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12-JUIL-1961 selfie

12/7/1961 - Pause casse-croûte à l'abri du vent au cours de la traversée Petit-Pic -- Grand-Pic d'Ossau

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Photo : De gche à dte : jm, Anfoy, Maïky masquée car incognito et Patrick.
Un oeil averti distinguera un Opinel sur le caillou, face à Anfoy.
Un bout de corde en chanvre traine par terre.
Le 27 mars de la même année (1961) Hervé Butel et Jean Ollivier subissaient,
dans la neige, un bivouac non prévu et frigorifiant au même endroit !

Mardi et Mercredi 11 et 12 Juillet 1961 – Ossau Petit Pic-Grand Pic
Equipe : François, Patrick, Maïky et Jean. Véhicule : 2 CV (conduite par la tante Monique, alias Aglaé – surnom dont je l’ai affublée).
Pic d’Ossau, arête de Peyreget et Petit Pic-Grand Pic.

En préambule voilà ce que j’ai noté :
Oh la la !! suis-je ou ne suis-je pas ? (amoureux), n’est-elle ou n’est-elle pas ? Toujours est-il que Patrick, le copain de François, est venu à El Patio en compagnie de Maïky pour me rencontrer. C’est mardi matin et je suis en train de repeindre la grille qui donne sur la rue. Ils me demandent si je suis disponible pour les accompagner à l’Ossau, ainsi que Fougère, pour y passer deux jours. Pour moi c’est OK tout de suite.
[Réflexion a posteriori, près de 60 ans plus tard : quelle était alors la stratégie de Maïky après le cirque du samedi 1er Juillet ?Nous l’avions martyrisée dans la Cima Ovest et il était plus qu’évident que le père Ollive ne voulait pas que nous fassions quoi que ce soit ensemble, il était implicite que nous ne devions plus nous revoir. En fait je n’étais pas amoureux d’elle, et seules comptaient pour moi les montagnes et accessoirement mes études. Voulait-elle un clash ? Etait-ce la seule manière d’investir la famille Ollivier ? Au départ c’était pourtant la copine (de classe et de cul) de Christine laquelle pouvait lui offrir une porte d’entrée facile. Ce qu’elle a fait d’ailleurs, mais c’est une autre histoire].
A 13h30 Patrick vient me chercher sur sa moto, modèle léger mais très nerveux. Et hop ! En route pour Assat où je retrouve Maïky, Foufou et son innombrable famille. La tante qui doit nous transporter en 2 CV n’est pas là. Elle n’arrive qu’à 16h30. Tante Monique, qui parle comme a, tante Aglaé… ce nom lui va mieux.
Tante Aglaé embarque donc Maïky et Fougère [Maïky n’avait sans doute pas eu le courage d’affronter une route de montagne avec sa 2 CV], Je monte sur la petite moto de Patrick et en avant. C’est sympa la moto par ce beau temps et ça gaze !
Petit arrêt à Laruns. Patrick en profite pour m’offrir une blonde. Il y tient. Après un refus ferme le l’accepte sous la condition que ce soit le vent qui la fume, ce qui fut fait dès que nous reprîmes la route. Un ChocoRêveR prend le relais. Et voici Aneu… Les fesses commençaient à me faire mal. En traversant le torrent [toujours pas de pont à cette époque], tante Aglaé glisse et tombe sur le cul dans l’eau froide. L’équipe ne peut réprimer un fou-rire hystérique. C’est à ce moment-là que j’ai eu l’idée de son surnom, car pour moi une Aglaé ne pouvait pas être adroite – ou alors c’est en pensant qu’elle pouvait prendre froid par le fondement, agla-gla ? Vaste sujet.
Nous atteignons le refuge une heure plus tard et il est habité par un père et ses deux fils. En réalité un curé et deux gosses. Ils sont effacés et ne font pas de bruit.
Comme il fait encore jour j’initie mas trois affreux aux manœuvres de corde, aux mystères de l’assurance, au vertige du rappel. Lequel terrifie Maïky.
Le repas et sa préparation furent homériques. La soupe, à moitié cuite, s’écroule sur la table dans un jaillissement de flammes issues du réchaud à essence. Tante Aglaé s’empresse de picorer tout ce qui est mangeable. Chacun a sa gnole spéciale, et tout le monde boit en beuglant. Je finis de m’abrutir en fumant une pipe [je n’ai jamais fumé auparavant], au grand désespoir de Maïky à qui j’avais interdit de fumer et qui suivait mes ordres (sic) … curieux …Le pauvre curé qui s’était couché à 20h en prévision d’un réveil matinal !
