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Jean M. Ollivier | all galleries >> Scraps et souvenirs >> Secret pin's >> Dans le secret des Ollivier >> Compilé des meilleurs écrits et récits >> 12_montagne > 1973-Face NW directe du Petit Pic
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25 Aout 1973 jmo

1973-Face NW directe du Petit Pic

Photo : Eperon Nord et face NW du Petit Pic

Samedi 25 Août 1973 au Lundi 27 Août 1973 – Ouverture de la NW directe du Petit Pic d’Ossau.
Cordée : François-Chantal-Jean
Photos : diapositives
Nous espérons que la troupe de nains de jardin braillards ne sera plus dans la tant désirée face NW du Petit Pic d’Ossau. Ils étaient lents, mais quand même ! Et nous remettons ça. Le temps est toujours idéalement beau et comme samedi dernier nous évitons soigneusement Pombie et allons camper sur la rive de l’un des lacs supérieurs de Pombie. Sur l’herbe grasse et à l’abri du vent nous passons une excellente nuit. Au matin tôt (4h) nous voilà prêts pour l’affrontement, à la condition que la paroi soit libre de nains de jardins ou grimpeurs de toutes sortes.
Ce qui est le cas. La montagne est pour nous seuls. Sans les homoncules multicolores et hurleurs la paroi a retrouvé sa noblesse et son élan majestueux. Seuls quelques choucas par leur cris caractéristiques ajoutent une note de vie sympathique dans cet univers hautement minéral. Nous remontons rapidement le socle, qui est facile. Puis la paroi se redresse nettement et nous sommes bientôt au niveau de la traversée historique à gauche. Le père Charles Minville, emmené par l’aspirant guide Jacques Ronnet, communiste comme lui, y fit une chute spectaculaire et se défonça le fondement. Je fis partie de la caravane venu le récupérer au bas de la paroi, après qu’il eut passé une nuit dehors sans équipement. Il m’en fut reconnaissant.
A ce niveau nous regardons l’heure. L’accident de Minville me revient en mémoire. Aurons-nous le temps. Chantal et Anfoy ne sont pas des sylphes des traversées vertigineuses. Et nous avons imprudemment promis de rentrer dans la soirée. Directement au-dessus de nous je repère une plateforme, éclairée par le soleil, située à la base du petit éperon SW qui rejoint le sommet du Petit Pic et à laquelle on accède en général par l’arête de Peyreget. Elle a l’air si proche. Euréka ! C’est par là qu’il faut passer si l’on veut éviter le bivouac. En outre la progression directe est sans danger pour les seconds. J’opte donc pour cet itinaraire.
Curieusement aucune trace n’indique qu’il a été pratiqué, aucun piton. Comment ? en 38 ans personne n’a pensé à utiliser cet échappatoire intelligent ? Il n’attendait que nous donc. Direct il l’est, oui, mais malgré son rocher travaillé il n’incite pas à partir en escalade libre [ce qui fut fait plus tard, lors de répétitions], tant il est redressé. Le souvenir de la Cima Ovest d’Arudy me taraude encore : une fois parti il devient vite impossible de placer un piton [les coinceurs, rapides à placer, ne sont pas encore d’utilisation courante]. Une grande partie de l’escalade se fait donc sur pitons, ce qui prend du temps. C’est ainsi que nous parvenons sur la plateforme au coucher du soleil. La nuit tombe rapidement et je ne veux pas descendre l’arête de Peyreget de nuit, trop long et trop risqué. C’est donc le bivouac obligatoire, sans équipement et sans nourriture ni eau.
La nuit fut belle, sans vent, le ciel criblé d’étoiles. Un fin croissant de lune a disparu très tôt à l’Ouest. A part quelques frissons, un peu froid au pied, tout le monde attendit patiemment le matin. Durant la longue nuit on a le temps de gamberger, de revenir sur les évènements de la journée, de s’inquiéter pour ceux qui nous attendaient ce soir, mais aussi de rêver au cours des brèves séquences de sommeil. Au matin nous attendons que le soleil soit suffisamment haut pour nous sortir de notre engourdissement. Rien pour nous sustenter en ce début de journée, François allume une cigarette, je sors ma grosse boufarde. Fumée du matin fumée de l’enfer, un enfer rempli d’arômes diaboliques comme il se doit, mais qui me régalent.
L’arête de Peyreget est descendue joyeusement. Nous filons directement à Pombie, clamer notre victoire sans partage (puisque c’est une première) au couple ébahi Hervé-Renée. Pour fêter ça ils nous offrent le petit déjeuner qui nous a tant manqué depuis le réveil dans les frimas d’une aube néanmoins radieuse. Renée partage notre joie, car voilà une paroi de moins qui ne lui volera pas son époux épris de liberté.
Mais ce n’est pas tout, il faut foncer avertir la famille (en ces temps préhistoriques le refuge de Pombie ne possédait pas de téléphone), et peut-être stopper les caravanes de « secours » munies de sacs à viande pour récupérer, dans une démarche fataliste, les restes éparpillés des jeunes imprudents [cf. le terrible accident de 1961], Selon le sens commun la montagne aurait, tel un être vivant assoifé de sang, un besoin irrépressible de sa part de chair fraiche. En cet été 1973 peu d’offrandes lui avaient été accordées en effet, tant à l’Ossau qu’ailleurs sur la chaîne des Pyrénées. La statistique aussi réclamait son dû afin de dénoncer « l’Alpe homicide ».
Nous gagnons à toute hâte Aneu et descendons en voiture à Laruns. Nous y rencontrons Edouard, le frère cadet de François, et François Buffin, un beau-frère. Ils attendent les secours. Car une folle inquiétude s’était emparée du Foufouland. Un remake de 1963, après une accalmie de dix ans.. Et la peur que la chance finisse par tourner… Quelques coups de téléphone calme la famille et les serviteurs dévoués des dieux de la montagne, à laquelle aura échappé, une fois de plus cet été, une belle tranche de chair fraîche.
Mais non tout est bien qui finit bien. Serions-nous prêts à recommencer ? Avec François déjà papa et Chantal et moi peut-être parents un jour. Il est indubitable qu’un vilain petit caillou noir figure désormais à cette date dans le journal de la maman d’Elisabeth, Annie, déjà enceinte de 6 mois du futur enfant. .Sacré Anfoy ! Sûr qu’il pressentait la chape de plomb qui allait bientôt s’abattre sur lui [cf la crise d’Anne, quelques années plus tard lorsqu’il voulut m’accompagner pour parcourir en vélo quelques cols des Pyrénées. J’ai bien vu qu’il avait capitulé. Il était devenu toutou François, c’est bien triste mais ça lui correspond].

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Date/Time06-Mar-2010 21:11:35
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