait bien la force physique, et une certaine adresse en escalade. Nous fîmes quelques belles courses ensemble, relativement rares d’ailleurs, pendant les quatre ans qui précédèrent notre mariage. Mais, la plupart du temps, en cette période pendant laquelle je pratiquai la montagne de façon intensive, elle fut plutôt un trublion, peu apprécié de mes camarades.. Elle nous accompagnait jusqu’au campement ou jusqu’au refuge, assaisonnant l’expédition de scènes plus ou moins désagréables, ridicules et sans raison valable, refusant de nous accompagner en course et cherchait, sans l’avouer et sans se l’avouer à elle-même, à m’empêcher de partir et je me mettais en route souvent pour des courses difficiles avec un moral assez mauvais. Elle
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craignait pour moi l’accident, mais n’avait pas le courage, soit d’accepter une bonne fois et sereinement les risques, soit de venir les partager avec moi.
Une de ces innombrables scènes mérite d’être citée : un soir, au Pont d’Epagne, après une dispute pénible dont l’origine futile – peut-être une inexactitude, assez fréquente, au rendes-vous des camarades pour le départ, inéxactitude qui avait pu lui valoir une remarque – elle me déclara textuellement : « Je ne m’occupe des hommes que pour les faire souffrir. » Je l’invitai alors à prendre seule le train du retour et à ne plus jamais me revoir. Et je courus rejoindre mes amis, déjà partis sur le sentier. Une heure plus tard, elle nous rattrapa et j’eus la faiblesse de passer l’éponge.
A plusieurs reprises, d’ailleurs, je rompis. Elle revenait à la charge. Dès 1935 j’habitai dans le même quartier qu’elle, ce qui fut une fatalité. Le soir elle sifflait à ma grille, jusqu’à ce que, de guère las (sic), j’aille lui répondre.
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Les scènes, cependant, se renouvelaient presque à chaque sortie en montagne ; il est impossible de les citer toutes. J’organisai, en 1935 et en 1936, deux camps aux Encantats avec divers camarades [Tony Cabuzet, Jeanne Levavasseur]. Pour le premier elle bouda très désagréablement pendant au moins trois jours pour des raisons que j’ai oubliées. Pourtant nos deux camarades avaient des caractères en or. L’année suivante la bouderie se poursuivit durant tout le camp, une semaine ; elle ne vint jamais en course avec nous, nous accueillait comme une vraie mégère au retour et l’un de ces camarades, Charles Laffont, actuellement directeur d’une banque de France de province, déclara que, jamais plus il ne repartirait en montagne en sa compagnie. Bien plus tard, quand je lui demandai la véritable explication de cette attitude, elle prétendit que les assiduités de Laffont à son égard étaient la cause de sa mauvaise humeur. [Et pourquoi pas. Ces mecs, en montagne, on ne les tient plus. Elle n’a sûrement pas inventé la tentative néandertalesque de Coucou Barrio au camp de la vallée de Lutour, pris en flagrant délit d’exhibitionnisme devant elle.]
[Autre remarque : Mam a souvent évoqué ses séjours aux Encantats comme des moments paradisiaques de sa vie. Comme quoi chacun voit midi à sa porte et ne lit pas la même heure !]
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Les années passaient,cependant ; les familles, y compris la mienne, s’inquiétaient de la situation. La rupture devenait de plus en plus difficile. Il eut fallu m’éloigner de Pau pendant quelque temps. Comme un imbécile, trop passionné de montagne, je n’y songeai même pas. Et puis, comme cette fille semblait adorer les enfants et aspirait, comme toute femme d’ailleurs, à une vie régulière, normale et bien différente de la cavalcade effrénée en montagne que je lui faisais mener – sans l’y forcer – depuis des années, je me dis un jour que ces sautes d’humeur étaient dues à la situation, qu’un foyer, des enfants lui rendraient l’équilibre et que, dans ces conditions de vie classique normale elle se révèlerait une compagne très convenable. C’est ainsi qu’un jour, ébranlé par ce raisonnement assez classique mais très faux, pressé par les deux familles, oubliant imprudemment tous les avertissements que la montagne cette qui m’avaient été prodigués pendant des années, admettant que la vie sportive et la vie tout court constituaient des domaines bien différents et qu’un même personnage pouvait se comporter mal dans l’une, et bien dans l’autre, surtout une femme, j’acceptais ce mariage. Il stupéfia mes amis. L’un d’eux eut le courage de venirf me le dire. Mais il était trop tard. [Le mariage fut célébré les 22 et 23 Novembre 1938].
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Première année de mariage
Elles ne furent pas, justement, des années de vie classique, normale, de foyer ordinaire. Nous nous mariâmes les 22 et 23 Novembre 1938. Dès fin Novembre je dus aller suivre un stage de moniteur à Val d’Isère. Elle m’accompagna et entama, d’ailleurs, un flirt avec le champion Raymond Berthet. Elle me l’avoua très longtemps après [Bravo Mam ! C’était autre chose que ce minable].
Ensuite je fus moniteur de ski à Gourette, et elle vivait à Pau chez ses parents. A la fin de la saison, cependant, un incident me fit comprendre que l’état régulier de mariage n’avait pas changé son caractère. Au cours d’un séjour au Marcadau, fin mars [1939], avec un bon camarade et une jeune fille d’excellente famille et d’excellente tenue qui avait été ma cliente
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l’hiver à Gourette, et que ma femme avait elle-même invitée. Il y eut des scènes de jalousie pénibles ; ce fut à propos de cette jeune fille, dont la tenue, comme la mienne d’ailleurs, n’avait jamais été équivoque, était demeurée toujours d’une correction irréprochable.
J’allais ensuite diriger une école de ski de printemps à Lognan – près de Chamonix, puis passer mon examen de monoteur à Val d’Isère. En été j’eus des clients comme guide de montagne. Mais, aux rares séjours que je fis chez moi, parfois avec un camarade invité, les scènes reprenaient, sous les prétextes les plus divers.
Il y eut ensuite la mobilisation et la guerre, qui instaura une trève pendant les courts séjours que je passais avec elle, et qui comptent parmi les bons souvenirs [Le Boulou]. J’oubliais alors tout le passé et me trouvais heureux avec elle. Toute ma vie conjugale d’ailleurs n’a été qu’une succession de alternatives calme et de tempêtes. Un jour ma fille mariée m’a dit :
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« Tout dépend de son humeur. » Il en a toujours été ainsi.
Après la guerre, en 1940, ce fut Jeunesse et Montagne et la vie de bohême entre camps et hôtels de Montagne [Le Col de Portes].
En 1941, j’attendais mon premier fils. Jeunesse et Montagne, sur mon initiative [Merci Frendo] et avec ma participation active, installa des groupements dans les Pyrénées. Mais le siège était à Lourdes et ma femme habita et accoucha à Pau (28 septembre). Je venais le dimanche. Il n’y eut, alors, que qulques disputes entre ma femme et mon beau-père, ou ma mère, qui étaient voisins. Quand j’étais là, tout allait bien. J’adorais mon fils. Je crus alors avoir atteint la sérénité, le calme, le bonheur, je crus que la maternité avait équilibré ma femme [Cf. Cécile].
Début 1943, les Allemands interdirent les Pyrénées à J.M. et beaucoup de cadres furent envoyés dans les usines [STO]. Je donnai ma démission. En Février naquit ma première fille (18 Février). Je passais l’hiver chez moi. Ce fut un enfer.
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A cette époque se situe une scène qui fissura définitivement notre union. Mon fils, qui n’avait alors que 18 mois, s’en souvient encore. Je le répète, j’adorais cet enfant, et il était effectivement adorable : je puis en juger objectivement ; j’en ai eu trois autres et beaucoup de mes amis furent aussi pères de famille ; je connais assez bien les enfants que j’aime beaucoup… et qui me le rendent.
Aucune des scènes passées, si graves fussent-elles qu’elles eussent été, si pénibles, si ordurières parfois, n’avait, malgré tout, entamé mes sentiments. Quand je m’attache à quelqu’un, c’est solidement et il en faut beaucoup pour user le lien. Pourtant, cette fois, un toron fut rompu.
En présence de mon fils, ma femme me signala qu’il était nécessaire d’acheter quelque chose, des couches je crois. J’eus l’impudence de demander si c’était bien nécessaire. Ce fut aussitôt la tempête. On me traita de radin, de lâche, de brute, de salaud. Le petit Jean ouvrait
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de grands yeux étonnés, apeurés. Je quittai la pièce pour mettre fin à l’orage devant mon fils. Ce fut pour entendre derrière la porte hurler et la mère prendre son petit le bébé à témoin que son père était un salaud, une brute, un bandit, le tout accompagné de gémissements et d’imprécations de toutes sortes. Ce fut, pour moi, le désespoir. J’étais désespéré. Je vis l’avenir tout noir, sous la menace que de telles scènes se renouvelleraient devant des enfants de plus en plus grands. Comment pourraient-ils me respecter, quelle autorité aurais-je sur eux ? Quelle évolution subiraient leurs sentiments pour moi et pour la mère ? En admettant même qu’ de telles une telle scène ne se renouvelle jamais, il eut été naïf de croire qu’elle ne laisserait pas de traces dans l’esprit du petit témoin. Il a maintenant 25 ans et s’en souvient toujours. Il l’a raconté à certains de ses amis [je me demande bien qui ?] qui me l’ont répété.
L’été suivant, je suis encore parti trois mois pour commander un camp de J.M. à La Bérarde. J’avais déjà compris qu’il ne fallait pas rester chez moi.
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Ma femme invoque souvent, pour excuser ces scènes, son état de fatigue due aux accouchements, à l’allaitement, à la vie pénible de l’occupation, aux queues chez les commerçants etc. J’admets très bien qu’elle était fatiguée, que les circonstances étaient pénibles, que la vie n’était pas drôle. Mais la fatigue et l’énervement, si grands qu’ils puissent être, dispensent-ils du respect dû à l’enfance et de l’observation des règles devoirs les plus élémentaires des parents !
Admettons encore que j’aie eu, moi, tout à fait tort, et qu’une attitude odieuse de ma part ait même justifié, en ces circonstances, les pires injures ; est-il permis, même dans ce cas, de faire assister à la scène un petit innocent,et, qui plus est, de le prendre à témoin ?
Ceci n’était, hélas, qu’un début. Toute leur vie les pauvres gosses seront les témoins, les confidents, les victimes des rancoeurs, légitimes ou non de leur mère, et leur père sera, devant eux, accusé de toutes les turpitudes, et cela bien avant que le dit père ait rompu le serment de
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fidélité, à une époque où sa femme lui disait avec condescendance, comme pour lui signifier qu’il lui manquait bien d’autres qualités : Tu as tout de même une chose : le sentiment du devoir. » Je pense quant à moi aujourd’hui, que les typhons des mers conjugales l’ont peut-être bien fait sombrer.
Une objection vient naturellement à l’esprit, comment, après de telles épreuves, un homme peut-il continuer à mettre des enfants au monde avec une telle femme ? Effectivement un garçon naquit fin 1946 [Pierre, 27 Décembre 1946]. Il était délibérément voulu, comme les aut deux premiers. Il y eut encore une dernière fille [Hélène, 29 Mars 1948], qui, elle, fut un accident.
Un Mons quidam de ma connaissance, marié mais sans enfant, déclara un jour : « Quand on n’aime pas une femme, on ne lui fait pas quatre enfants ». Ce n’est pas si simple !
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L’éloignement, une fois de plus, arrangea les choses. A l’automne 1944 j’entrai comme moniteur à l’Ecole Militaire de Barèges. Réjoui par la vie que j’aimais, épargné par les scènes, privé souvent de mes enfants, je vis les choses sous un angle plus aimable. Et puis à l’époque j’avais du mariage une conception qui excluait absolument le divorce. J’avais déjà deux enfants, qui me donnaient beaucoup de joies. J’estimai qu’un troisième et dernier était nécessaire pour équilibrer une famille. Sentimentalité, faiblesse, illusions, je ne le nie pas ? Je ne voulais pas encore croire que ma famille était une faillite.
Après l’école de Barèges, je fus solliciter pour créer des centres UNCM [Union Nationale des Centres de Montagne – devenu plus tard UCPA] dans les Pyrénées et recrutai les moniteurs. Je continuai ma vie extra-conjugale en montagne. Ma femme soignait bien – physiquement – mes enfants et, à leur âge, je ne m’inquiétais encore pas trop du dressage [!!] moral, et mes présences espacées semblaient suffire à la discipline.
(Un B est écrit en rouge dans la marge de la page 34).
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Pourtant je m’ennuyais un peu dans ma vie de célibataire. L’été 1945, je fis venir ma famille dans un chalet à Gavarnie [Le Chalet du Vignemale]. Elle vécut tout à fait hors du centre de montagne que je dirigeai. [Rappel : Chatou au Pailha Ref.]. Il en fut de même à Barèges pendant l’hiver 1945-1946 [Chatou et Titi au ski ! Ref. voir ci-dessous]. Mais, pendant l’été 1946, je dus l’intaller dans le Centre même, à Cauterets.

