Jeudi et Vendredi 27 et 28 Juillet 1961 – Ossau, tentative à la SE de Jean-Santé.
Equipe : Marcel Besson –Jean

Tout un groupe de personnes se transporte à Aneu : JP Besson et deux copains vont faire de la spéléo à Aneu, Marcel et moi allons à Pombie. Tout ce monde et les sacs dans une 4CV !
Les occupations de ce jeudi se résument à la montée au refuge, à flemmarder et à observer la SE quand le brouillard le permer. Le refuge est bourré d’Espagnols. Je rencontre un prof de Physique de Ste Foi la Grande ; il connaît bien tous les profs de la Fac de Pau. Il propose de nous réveiller à 4 h du matin. Au poil !
Vendredi matin il fait à peine jour lorsque nous partons du refuge, Marcel et moi. La Muraille de Pombie s’écrase à mesure que nous nous en approchons. Nous commençons à perdre du temps pour trouver l’attaque [pourquoi ne pas l ‘avoir repérée la veille ?]. Le relais de la première longueur est saturé d’anneaux de rappel. Marrant. Nous continuons et récupérons les pitons que nous trouvons sur notre route. En traversant vers la droite nous dépassons une cheminée surplombante pour arriver dans une zone moins raide. Comme un idiot je continue à monter sur ce terrain qui a l’air facile mais qui en réalité est affreusement casse-gueule. Relais. A ce moment-là deux types se pointent. Ils vont à la Jolly. Il s’agit de Sylvain Sarthou et de Jean Gardien.
Pour retrouver le fil de la voie de la SE nous opérons une traversée à droite très délicate et un rappel nous ramène sur le bon itinéraire. Perte de temps rageante.
Il est temps de consulter le guide ! « Se diriger vers la droite, puis s’élever directement sur des dalles raides (IV inf.) » Aussitôt je fonce allègrement. Les dalles j’aime ça, et le IV inf. c’est du tout bon. La dalle est équipée de trois pitons. Bizarre pour du IV inf. Au milieu de la dalle je mets du temps à trouver la solution. Un complexe me gagne, l’escalade à l’Ossau est vraiment spéciale et je n’y suis pas encore habitué. Que va-t-il en être plus haut avec des passages de V et même de VI d’après le guide si je foire ici un passage de IV inf. Je franchis tout de même la dalle en estimant que je m’y suis mal pris dans ce passage où je n’étais pas du tout à l’aise. Quant à Marcel qui dépitonne [façon de gagner du temps, encore !] il est à l’agonie dans le passage et je dois l’aider. Nous restons perplexes. Mais en levant les yeux les Escaliers Gris nous sautent à la figure ! Nous sommes stupéfaits ! Et rassurés ! Nous venons de franchir, non pas du IV inf. mais du VI (cotation du guide). Ouf ! Well, nous sommes forts !
Nous nous préparons à boire un peu avant d’affronter ces fameux Escalier Gris lorsque Marcel me montre l’horizon vers le Nord ou NW. De sombres nuées approchent à toute allure !
Je n’ai aucune envie de me battre avec le mauvais temps, je sais maintenant ce que c’est et je décide la retraite car ce soir il faut être à Pau. Marcel est d’accord, tout en rechignant. Mais il ne voyait pas sans inquiétude le jet de la face au-dessus de nos têtes.
Et c’est la fuite déprimante. Rappel à la dalle de VI, rappel à la cheminée, rappel au dièdre de 30 m.
Nous arrivons à la voiture (à Aneu) à 19h comme convenu [et si nous avions poursuivi dans la SE ?]. Les spéléos ne sont pas là. Nous les attendons jusqu’à 21 h. Ce qui fait du 23 h à Pau.
Hurlements pour la SE [J’ai sûrement raconté la journée et le Dégonflé de la face Nord de la Pique Longue s’est réveillé].