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1960

Louis Barthou 1960 : Maths Elem 1 - La traque des cavernes aidée par Henri

40 élèves ! Et ça ne faisait pas peur aux profs en ces temps-là.
On y voit JP Pagès, JP Besson, Jean Minville, Jézéquel
Et l'honorable prof de Maths Bésinau.

Comment tout a démarré à la fin de l’été 1958

Ces menus évènements ont conditionné mes années à venir
et peut-être même ma vie tout court.

Introduction
Depuis 1957, au collège de l’Immaculée Conception, à l’issue
de longs conciliabules avec mon camarade Henri Abadie échangés
dans la cour de récréation des Grands et ses vénérables platanes
(sans doute les derniers témoins de l’ancien parc dans lequel
avait été édifiée l’ancienne institution des Jésuites dissoute
à la Révolution), m’était resté en mémoire la virée spéléologique
à laquelle il avait participé avec le groupe de scouts auquel
il appartenait et qu’il m’avait racontée en détail, avec beaucoup
d’enthousiasme. Son récit m’avait fasciné, par la description qu’il
m’avait faite des deux cavernes mystérieuses qu’il avait visitées,
assez proches l’une de l’autre, dans le même vallon. L’une d’elle
était d’accès facile et comportait un grand porche sous lequel il
était facile d’imaginer que nos ancêres préhistoriques s’abritaient.
Malgré tous leurs efforts ils ne lui avaient pas trouvé de prolongements
souterrains.
Ils avaient accédé à l’autre caverne par une ouverture discrète
et avaient découvert une grande salle ornée d’une superbe formation
stalagmitique. Contrairement à la première caverne une ouverture
permettait de poursuivre l’exploration. Elle donnait accès à un
étroit couloir qui aboutissait au plafond d’une seconde salle. Afin
de l’explorer les scouts avaient amené des échelles souples de type
spéléo afin de descendre sur le plancher en pente de la salle
inférieure. L’exploration s’était arrêtée là car aucun orifice
disponible ne permettait de la prolonger. C’était du moins leurs conclusions.
Cavernes, hommes préhistoriques, stalagtites, stalagmites, salles,
boyaux, exploration, découvertes de zones inconnues, quel programme !
Et combien il aurait pu égayer mon esprit durant cette lugubre année
scolaire 1958 au Lycée Louis Barthou de Pau dans lequel rien ne me
plaisait. Je n’y ai vraiment repensé qu’aux vacances suivantes, lorsque
je fus repris par le démon de la bougeote comme j’avais pu l’être durant
l’année-vélo 1956 et le voyage vers la mer avec mon ami Gérard. Mais
comment retrouver ces cavernes mystérieuses qui avaient tant plu à l’ami
Henri et qui m’avaient tant fait rêver ? Il me fallait retrouver Henri
afin qu’il me fournisse plus de précisions.
Je cours donc à son domicile, mais y trouve porte close. La famille est
sans doute en vacances. L’époque n’étant pas encore au téléphone, encore
moins aux textos, je m’arme de ma plus belle plume et lui adresse un
courrier en pensant que ma lettre finira bien par l’atteindre. Mais quand ?

L’été s’avance, j’oublie Henri, j’oublie les cavernes. Elles sont
déjà remisées dans le repli mythologique de ma mémoire des choses
décidément inaccessibles voire infaisables à l’instar de la soucoupe
volante mue par un sytème anti-gravitationnel que, dans ma jeunesse,
je construisais tous les soirs avant de m’endormir – moment où je m’
envolais enfin vers les étoiles (que je pouvais voir de la fenêtre !).
C’est durant la première semaine de Septembre que je reçois un pli
envoyé par Henri, depuis Les Troënes à Hossegor dans les Landes.
Son lieu de vacances manifestement. Il répond à ma requête pressante
avec moult détails mais sans la précision nécessaire pour localiser
les grottes car, écrit-il, « les grottes que j’ai faites sont difficiles
à localiser. » De petits croquis, sensés m’éclairer, accompagnent le
texte. Le dernier laisse augurer d’une poursuite possible de la
seconde caverne par un couloir signalé « inconnu », ce qui est très excitant…
Voici la lettre de Henri :

Jeudi 4 Septembre 1958 – Lettre de Henri Abadie

La lettre d’Henri, adressé à Jean Ollivier, 7, Avenue de Lons à
Pau (B.P.), donc à El Patio, la Petite Maison étant au n°5.
[Début septembre nous avions donc
déjà déménagé].