[Alors là, plusieurs souvenirs me reviennent en mémoire.

Mes premières expériences de skieur avec Christine durant l’hiver 45-46 à Barèges

Barèges c’est une rue bordée des deux côtés d’immeubles d’habitation, d’hôtels, la station du funiculaire du Lienz, l’Ecole Militaire, un hôpital. Nous habitions dans un immeuble situé à droite en montant la rue, qui est fort pentue, les cyclistes vous le diront.
J’ai le souvenir d’un hiver glacial et très neigeux. Des monceaux de neige s’accumulaient devant l’entrée de l’immeuble. La rue était encombrée de congères de neige disséminées un peu partout par les chasse-neige. Ce n’était pas un hiver pour rire dans ce village situé à 1250 m et se nichant dans de vastes montagnes pourvoyeuses de froid.
Les tout jeunes enfants que nous étions, Christine et moi, 3 et 4 ans, n’allant pas à l’école, ne pouvaient rester à longueur de journée confinés dans un petit appartement glacial, car non chauffé étant données les pénuries de toutes sorte de l’immédiate après-guerre. Les parents nous équipèrent tout à la fois de vêtements pour affronter le grand froid et, luxe suprême, de skis adaptés à notre petite taille. Ce qui paraît évident aujourd’hui a sans doute nécessité des trésors d’ingéniosité à l’époque Quelle fierté pour nous ! Nous allions pouvoir suivre les « grandes personnes » qui montaient au plateau dit du Lienz (1500 m) au moyen d’un funiculaire à crémaillère. Ce voyage, déjà, nous enchantait. Au Lienz nous étions dans un autre monde, loin de Barèges que nous ne voyions plus. Ici rien que de la neige, des pins, et des montagnes qui nous paraissaient immenses. Débarqués sur la lune nous n’aurions pas été plus étonnés, ébahis et passablement inquiets. Moi surtout, car Titi n’avait peur de rien, baignant dans une inconscience béate et heureuse des choses qui l’entouraient.
Skier sur le plateau était facile, les pentes étaient douces et couverte d’une neige poudreuse légère et moelleuse lors des chutes. Idéal pour faire ses premières armes et se prendre rapidement pour un champion de la discipline. Nous avions l’avantage, nous les mioches, d’avoir déjà chaussé les skis dans le jardin de la Petite Maison, à Pau, et fait divers exercices de base sur l’herbe afin de maîtriser un tant soit peu ces planches en bois, malcommodes au possible pour un jeune enfant turbulent.
Mais bientôt finis les jeux faciles de gli-glisse dans ce décor digne de Samivel [je n’avais pas encor lu La Légende du Ski, illustrée par Samivel, justement, d’images féériques]. Il est l’heure (avec les adultes c’est toujours l’heure !), il faut revenir à Barèges. Naïfs, mais intelligents et organisés nous pensons rentrer en utilisant le funiculaire. Logique, non ? Sauf que, vue l’heure, il ne fonctionne plus. Catastrophe ! Où aller, où ne pas aller ? Descendre à pied comme les peigne-culs ? jamais !
Reste à suivre le flot des skieurs qui descendent vers Barèges. Au début, rien de notable, la pente reste civilisée. Mais plus nous descendons plus la pente devient sévère et plus la neige se couvre de glace lorsque nous abordons l’extrêmité d’une sorte d’entonnoir qui se termine par un chemin étroit et verglacé conduisant à Barèges. Il nous faut des prodiges d’équilibre pour maîtriser nos petits skis sans carres et ne pas prendre trop de vitesse. Mais nous y arrivons sans tomber ! Quelle fierté !