Nous aussi devons partir tôt, nous préparons donc les sacs et au lit, dodo. Façon de parler d’ailleurs car je n’ai strictement pas fermé l’œil de la nuit ; dès que l’un arrêtait de beugler un autre s’y mettait. Il y eut même une partie de catch durant la nuit blanche. Patrick, craignant de devenir « tout bleu » alla se blottir entre Maïky etFou-Fou, lequel réussit à dormir malgré les ronflements tonitruants de Patrick (qui a donc réussi à dormir lui aussi). Le réveil, dont le mouvement couvrait la sonnerie, se met à sonner à 1h15. Etc… jusqu’au lever, vers 4h.
L’équipe est en route sur le névé de la Grande Raillère à 4h30, avec une Maïky de mauvaise humeur, ça va durer toute la journée. Nous ne mettons même pas 3/4 heures pour atteindre le col de Peyreget. Un vent froid nous fouette, le soleil émerge à l’Est au travers de nuages-poissons. Mauvais signe. Nous prenons pied sur l’arête de Peyreget sans problème. Il y a trois mois nous crevions de froid Hervé et moi sur cette arête. Comme cela semble loin ! L’humeur de Maïky est remontée au beau depuis que nous lui avons mis sur le dos un chaude veste en duvet, la doudoune, et un passe-montagne. Tout de même ces sautes d’humeur…
Et nous progressons « aux anneaux ». Au moindre ressaut nous les posons et je passe devant pour assurer tout le monde. Je retrouve l’emplacement de notre bivouac de Pâques avec Hervé. Tout se passe bien. Le soleil commence à chauffer. Mais lorsque nous parvenons à la cheminée du Petit Pic il se cache et un vent violent et glacé venant du SW nous perce les os. Maïky nous attend au pied de la cheminée, le temps pour Foufou, Patrick et moi de monter au sommet et d’en redescendre.
Nous essayons de casser la croûte à l’abri d’un bloc. Maïky se serre contre moi et me serre contre elle, prétextant le froid. Mais ses yeux…
La descente vers la Fourche se fait très prudemment. Trois grimpeurs montent au Petit Pic à ce moment-là, or quelques minutes auparavant nous avions déclanché un de ces bombardements ! Depuis la Fourche nous les voyons agiter les bras pour nous dire au-revoir. Bon débarras ! Pas de …iales ici.
Quitter la Fourche par le couloir nous semble trop embêtant et nous préférons monter au Grand Pic. Cela se fait sans trop de mal. Le soleil réapparaît par moments. Nous feignantons au sommet du Grand Pic, mais les nuages qui refont leur apparition nous chassent. L’humeur de Maïky baisse à vue d’œil, et, depuis les névés du Rein de Pombie jusqu’au refuge eslle ne desserrera pas les dents un instant, restant toujours à l’arrière. Elle trouve le moyen de se tordre une cheville sur les pentes du col de Suzon. Patrick est très intrigué par ces sautes d’humeur qui cassent l’ambiance.
L’humeur de Maïky est encore glaciale lorsque nous parvenons au refuge mais se dégèle quelque peu lorsque nous sommes prêts à partir. Nous restons ensemble, Maïky et moi, sur le chemin qui conduit à Aneu, lentement à cause de sa cheville. Malgré cela elle porte son sac et ne se plaint pas.
La rentrée à Pau, à Assat en fait, se fait en partie sous la pluie. La moto de Patrick fait merveille. On gratte tout et on manque aussi de rater un virage. Chez Foufou grosse réception en l’honneur de Philibert, morpic de 12 ans. Il faut signer le Livre d’Or de la famille Fou-Fou. Je n’ai pas de citation en tête. De même Maïky.
Après nous être faits raccompagner, Maïky m’offre en guise d’au-revoir un petit œillet cueilli dans la montagne [il est toujours dans le carnet de courses].
30 secondes après que nous nous sommes quittés j’apprends que le pater sait tout. Il a bien bluffé pour tirer les vers du nez et ça a marché. Il a même failli aller à Pombie. Clac – clac. Quel chieur ! Enfin, tout va bien à présent, mais Maïky a été malade de cette histoire. Que lui a-t-il raconté ?


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