Hossegor le 4 sept. 58
Cher ami
J’ai reçu ta lettre et je m’empresse avec un jour de retard d’y
répondre. Comme tu le sais je suis à Hossegor, endroit particulièrement
agréable pour passer des vacances. Je navigue continuellement sur mon
bateau, à voiles quand il y a du vent, à rames dans les autres cas. J’ai
appris avec plaisir que tu avais passé un mois de vacances formidable,
il paraît que la Medit…(c’est trop long) est très agréable. Je n’y
suis jamais allé, ni aux Calanques.
Venons au sujet qui nous intéresse :
1°/ Les échelles de corde… en acier, c’est Thin’s
[l’abbé Sorre, le prof de chimie en 3ème, identifié par les sons
de la verrerie chimique qui s’entrechoque avec ce son caractéristique]
qui était allé les chercher chez Bidegain. Je ne doute pas que
ce dernier te les prête, il est très sympa, sinon va voir Thin’s
et demande-lui où on pourrait en trouver – peut-être chez les scouts
de St Jacques ou sûrement chez ceux de Pontacq. C’est du travail pour en trouver.
2°/ Pense aux casques (très très utiles. Pour toi tu
en as un, que les autres en aient aussi ; montes-y un phare de vélo c
’est très commode.
3°/ Question vestimentaire c’est très facile ; il est
cependant conseillé d’avoir une combinaison de mécano et d’y être en
maillot de bain car en sortant vous serez tout jaunes de terre glaise
[argile]. Si vous avez des échelles, prenez des baskets comme chaussures
car les crampons de celles de montagne accrochent.
Les grottes que j’ai faites à Arudy sont difficiles à localiser.
Je vais essayer de te faire un plan (sic).
Suit un plan succinct avec deux lieux annotés 1 et 2.
1/ Grotte d’Espalungue (je ne l’ai pas faite, tout le monde la connaît).
2/ C’est par là (c’est vague). Il faut descendre dans un champ,
contourner une grange et pénétrer dans le bois ; il y a d’ailleurs un sentier.
Il ya 2 grottes ;
une qui nécessite une échelle pour descendre dans une grande
salle mais qui est facile sauf l’entrée de la salle qui est
dans un coin et étroite.
Puis il y en a une autre, 100 mètres plus loin qui tout d’abord paraît
impossible, mais au plafond il y a un étroit goulet. Il faut faire
de l’escalade artificielle pour aller y mettre une échelle, de là
tu marches cinq mètres à plat ventre ( !) et tu débouches sur une
plate-forme. Il faut mettre une autre échelle juste à la sortie du
goulet car c’est instable et il y a chute de pierres. Le boyau
suivant est en bas, il faut y aller à quatre pattes et c’est long,
plus loin l’inconnu ( ?).
Suit le schéma en coupe de la caverne avec la montée et la descente
au moyen d’échelles et le départ vers l’inconnu.
Je te quitte en te souhaitant une belle balade et le beau temps
(se méfier des infiltrations).
A bientôt
Henri