L’été à Cauterets, dans le centre de montagne.

L’été 1946 j’avais 4 ans et demi et l’œil ouvert sur tout ce qui se passait, mais évidemment n’y comprenant goutte la plupart du temps, le monde des adultes étant vraiment un monde étrange.
¨Premier souvenir. Centre de montagne de Cauterets. Situé dans la rue en pente dite de la Raillère, rive droite, avec de petits ruisseaux s’écoulant contre les trottoirs – parfaits pour mes petits « bateaux » en bois qui y faisaient la course. Le Centre était prolongé en amont par ce qu’il me semblait être une falaise abrupte, morceau de montagne à vif et qui me faisait peur. On me laissait faire ce que je voulais à condition que je ne m’éloigne pas du Centre.
Un jour, pensant que je m’ennuyais – ce qui ne m’arrive jamais - pour me distraire on me fit asseoir sur une chaise au milieu d’une assemblée attentive qui se tenait dans une pièce du Centre de Cauterets. On entendait les mouches voler. Un sinistre individu à lunettes s’est alors installé à une table face à l’assemblée et a commencé à débiter des mots incompréhensibles d’une voix haute et sévère, le regard fixe, comme hagard. J’avais l’impression de me faire engueuler sur tous les tons pour quelque chose que j’ignorais totalement, cela va de soi. Et le comble, l’interminable conférence enfin terminée, des adultes bornés se croyant bien intentionnés ou pour se moquer de moi, ont osé me demander si ça m’avait intéressé. Pour m’en débarrasser j’ai répondu sans doute « Bien sûr que oui », prenant par là le risque d’être convoqué à la conférence suivante, ce qui, de mémoire d’un bambin de 4 ans, ne s’est heureusement jamais produit. Mais cette image d’un orateur colérique à lunettes, les poings serrés sur la table et le regard accusateur, est restée gravée en moi pour toujours. Pitié, monsieur, je ne le ferais plus ! Quoi ? Là n’est pas la question. Mieux vaut prévenir. Ah ça, mais !
Second souvenir marquant. Il est un peu du même ordre que le souvenir précédent, mais très bref celui-là et dans son prolongement. Toujours en quête de quelque chose à faire ou à explorer, j’avais avisé, en face du Centre, de l’autre côté de la rue, un terrain vague (correspondant à l’emplacement d’une ancienne maison détruite). Terrain privé, fermé par une porte en grillage quasi-symbolique. Il y traînait différentes choses qui auraient pu m’intéresser : cailloux divers, morceaux de bois ou de fer, bricoles insignifiantes, petits trésors secrets… J’ai certainement visité ce petit domaine, que j’ai fait mien, plusieurs fois, autrement plus intéressant que le Centre où tout était fermé à double tour, surtout les réserves, et les gens plutôt hostiles (je les ressentais ainsi).
Vint un soir, à la tombée de la nuit, alors que je vaquais à mes occupations dans mon petit domaine privé, une ombre immense surgit en face de moi, en contrejour devant un réverbère allumé, et me demanda d’un ton sévère que je crus reconnaître – celui de l’orateur colérique – ce que je faisais là. J’en fus paralysé. Pitié monsieur je ne le ferais plus. Je m’enfuis et ne revins jamais dans le petit domaine que je m’étais attribué sans jamais imaginer qu’un orateur colérique pourrait, un soir, y sévir… pardon, y venir ! Là aussi cette image est à jamais gravée dans ma tête. J’ai longtemps éprouvé de la craine devant les hommes à lunettes, symboles pour moi enfant du pouvoir et du châtiment. Mon père ? Allez savoir…]

Suite des gémissemets de Robert

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Mon personnel de moniteurs n’apprécia pas ma femme .
Au début de l’hiver je revins seul au Centre. Mais j’avais loué un chalet pour février, afin d’y loger ma famille.
En janvier se produisit un incident professionnel qui fut déterminant pour le reste de ma vie. Je dus mettre à la porte 10 stagiaires trop peu disciplinés. La Direction des Sports, qui les avaient envoyés, s’en formalisa, fit une enquête. Certains moniteurs, qui m’appréciaient peu, me trouvant trop dur, et qui appréciaient encore moins ma femme, dont ils redoutaient le retour au Centre, me furent défavorables. Je fus relevé de mes fonctions de Chef de Centre, le jour-même où j’amenais femme et enfants à Cauterets. De nouveau je vécus chez moi. L’enfer recommença.
(Un B est écrit en rouge dans la marge de la page 35, et également en rouge les noms de Labesque – Petit Jules – témoin, Malus, témoin).

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Entre autres disputes, l’une d’elle vaut d’être soulignée pour l’injure finale que me lança ma femme, à propos de ma fille Christine qui avait alors cinq ans et qui prétend s’en souvenir : « Quand elle sera grande, si elle est belle fille, tu es fichu de te l’envoyer ! » A cette époque rien ne permettait à ma femme d’émettre une telle hypothèse ; je ne l’avais jamais trompée. Peut-être faut-il chercher l’explication ailleurs. Ma femme était frigide, pas moi. Après certains exercices que l’on appelle les devoirs conjugaux, il est arrivé à ma compagne de se tourner vers le mur en gémissant : « Et dire que je me damne pour toi ! ». Très agrable pour le mari ! Et c’est ainsi qu’on parvient, malgré ses principes, sa conscience et son self-respect, à le convaincre de rendre ces devoirs à d’autres ! Une doctoresse, connue à Pau comme psychiâtre distinguée, a déclaré, paraît-il, un jour, au cours d’une conférence : « Quand une femme est trompée, c’est toujours de sa faute. » Je lui laisse la responsabilité d’une telle affirmation. Mais je ne suis pas très loin de l’admettre, au moins dans la plupart des cas.
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Dans ce foyer agité, les camarades se montraient peu. L’un d’eux, pourtant, restait fidèle envers et contre toutes les tempêtes. Il eut du mérite, car, venant me chercher pour partir en montagne, il fut une fois jeté grossièrment à la porte, à mon insu. Prétexte : j’avais été absent quelques jours pour affaires et il me fallait rester en famille (incident de Cancéru, avis de Tachot à Mme Bordenave).
Il était plus dangereux d’introduire des femmes dans ce foyer désuni. L’une d’elle y fut introduite par mon jeune beau-frère [Yves], que mon épouse cherchait à marier.. Las ! Ce ne fut pas du beau-frère que la dame s’éprit, mais du mari malheureux. Pourtant la dame en question était assez honnête, j’en réponds, pour ne jamais s’attaquer à un ménage uni. Pourtant le sien ne l’était guère non plus…
Autant elle-même d’ailleurs que moi-même et le mari, résistèrent à la tentation pendant deux ans, au cours desquels mon épouse légitime accumula les pires gaffes, médisant sur son mari et le calomniant, exprimant ses rancoeurs, justifiées ou non, en public et prenant aussi la
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dite dame pour confidente. Pourtant, nous sortions parfois ensemble en montagne ; mais l’épouse répétait alors toutes les maladresses et attitudes odieuses des courses en montagne avant le mariage. Finalement, le camarade fidèle [Jean Mole], la dame [Popo] et moi fîmes équipe sans l’épouse, mais longtemps encore et toujours, en toute honnêtété.
L’épouse en prit ombrage, bien sûr, C’était cette fois assez légitime. Non sans raison cette fois. L’ami fidèle et moi écartâmes finalement la dame, pourtant bonne camarade pourtant. Et pendant des mois, je ne revis six exactement, je ne la revis plus.
L’épouse, voyant alors la partie gagnée, redevient agressive. Quand je projetais une sortie en montagne, elle m’accusait de vouloir la tromper. Je l’invitais à venir avec moi, mais seuls tous deux, ne voulant pas gâcher les sorties de mes amis. Elle acceptait et, la plupart du temps, refusait de partir au dernier moment, invoquant son trvail et ses enfants. La raison pouvait être bonne, mais pas le procédé qui me privait de camarades.
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J’en vins à renoncer à la montagne et, pendant des mois, je rongeais mon frein, seul, sans amis. J’essayai de sortir en famille : les départs furent très pénibles, hachés de disputes, et souvent, c’étaient les enfants qui étaient privés, au dernier moment, de la promenade dont ils se réjouissaient, Parce que Madame avait changé d’idée.

Anecdote de jm sur les départs pénibles

[Départ grandes vacances 1955. {Ce voyage épique est évoqué intégralement ailleurs}.
Je ne veux pas charger Mam, mais il y a des limites à tout. La famille au complet (6 personnes) devait partir pour un voyage au long cours, de longue durée et en autonomie complète dans une voiture de taille vraiment moyenne (203 Peugeot). Maniaque quant à ses performances routières, le père avait posé en principe de ne rien installer sur la galerie du toit. Rien sur le toit ! était son mot d’ordre. Après inspection des affaires à emporter il s’avéra que tout ne rentrait pas dans le véhicule. Il fallut faire des choix déchirants, que Mam n’accepta pas. Dans un délire de hurlements elle sortit de la maison, revint avec une feuille de vigne vierge, de forme voisine d’une feuille de vigne, baissa son pantalon devant tout le monde et plaça la feuille devant une touffe de poils qui nous intrigua beaucoup, nous les enfants qui n’avions encore jamais vu un pubis poilu. Tout cela en hurlant quelque chose du genre : « Espèce de tyran, barbare, voilà ce que tu nous obliges à faire avec ton putain de voyage… ». Quand on est confronté à quelqu’un qui est capable d’avoir de telles réactions en oubliant toute pudeur devant ses enfants, on commence à comprendre les misères du père Ollive et son envie de changer d’air.]

Suite du texte de la page 39
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Un jour, enfin, ce fut l’explosion. Mon ami fidèle, bravant les typhons des mers conjugales revint me voir pour me proposer une course. Non seulement j’acceptai, mais, révolté par cette vie infernale, je décidai une fois pour toutes que, l’honnêteté et la fidélité ne payant pas, je reprenais ma liberté, après 14 ans d’efforts pour rester , de patience, de sacrifices, de scènes infernales dans la voie droite du devoir. Il me semblait que ma santé était compromise, mon équilibre nerveux ébranlé, ma foi dans la vie atteinte dangereusement. J’ai repris la piste de la montagne d’hiver et d’été, prêt à accueillir tous les compagnons qui voudraient me suivre, hommes ou femmes,
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en attendant que mes enfants soient assez grands pour venir avec moi, mais sans leur mère.
J’ai retrouvé alors santé, dynamisme et amour de la vie. Je ne regrette qu’une chose : que ma femme n’ait jamais pu être la mère que j’aurais souhaitée pour mes enfants. Mais je ne regrette pas d’avoir choisi la liberté. Si j’y avais renoncé je serais peut-être mort… ou à Saint Luc [hôpital psychiatrique de Pau]. Ou alors je serais devenu une de ces épaves méprisables : le mari chef de famille qui a abdiqué au profit d’une épouse indigne de commander.Cette épouse, il lui fallait la menace permanente d’une maîtresse rivale pour marcher droit.
Oignez vilain, il vous poindra, poignez vilain, il vous oindra. [Maxime apprise auprès de Jacques Deprat alias Herbert Wild dans les années 30].

La double vie – Jamais ma maison ne fut aussi bien tenue, jamais les horaires des repas, des départs des enfants pour l’école et même – ô ironie – des départs en montagne en famille, ne furent aussi bien respectés. Il y eut, bien sûr, surtout au début, des scènes violentes, des menaces.
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Peu à peu, les disputes s’espacèrent. On en vint à un point tel qu’il n’y eut jamais si peu d’accrochages entre ma femme et moi, que pendant cette période [dates SVP ?]. Un équilibre étonnant s’établit, dont nous n’eumes vraiment conscience que bien plus tard, quand il fut rompu. Mais il dura 11 ans.
Mon amie [Paulette Couralet-Daudu, alias Popo] était une femme travailleuse, énergique, séparée de son mari [Daudu], mais mère d’ue fille qu’elle avait gardée [Anne-Marie]. Elle m’aida par sa présence, son affection, son dynamisme et souvent des conseils judicieux à élever mes enfants et sa fille que j’ai vue grandir de 3 ans à 16 ans me considéra comme un père et m’aimait beaucoup. Situation sans doute scandaleuse au regard des bourgeois, de nos mœurs et des usages.
Etait-elle si mauvaise au point de vue humain ? Etait-elle, de toute façon, pire comme exemple, que les innombrables films, télévision, radio, innombrables publications étalant pour le grand public d’incroyables histoires combien plus dangereuses.
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Mes loisirs étaient répartis entre mes camarades – retrouvés – et ma famille. Il fallait pourtant doser soigneusement le temps que je lui consacrais, car j’ai bien souvent remarqué que, plus je me dévouai à elle, plus ma femme devenait exigeante et agressive. « Oignez vilain… » Toujours est-il que, pendant ces 11 ans [~1948-1958 ou 1950-1960] je ne manquai jamais de passer, chaque année, trois semaines de vacances avec la famille [pas évident à retrouver le souvenir de ces 11 ans de vacances].
Il m’arriva une fois, d’être seul avec mes enfants, sans leur mère. Ce fut un enchantement, un modèle d’ordre et de discipline, de bonne camaraderie. Nous campions aux Calanques de Marseille, la fille la plus âgée, Christine (5 ans !) remplaçait la mère de famille, tenait les comptes, faisait le marché. Le fils aîné, 16 ans et demi s’occupait du reste de la troupe.
[Nous sommes donc en 1958 – les lieux avaient été repérés en 1956 par Robert, Popo et moi, l’année où je connus Maya, la sirène de Port-Pin, fille du cabaretier de la Calanque, et fut, à son insu, la motivation principale et secrète de mon grand voyage « En vélo à la Mer ».]
Je supervisai le tout sans mal et dans la joie. Natation, bateau [Le Flibustier !], pêche, escalade marchaient bon train.
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Quand la mère arriva, les dépenses doublèrent, on se disputa pour ne pas faire la vaisselle, on ne fut plus d’accord sur les distractions, ma gestion ménagère et celle de ma fille furent sévèrement critiquées.
Sans ma femme, à partir d’un certain âge chez les plus jeunes, sans oublier ses mérites comme nourrice et infirmière pour le bas âge, ma femme a des qualités hors pair, mon rôle de chef de famille eut été infiniment plus facile et plus efficace.
Il me faut bien, ici, raconter un des exemples les plus typiques de mes difficultés à exercer mon rôle de responsable assumer mes responsabilités.
Quand l’aînée de mes filles eut 16 ans, son comportement m’inspira des inquiétudes sérieuses. Fine mouche,elle était toujours exacte aux heures des repas, ne s’absentant pas exagérément, donnant toujours de bons prétextes. Mais je pressentais, à de menus indices, que sa conduite demandait exigeait une surveillance étroite. J’en parlai à
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sa mère. Elle m’envoya au diable, brutalement, en déclarant que j’avais mauvais esprit et que, d’ailleurs, cela n’était pas étonnant, que je voyais le mal partout, parce que je le faisais moi-même et…. En conclusion elle refusa tout simplement de surveiller sa fille. Il me fallut bien m’en charger.
Un jour, je vis ma fille en compagnie d’une bande de jeunes gens d’aspect peu rassurant. Elle rentra le soir fardée comme un pierrot. Après le repas je la fis venir comme dans mon bureau et il y eut une explication orageuse, qui se termina à peu près ainsi :
Ma fille :
« Et puis quoi ! Tu veux savoir quelle fille je suis ? Je flirt. J’ai flirté avec déjà 10 garçons !
Moi :
« Ah ! Et en quoi consistent ces flirts ?
Une lueur d’affolement passe dans les yeux de ma fille, qui se reprend et continue crie, agressive :
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« Et puis je vous déteste tous ici, toi, maman, mes frères, ma sœur et… »
Elle n’acheva pas ; je m’étais levé et lui administrai une correction. Elle hurla, simula une crise de nerfs, qui en devint une réellement. Sa mère surgit, la prit dans ses bras, la cajola, me traitant de salaud et de brute.
Christine :
« Maman… Maman je voudrais partir loin… loin….
Sa mère :
« Oui, ma chérie, nous partirons ensemble, loin, loin de lui, ce salaud… et puis je vais appeler un médecin.
Elle appelle le docteur Biaud, qui arrive très vite après, examine Christine et n’a pas l’air de s’affoler : il en a vu d’autres. Il ordonne quelques calmants. Ma femme et moi le raccompagnos à la porte. En la saluant, il s’adresse à ma femme : « Madame, il ne faut pas prendre le parti d’un enfant contre son père. » (A citer est-il écrit dans la marge).
Quelques jours plus tard, toujours en alerte, j’entendis ma fille appeler autéléphone une certaine Anne-Marie. Je cherche sur l’annuaire à quoi correspond ce numéro.
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C’était un bar.
Puis je fouillais dans sa chambre et trouvai une correspondance assez compromettante. Enfin, un soir, je fis une ronde dans le jardin et remarquai des allées et venues (sic) anormales de ma fille. Revenant sous ses fenêtres au bout d’une heure, il me sembla que les volets n’étaient pas dans la même position. Je la soupçonnais depuis quelque temps de « faire le mur ».
A 1h du matin, j’ouvris doucement la porte de sa chambre, tatai son lit : il était vide.
J’allais chercher sa mère et, sans explication, la menai chez sa fille. Cette fois, enfin, elle comprit. Elle se coucha sur le lit et attendit le retour. Il eut lieu à 3h30. Eveillé, de ma chambre, j’entendis un vague bruit, je me rendis chez ma fille, encore fardée comme un pierrot.
- D’où viens-tu ?
- Du bal
- Avec qui étais-tu ?
- Avec des garçons.
- Bien. Couche-toi, nous verrons cela demain.
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Le lendemain j’allais voir le juge des enfants. M. Galian. Il me conseilla de faire enfermer ma fille, d’aller visiter le Bon Pasteur avec ma femme et me donna une carte d’introduction.
Je m’y rendis, en effet, avec ma femme dont le visage exprimait éloquemment ce qu’elle pensait. Les sœurs avaient insisté pour que ma fille rentrasse vite, afin de commencer l’année scolaire (Nous étions fin septembre). Il paraît que les filles du Bon Pasteur ne connaissent pas l’échec au baccalauréat.
En rentrant de cette visite ma femme me fit une scène violente. Elle ne voulait pas que sa fille aille au Bon Pasteur. Bien sûr, dans sa famille, on ne l’avait pas habituée, elle, à tant de rigueur. Et puis, l’orgueil…
Je revis le juge des enfants. Il savait déjà que ma femme était contre le Bon Pasteur. Ses réactions n’avaient pas échappé aux bonnes sœurs. Il me demanda ce que je décidai. J’avais réfléchi, et j’avais résolu de tenter de redresser en famille, la conduite de ma fille. J’avais demandé à ma femme son appui, et averti
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ma fille qu’à la moindre désobéissance, elle serait remise à la discrétion du juge.
Le juge ne cacha pas sa désapprobation, il paraissait déçu de ma décision. Il me promit pourtant de répondre à mon premier appel. Nous n’en n’eumes pas besoin.
Cette fois, ma femme m’aida vraiment. Le repêchage de Christine dura 8 jours mois, pendant lesquels nous ne la perdîmes de vue ni jour, ni nuit, la surveillant de près quand elle se rendait à l’école et en revenait.
Il fallut écarte la nommée Anne-Marie, nom de guerre d’un nommé Guy Hadad, métèque inquiétant soi-disant étudiant, dont le quartier général était au bar dont j’avais le numéro. Il avait, entre autre enseignement, appris à Christine comment on se débarrasse « débrouille » quand on est enceinte. Je signalai le bar et le nommé Hadad au commissaire de police (de Pau) [Bagnéris], qui, d’abord, n’eut pas trop l’air de me prendre au sérieux, mais convoqua un jour le garçon et fit faire une descente au bar [Le Sulky, Bd d’Alsace ?]. Tous les parents de la
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« bande » se précipitèrent pour le remercier. La reprise en main de Christine avait eu d’heureuses conséquences. (En marge de la p.48 un B rouge et Commissaire Bagnéris).
La dite Christine, 2 ans plus tard, me remercia chaleureusement de ma poigne dont j’avais fait preuve à son égard. Quant à sa mère, qui, pour une fois, m’avait vraiment aidé, elle raconta partout que je m’étais conduit comme une brute épaisse [vocabulaire typique de Mam] et que j’avais horriblement brimé cette pauvre Christine.

Les dernières années.
La « double vie » ne pouvait durer éternellement. Il est rare d’ailleurs que des situations semblables se prolongent aussi longtemps. Mon amie se lassait, souhaitait se marier – avec moi de préférence – et comme l’issue ne se dessinait guère à l’horizon, son caractère s’aigrissait. Un accident vertébral – hernie discale – [Popo au trente sixième dessous et alité chez les Lamazou, dans la villa « station service » de Buros, louée beaucoup plus tard par Patrick Manachère] acheva de détériorer son caractère. Elle me reprochait véhémentement de ne pas m’occuper assez d’elle, de ne pas divorcer, etc… Je n’osais rompre tant qu’elle était malade.
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Ici se place la dernière aventure, inattendue (de moi d’abord), étrange et finalement assez scandaleuse, du fait principalement de ma femme, qui précipita les évènements, les provoqua plutôt, du fait de sa bêtise, de son caractère et de sa tendance à scier la branche sur laquelle elle est assise et toujours du côté du tronc.
Ma fille Christine, rendue à la liberté après son redressement, amena à la maison une amie de pension de son âge, fort jolie et pas encore tout à fait remise d’une déception amoureuse, d’une rupture de fiançailles qui l’avait beaucoup affectée.
[Je me souviens parfaitement de cette première fois. Nous finissions, en famille, le repas du soir dans la sinistre grande pièce centrale d’El Patio, lorsque l’amie s’est manifestée à la porte principal que Christine est allée ouvrir. Elle a introduit une minuscule chose jouant l’intimidée au faux sourire crispé, une chose qui allait foutre la merde pendant 40 ans, jusqu’à sa mort en 2000 dans un tourbillon de flammes. Christine est un oiseau de malheur.]
Ma femme la prit en affectin, puis la promeut au rôle de confidente. Et pour quelles confidences ! J’en faisais, bien sûr, les frais ainsi que ma maîtresse, mes grands parents et mon père. Cette jeune fille me répéta plus tard de tels secrets de famille, qu’elle ne pouvait tenir que de ma femme, ou, à la rigueur, de ma fille. Mais celle-ci n’aurait pu les tenir que de samère. Ainsi s’explique qu’à ce moment-là, je faisais peur à l’amie de Christine.
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Un jour, je ne sais pourquoi, impression vague, intuition, moi qui n’avais jamais jusqu’alors, redouté que mon fils aîné, Jean, s’éprenne d’une amie de sa sœur – et il en vit beaucoup – je craignis tout à coup qu’il devint amoureux de celle-là. Je le craignis pour des raisons concernant uniquement ses études et j’estimais préférable qu’il ne songeât pas encore au mariage. [Sur tous les fronts, le pater, et vraiment vieux jeu].
Pour ces raisons, je suggérai à ma femmequ’il vaudrait peut-être mieux, sans empêcher Christine de voir son amie, ne pas entretenir avec elle des relations trop suivies, à cause de Jean.
Je fus très Ma suggestion fut très mal reçue et j’entendis à cette occasion, des réflexions fort grossières que je préfère ne pas répéter ?
Je m’en tins là jusqu’au jour où je me rendis compte que Jean était parti en montagne, en cachette [c’est lui qui le dit], avec la jeune fille en question et d’autres camarades [11 et 12 Juillet 1961]. Cette fois je demandai carré j’interdis carrément à ma femme de recevoir cette jeune fille et fis part de ma décision à Christine [mais pas à Jean dont il avait peur]. Il n’en fut tenu aucun compte et, après une absence de 15 jours,
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je m’aperçus que les relations étaient devenues de plus en plus étroites.
Pratiquement en état de rupture avec mon amie, dont la colonne vertébrale était remise, mais dont le caractère ne s’améliorait pas, fatigué de toutes ces histoires, je laissai faire.
Sait-on jamais ce qui peut se tramer dans la cervelle des filles ! [voir Cima Ovest 1er juillet 1961 la même réflexion]. L’amie de Christine ne semblait plus avoir peur de moi. Nous sortîmesparfois ensemble, ma fille, son amie et moi et même nous fîmes de la montagne. Je me rendis compte, encore mieux,du charme redoutable de cette jeune fille, intelligente, cultivée, dynamique et plus que jamais je pensai que mon fils Jean l’avait échappé belle, s’il n’était pas amoureux. Or, il paraissait assez indifférent. Quant à moi, je ne songeai pas un instant que je puisse être tant soit peu exposé.
Un jour je reçus un petit mot assez sybillin, composé en grande partie d’une citation d’Anouilh. Il y était question d’amitié. Amusé, un peu touché, et nullement sur mes gardes, n’imaginant pas un instant qu’il puisse s’agir d’autre chose que d’une sympathie,
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née surtout du fait qu’on me croyait jugeait malheureux – et c’était bien cela – et que je n’étais pas l’espèce de monstre décrit par l’épouse. (Fait-on de pareilles confidences à l’amie de sa fille ?), j’acceptai cette amitié.
Peu de temps après je rompis avec ma maîtresse. C’était, je le sus plus tard, le but louable de ma fille et de son amie du petit complot ourdi par ma fille et son amie. Pauvres innocentes : elles avaient ouvert la boîte de Pandore joué aux apprenties sorcières.
Ce fut une explosion, un scandale noir dont les artisans furent, avant tout, et ma femme et mon ancienne maîtresse. On m’accusa, bien sûr, de coucher avec la jeune fille. La mère adoptive [à d’autres] de cette dernière, affolée, la fit émanciper et la jeta pratiquement à la porte de chez elle, en lui précisant toutefois que, si je voulais partir avec elle, je le pouvais.
En vain je tentai de faire adopter une solution différente, notamment la pension dans un excellent collège que la jeune fille connaissait et qu’elle appréciait beaucoup et où elle acceptait volontiers d’aller. Rien n’y fit.
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Je ne me jugeai pas le droit d’abandonner cette jeune fille à la rue. [Voilà Emmaüs maintenant]. D’ailleurs j’éprouvais déjà pour elle une solide affection, pour ne pas dire une passion, sans doute mêlée d’autre chose. Mais, et je le prétends toujours, la fuite nous fut imposée [alors que] nous aurions, nous, été assez sages {ben voyons} pour adopter une autre solution. Par ailleurs, ma femme, se croyant le champ libre – la jeune fille était fut, pendant trois mois, étroitement gardée chez elle [à Mont Vert, ndlr] et nous ne pouvions nous rencontrer – était plus agressive que jamais et les scènes se multipliaient. [Je n’ai rien vu ni entendu. Etonnant, non, pour ce couple délirant qui semblait prendre plaisir à se disputer devant témoins, leurs enfants de préférence].

Toujours est-il que, le 2 Janvier au soir, les parents embarquèrent eux-mêmes les bagages de leur fille dans ma voiture et que nous partîmes, dans la nuit, pour l’aventure. {Facile, à 51 ans, quand on vit des rentes accumulées de plusieurs héritages en partie volés, de vente d’immeubles à Paris et à Pau…}
Je partis avec l’intention de ne pas abandonner qui que ce soit. Et je prétends avoir tenu parole. Je revins très souvent chez moi {et ailleurs c’est chez qui ?}, suivis de près l’évolution de mes enfants {pour pouvoir mieux les chasser sans viatique}, pouvais toujours, en 10h de route [depuis Nice] être chez pour régler n’importe quel problème, et j’en ai réglé plus d’un. A plusieurs reprises, la jeune fille et moi cherchâmes, avec les moyens dont nous disposions, à sortir d’une situation anormale dont
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nous avions parfaitement conscience. Ce n’était pas facile, les portes de son domicile familial lui demeuraient strictement fermées. Ce fut un vrai roman, beaucoup trop long pour être exposé ici.
Témoins.
Despaux, volontaire.

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Pages blanches

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J’ajoute que, comme pour la première fille, la surveillance générale se révèle négative pour la seconde. Celle-ci se rend tous les WE à Lourdes [id. sa mère à son âge] (départ le samedi, retour le dimanche soir) où elle fait partie d’ue bande (de jeunes gens « bien » paraît-il). Elle obtient de sa mère l’argent nécessaire pour le voyage. Je trouve, pour ma part, que ces procédés sont fort imprudents. Ma femme me répond qu’ainsi, sa fille se mariera et que, d’ailleurs, elle fréquente des fils de familles aisées et que, dans l’une d’elle, un garçon aurait mis une fille enceinte, la dite famille l’obligea à l’épouser. Conclusion : ainsi sa fille sera casée et, si elle est enceinte, tant mieux, ses chances d’être épousée seront plus grandes>>>>>
Tradition familiale toujours – famille Cabanne, bien sûr – car c’est ainsi, en effet, que la mère de ma fille a procédé elle-même.

Conclusions :
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Je demande le divorce maintenant après 28 ans de mariage et 32 ans de vie commune (1934-1938) parce que :
- 1 - Toute cohabitation est devenue impossible de par le caractère très difficile et de plus en plus accentué de ma femme, caractère dont les traits ont toujours été les mêmes ainsi que l’affirmeraient tous mes témoins. Ceux-ci ont, pour la plupart, connu ma femme avant mes premières fautes et les manifestations de son caractère ne peuvent être attribuées à ces fautes.
- 2 – Tout intérêt commun doit cesser entre elle et moi, car elle me porte tort dans toutes mes activités professionnelles, dans mes affaires, Scène Tabarly [Mam m’avait fait dédicacer le livre de Tabarly à la librairie rue Saint Louis]. Vente de mes livres au comptant avec ou sans facture.
Il m’est impossible d’ouvrir un commerce.
OKILA
[Voilà un argument qui me fait hurler de rire d’imaginer le père Ollive derrière son comptoir, servir avec son meilleur sourire commercial un client à la con qui ne dit même pas bonjour, rendre la monnaie, actionner la caisse enregistreuse et rester planté là à longueur de journée toute l’année, même les WE. Lui, le vainqueur d’Ansabère qui fait la nique à tous les pouvoirs du monde [Voir le 26 Juin 1932, à 21 ans, lorsqu’il écrit : Et surtout, quel monarque, quel empereur, quel porteur de galons pourrait m’intimer un ordre, quand je suis perché au sommet, rarement violé de l’aiguille Nord d’Ansabère]. Son « ami fidèle » Jean Mole (alias Okila) a versé, peut-être malgré lui, dans ce type d’activité sédentaire pour tenir la pharmacie de sa femme, Croix du Prince à Pau. Okila le dynamique, le sportif, celui qui venait relancer son ami Ollivier envers et contre les pires tempêtes conjugales, l’Okila qui n’hésitait pas à se faire photographier en tenue d’Appolon, à poil au sommet d’une montagne, exhibant sans complexe sa bite et ses énormes testicules, en présence de Popo qui regardait ailleurs [C’est elle qui inventa son surnom, tiré de « Ô qu’il l’a… grosse », car elle n’avait pas tout perdu du spectacle antique. Assistante sociale elle en avait vu d’autre(s) !]. Okila qu’on peut voir courir avec un copain, toujours à poil, autour d’un lac glacé qu’il vient de traverser à la nage, Okila qui parcourait à ski et en slip la montagne d’hiver avec son copain Ollive sous un soleil virulent, Et voilà Okila enfin, celui qu’on aimait, aux éclats de rire légendaires, qu’on ne pouvait imaginer voir tomber si bas, emporté par le destin funeste de commerçant, attendant le client derrière son comptoir, raide dans sa blouse blanche, l’air plat d’un épicier blasé distribuant les pillules prescrites par les ordonnances, sans jamais sourire, aussi pâle et sérieux qu’un cachet d’aspirine et qui fit semblant de ne pas me reconnaître. Maté, toutoutisé par une femme autoritaire (qu’il était allé se chercher en Corse, quelle idée !), éteint, pauvre de lui, et qui finit, terrassé un jour par un cancer fatal, forcément attrapé dans sa pharmacie de merde qu’il regagnait ponctuellement chaque jour, bien à l’heure, en toute conscience professionnelle sans savoir que chacun de ses pas le rapprochait du trou fatal. Finie la rigolade ! La vie c’est du sérieux ! La preuve ! C’etait donc ça que voulait le père Ollive ?
{J’ai sans doute participé à la dernière course en montagne d’Okila, Jean Mole, le 19 Juin 1960, au couloir Pombie-Peyreget à l’Ossau. Il y avait Popo justement. J’ai revu Jean Mole dans sa pharmacie en 1970, 10 ans qui l’avaient foutrement marqué.} Ref

Suite de la page 62

Il m’est impossible d’ouvrir un commerce, dont elle chasserait la clientèle (voir mes témoins) dans lequel elle puiserait pour sa famille, avec laquelle elle fut la généreuse par orgueil et aussi parce qu’elle est sollicitée de toutes parts.
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C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai été obligé de lui restreindre autant que possible ses possibilités financières après plusieurs expériences qui m’ont démontré suffisamment sa prodigalité (Voir Banque).
3 – Tous les enfants ont quitté la maison {chassés plutôt}, sauf la dernière, âgée de 19 ans, n’attend qu’une occasion pour en partir. D’ailleurs, mes avis, mes conseils, voire mes ordres se heurtent inévitablement à une opposition farouche et systématique de ma femme et le fait d’être ensemble ne présente plus aucune utilité pour cette enfant. C’est, au contraire, nocif. L’intérêt de cet enfant exige à mon avis, malgré toutes les apparences, qu’on m’en confie la garde, ou qu’elle soit émancipée. [cad larguée].
4 – sans enfant, deux êtres qui se sont disputés toute leur vie, qui traînent un lourd passé entre eux et dont l’un est incapable de pardonner, comme il résulte d’une récente expérience, continue
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ses scènes sans raison, uniquement sur des faits passés, qui n’a jamais supporté la moindre remarque et les supporte encore moins maintenant, qui continue ses excès, sévices et injures graves qui ne s’arrêtent jamais, de tels êtres doivent-ils continuer à être enchaînés entre eux, moralement, physiquement, juridiquement et matériellement ? Et dans quels buts maintenant ?
La mission familiale est pratiquement remplie. La vie ensemble est devenue pratiquement impossible et nous expose à figurer un jour dans les faits divers des journaux.

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Noter les faits essentiels

1/. Les faits récents depuis cohabitation en Octobre. Scène devant la femme de ménage.
2/. Domicile. Pour ma femme, provisoirement El Patio, mais à rattraper après.

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Note pour la requête

Note préliminaire
Cette requête n’est pas basée uniquement sur des faits récents : elle a été retardée de 20 ans, pour laisser aux enfants le temps de grandir ; sans eux et sans une répulsion très vive que j’ai toujours éprouvée pour le divorce, elle eut été présentée 20 ans plus tôt.

1/. Excès et services. Ils ont existé de tout temps. Je n’ai, malheureusement, pas retrouvé de témoins de faits anciens. Mais il existe au moins une preuve : l’accusation portée par ma femme, dans sa requête du 24 Juin 1965, de l’avoir brutalisée. Je prétends, moi, m’être seulement défendu et avoir été parfois menacé par des armes objets dangereux et une fois par un fauteuil brandi à bout de bras ; la preuve reste à faire de part et d’autre, mais un fait est certain, il y a eu des bagarres odieuses, et parfois devant les enfants.
La preuve ne peut L’appréciation de la responsibilité
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de chacun ne peut être établie que par présomption d’après son comportement général dans la vie, d’après selon les témoins.
2/. Imputations calomnieuses et diffamatoires
a/. Les brutalités dont elle m’accuse dans sa requête en divorce du 24 Juin 1966 [y a-t-il erreur sur la date ?]
b/. Les divers abandons dont elle m’accuse dans la même requête.
Depuis 5 ans, j’ai été, il est vrai, souvent absent, pour éviter des scènes horribles devant les enfants. Mais, malgré ses dires, elle n’a manqué de rien. Mon adresse lui était toujours connue, et j’étais toujours prêt à arriver dans les 12 heures en cas d’urgence. Je suis venu très souvent « inspecter » le domicile et y ai fait des séjours assez longs pour y voir ce qui s’y passait. Mais systémtiquement, elle a évité de m’appeler dans les cas graves (accidents divers [jm est ses moto et mobylette], opérations chirurgicales) comme pour me nuire. Je précise que la majorité de mes intérêts financiers sont dans le SE où je réside souvent [euphémisme !]. L’an dernier , le Président nous a pratiquement accordé le droit de vivre séparés.
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c/. Elle s’est toujours plaint de n’avoir pas assez d’argent, depuis que nous sommes mariés, laissant même entendre que c’était presque le misère et que les enfants ne mangeaient pas à leur faim.
[Mais heureusement Mam m’a toujours acheté les produits chimiques dont j’avais besoin pour les expériences passionnantes que je menais dans mon « laboratoire » installé dans le garage de la Petite Maison, lorsque j’avais 14-15 ans].
Elle a toujours eu ce qu’il fallait. Parfois elle en a bien davantage. Mais elle a toujours plus ou moins dilapidé les fonds à elle confiés pour le ménage, soit par ignorance et entêtement – elle n’a jamais voulu écouter un conseil, ni faire ses comptes – soit par goût de la dépense, soit pour faire la généreuse (distributions à sa famille, invitations exagérées [à cause de la pingrerie du paternel personne n’était invité à la maison, pas même sa propre mère qui habitait seule juste à côté et que je n’ai jamais vue à table avec nous dans la Petite Maison], « bontés » plus ou moins bien placées.

d/. Elle a toujour manifesté une jalousie excessive et injustifiée envers toutes personnes, mes amis, mes camarades (masculins), mes enfants même, et cela à une période où elle n’avait encore jamais eu à me reprocher la moindre infidélité.
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e/. Elle a fait des confidences ordurières, abusives, injurieuses et diffamatoires à une personne à peine connue d’elle, sur mon comportement sexuel à son égard, à une époque récente, alors que j’étais absolument libre de toute liaison à l’extérieur et qu’au contraire je tentai – une fois de plus – de reprendre des relations conjugales amicales et confiantes avec elle. Elle s’était souvent d’ailleurs, à ce sujet, en tout temps, comporté de cette façon.
f/. Elle se livre en public à des manifestations qui me portent un tort considérable dans mes affaires. Elle rend impossible pour moi l’acquisition et l’exploitation d’un donds de commerce [Vous avez vu plus haut ce que j’en pense – pourquoi rêvait-il à ça ?].
g/. Elle accomplit des actes contraires à la probité, se fait prêter de l’argent qu’elle ne rend pas, a tiré des un chèque sans provision.
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h/. Détourne les économies du ménage, improvise des réceptions au-dessus de ses moyens, puis se plaint que son mari ne lui donne pas assez d’argent, et se laisse couper gaz, électricité et téléphone.
i/. N’a toujours pas rempli ses devoirs élémentaires vis à vis de ses enfants, rentrant parfois à 14h, ou le soir à 10h, en période de classe, sans que le déjeuner soit pr^t, ou ne rentrait pas du tout. Une de ses sœurs lui en ayant fait la remarque, il en est résulté une scène épouvantable et les deux sœurs se sont battues.
j/. Se prête à des rendez-vous de couples irréguliers sous mon toit, où demeure encore une fille de 18 ans, sur laquelle elle n’exerce aucune surveillance, ni sur sa conduite, ni sur ses études.
Par contre elle m’invective quand je lui conseille de la surveiller, ou quand je le fais moi-même.
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k/. Se complait dans des situations louches, se rapproche d’anciens amants irréguliers, puis avertit la femme légitime.
l/. Désordre et malpropreté ont toujours régné chez moi, même avec l’aide de femmes de ménage.

L’ambiance de hargne continuelle qui règne dans cette maison, les éclats de voix, les colères pour des causes futiles rendent le travail très difficile et très pénible dans cette maison, et, pour les enfants qui s’y trouvent et pour moi, quand j’y suis. Je me suis réservé une petite chambre de service en ville, pour y travailler officieusement dans le calme.
Il m’a déjà été accordé, lors de la dernière conciliation, le 21 Janvier 1966, de vivre séparé de ma femme, parce que la cohabitation était intenable. Je prétends maintenant que le lien conjugal tout court l’est devenu, parce que je demeure malgré tout, actuellement responsable légalement et moralement du
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comportement et des actes financiers de ma femme, que ce comportement et ces actes m’inspirent les plus vives inquiétudes ; que j’ai tenté une fois de plus un rapprochement et surtout une mise en ordre des affaires familiales, notamment en ce qui concerne ma dernière fille, que j’ai été, comme d’habitude, accueilli par des injures et des reproches et une attitude semblant spécialement étudiée pour m’écoeurer et me faire repartir. Elle a même essayé, par certaines manœuvres – et cela s’était produit déjà une fois en Juin 1965, avant sa première requête en divorce – de me faire retomber dans les bras d’une ancienne maîtresse, pour, je suppose, me remettre dans mon tort, éviter que je demande moi-même le divorce et pour dominer la maison, les enfants, le mari, exercer une sorte de matriarcat basé sur des compromissions.
Ses principaux défauts sont l’orgueil, l’esprit de domination,la volonté de puissance sans frein – sans toutefois avoir les qualités qui légitiment ou excusent ces défauts ; ils expliquent
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en très grande partie son comportement.

En conclusion, ma femme ayant déjà demandé le divorce contre moi, pour des raisons dont certaines ne sont pas valables exactes, puis ayant retiré – ou suspendu – sa demande, une année environ s’étant écoulée depuis, sans qu’il y ait eu amélioration en quoi que ce soit dans nos relations, mais avec, en outre,, une détérioration très nette dans sa conduite en mon absence, j’estime que je pense dois, à mon tour, demander le divorce.

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Requête :
1. Témoins : vieux amis, Davasse, Mole, si possible Charles Laffont (son adresse par CAF)
2. Tous les témoins possible. Davasse, Mole, Arruyer Georges, Bordenave, Despaux, Laplace Madame Fink, Mailly( ?), de la Glazière (Bottin).
3. Requête de Mme Ollivier.
4. Mme Arrastéguy. Histoire soupçons accusations contre moi à la suite de visites de sa maison par des visiteurs inconnus. (Je cherchais son dossier divorce). Accusations contre son fils et sa belle-fille.
5. Mme Arrastéguy.
6. Présomption d’après avis des témoins. Plusieurs m’ont conseillé d’éviter le domicile,et de divorcer, de peur de me voir sur le journal, le héros d’un fait divers.
7. Tous les témoins, en particulier Bordenave et Riboulot.
8. Lettres et notes de l’Ecole d’Esthétique.
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DARMENDRAIL

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Pages blanches
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Injures devant les enfants. Education provoquant les disputes. Enfants pris à témoins de son ressentiment contre le père. Causes des disputes avant 1949.
Aucune vie sociale possible.
La mauvaise langue, notoriété publique.
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de contrôle possible.
- Les provocations. Les départs.
- L’autoritarisme
- Attentats aux bonne mœurs. Provocation au scandale : contacts avec provoqués entre Mme Mailly et son ancien amant, Recco. Réactions de Mr et Mme Recco auxquels l’affaire est annoncée par ses soins. Déception de Mme Mailly et de son amant Bourdier à El Patio. Témoin : L. Cabanne.
- Office de Menechet, 3, Place Reine Marguerite (à Pau) pour enquête et trouver des témoins de cette ténébreuse histoire.
- Dr. Biaud. La scène de Christine. Opposition à l’éducation des enfants. Prendre leur parti quoi qu’ils fassent.
- L’ancien juge des enfants de Pau, Galian.
- ¨Provocations aux mauvaises mœurs. P. Daudu, Maïky (récept. à El Patio, Brigitte.
- Les coups de téléphone de ¾ d’heure.
Page 92 du Cahier Vert
Concernent des faits antérieurs au 1er Janvier 1949, ou postérieurs au 15 Octobre 1966. Ils ne sont pas à attribuer à des faures commises qui auraient pu être commises par l’épouse demandeur entre ces deux dates. La demande en divorce aurait été faite avant 1949 si les enfants n’avaient pas été trop jeunes. Le demandeur a attenduqu’ils soient majeurs ou presque (1 seul reste mineur, un autre 20 ans, est engagé encore pour deux ans dans l’armée, les autres sont majeurs et mariés.
Les fautes reprochées à l’épouse contre les règles du mariage, antérieures à 1949, sont à l’origine de celles qui ont été commises par l’époux par la suite.
- Tournée des témoins à faire, pour leur faire la leçon.
- Relations avec le clochard.
- Témoignage Fink.
- Raconte que l’argent du ménage est volé, se met en difficulté avec sa banque. Plus dilapidation des biens du ménage
Page 93 du Cahier Vert

- Liste et adresses des témoins.
- Laplace Georges : « Le Sol »,quartier des Tisserands, Coarraze-Nay. Tel. 68 44 74
- Bordenave Jean, 3, rue Richelieu, Pau. Mme Bordenave id. (conseils du Dr Tachot pour Cancéru).
- Camaly, Ecole d’Esthétique, Place Royale, Pau.
- Riboulot, 14 rue Saint Louis, Pau.
- Jean Mole. Despaux. L. Cabanne. Excès, sévices, injures graves.
- Davasse.
Je peux retenir :
- Injures verbales
- Imputations calomnieuses ou diffamatoires
- Fautes dans les relations sexuelles (Maladie vénérienne, juillet 1965).
- Comportement général de l’un des époux
- Scandales publics (Tabarly)
- Détournements des économies du ménage par la femme.
- Désordre et malpropreté.
- Faits invoqués et non prouvés dans la requête : brutalités, abandons.
- Manifestations de jalousie excessives et injustifiées.
- Jean Mole, mes copains à la porte. Mes enfants
Page 94 et dernière du Cahier Vert
- Nullité possible en cas d’aliénation mentale. Doit être demandée par l’aliéné (A2).
- Voir B2. Etat morbide. Discernement. Griefs antérieurs à la maladie (Mes témoins)
- Baser mes actions sur l’existence antérieure de faits graves, avant adultère, dont je n’ai pas voulu faire état à cause des enfants (qu’ils ne soient pas confiés à cette femme). Maintenant qu’ils sont grands…
3 bases : faits antérieurs à 1948
2 : citation en conciliation sur bases fausses : brutalités et abandons.
3 : torts dans mes affaires. Pas moyen d’acheter un commerce [Il y tient !]/Bordenave, Riboulot. On peut invoquer comme injure le fait d’avoir caché un vice grave qui m’aurait fait renoncer au mariage si je l’avais connu (Hérédité nerveuse) (B2).
- Communique un carnet intime – B3
- Accusations formulées à tort.
- Attention (B3). Les injures motivées par l’adultère ne sont pas retenues.


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