Dimanche 6 Septembre 1958date approximative – En vélo avec Pierre,
découverte du cirque d’Anglas.
Equipe : Pierre-Jean
Véhicules : vélos
Nous avions l’habitude, Pierre et moi de faire de petits tours
en vélo dans la région, jamais très loin de la maison : Morlaas,
Lacq, Nay… Mais cette fois, intrigué et rendu très curieux à la
lecture de la lettre de Henri il me tarde de suivre les indications
de mon copain afin de repérer les fameuses grottes. Pierre est
d’accord pour m’accompagner sur son petit vélo. Pierre est âgé de 12 ans.
Je n’ai pas pris de notes à l’issue de cette expédition. Seules m’en
restent quelques images. Les 50 km AR en vélo n’ont pas posé de problèmes.
Nous étions entraînés. Ma
is arrivés à Arudy, bourg vaguement entrevu dans les années
1955-1956, lors de déplacements au Rocher du Bouvier avec
mon père, nous eûmes les plus grandes difficultés à faire
pas indiqué le nom des fameuses grottes. Peut-être l’ignorait
-il lui même. En écrivant ce texte j’imagine un instant que
nous sommes en 2020 et perclus de perplexité sur la place
d’Arudy : « Allo Henri ? Nous sommes arrivés à Arudy et,
malgré tes précieuses indications, nous ne savons pas trop
vers où nous diriger pour retrouver tes grottes. Peux-tu nous aider ? ».
On peut toujours rêver aux bienfaits de la technologie.
Mais voilà déjà un an et demi que Henri est venu par ici,
intégré dans un groupe qui connaissait l’itinéraire à emprunter.
On peut considérer que les efforts d’Henri pour me « tuyauter
» par écrit sont assez remarquables. Que peut-il ajouter ? Bon,
rangeons le téléphone fictif, réintégrons notre capsule
spatio-temporelle et regardons ce que nous pouvons faire en ce
mois de septembre 1958. J’ai en main le topo d’Henri, une boussole
et une carte d’Etat-Major en noir et blanc du XIXème siècle. Ah,
j’oubliais, en 2020 nous aurions bénéficié de cartes en couleur à
petite échelle et ultra-détaillées, ainsi que d’un GPS ultra-précis.
Quelle joie ! Il n’y aurait plus rien à chercher, tout serait servi
sur un plateau. Heureux ?
Nous patrouillons, Pierre et moi, de notre mieux. Ici les gens ne
connaissent que la grotte d’Espalungue et selon eux il n’y en a pas
d’autres. Henri indique une route qui part vers Oloron. En fait il y
en a deux. Quelle est la bonne ? D’après le schéma succinct « c’est
par là », c’est à dire une route qui va à Oloron en passant par le
bois du Bager, et au bout de x km « descendre à gauche dans un champ
et contourner une grange…[plus loin] il y a d’ailleurs un sentier. »
Des champs, des granges, il y en a partout. Nos recherches restent
vaines. La route du bois du Bager devient vite compliquée. Nous rebroussons
chemin pour nous consacrer à l’exploration de la zone située à
l’Ouest du village, au-delà d’une marbrerie et de l’énorme menuiserie
Lombardi et Morello. Nous f
aisons ainsi connaissance avec la Fonderie Messier et le paysage
sauvage qui l’entoure. Il ne correspond en rien aux indications
d’Henri. Nous continuons donc à fureter jusqu’à une ferme ultime
[ferme Courrèges-Anglas], en direction de rochers aperçus de loin.
Pour nous les cavernes se trouvent au pied des falaises, c’est bien
connu. Rochers, donc cavernes. En nous approchant nous devinons bien
un vallon, mais pas le champ signalé, avec sa fameuse grange qu’il
faut contourner. En poursuivant nos recherches nous finissons par
tomber sur un champ comportant une grange en effet. Mais si nous
passons par là nous nous éloignons des rochers, donc des possibles
cavernes, et au-delà il n’y a ni bois ni sentier accueillant.
Nous faisons marche arrière et tentons de parvenir directement au
pied des falaises, parfaitement visibles depuis une anciennene
sorte de jungle composée de buis serrés entre eux et de ronces
entremêlées, le tout sur un épais tapis de mousse humide qui
recouvre un pierrier instable. Tout pour plaire. A ce régime
les rochers semblent s’éloigner au point de devenir inaccessibles.
Ecorchés, griffés de partout nous abandonnons assez vite cette
exploration aléatoire qui ne conduit nulle part. Car, convenons
-en, la troupe de scouts et Henri ne sont pas passés par là, c’est évident.
Désappointés nous reprenons nos vélos pour rejoindre Pau et la
famille à une heure correcte. Le mystère des grottes de l’ami Henri
reste entier. J’ai simplement appris à connaître les endroits qu’il
n’est plus nécessaire d’explorer.
Ayant « photographié » les lieux après cette reconnaissance
topographique de la région d’Arudy, je cherche à obtenir des
détails supplémentaires de la part du copain Henri et je m’empresse
de lui adresser (peut-être) une nouvelle missive avide de précisions,
à la limite de la naïveté. J’ai retrouvé le brouillon. La lettre
est-elle partie ? J’en doute un peu car je n’ai pas obtenu de réponse, semble-t-il.

7 ou 8 Septembre 1958 – Contenu de la missive adressée à Henri Abadie
après l’expé bredouille avec Pierre. Je me demande encore aujourd’hui
ce qui primait en importance, le bac ou les grottes de Henri ?
Mes requêtes sont précises. J’ai retrouvé le brouillon sur lequel
figurent les détails que j’attends de Henri pour trouver ses grottes.
1/- Pour arriver aux grottes, le chemin est-il large, étroit,
empierré, de terre, entouré de haies ou non ?

2/- Le chemin est-il sinueux, en croise-t-il d’autres
? Faut-il passer par-dessus des barrières ?
3/- Marche-t-on longtemps pour arriver au bois ? Marche-t-on
longtemps dans le bois ?
4/- L’entrée des grottes est-elle apparente ? S’écarte-t-elle
du sentier ? A droite ou à gauche ?

Faut-il contourner la grange par la droite ou par la gauche.
Pour les grottes quelle longueur de corde faut-il ?
Est-ce désert autour de l’entrée des grottes ?
…………
Il serait peut-être moins fatigant que tu
viennes avec moi, si c’est dans tes possibilités ; je vais te
donner les miennes :
- Le 17 et 18 niet !!!!

- jusqu’au 25, date des résultats, je peux trouver 1 jour
- Si j’échoue, j’ai du 25 au 30 ; sinon je n’ai plus que le
30, l’oral étant le 29.
De toute façon je me trouverai facilement 1 jour. A toi d’aviser…
et d’aviser comme il faut !

Amitiés et à bientôt
Jean

PS : J’ai 50 mètres de corde, pas de montagne, mais solide.
10 pitons, 5 mousquetons à moi + le reste.
Deux casques avec lampe à vélo. Il manque 1 pile. 1 salopette
et une combinaison en nylon, 1 marteau d’escalade, des bougies,
lampe à acétylène etc…

17 et 18 Septembre 1958 – Session écrite de Septembre du bac

24 Septembre 1958 – Lettre de Hervé, suite à la rencontre avec Mam.
Sur ces entrefaites, au mois de septembre 1958, ma mère crois
e en ville, à Pau, mon ancien camarade de classe Hervé Butel, prend
de ses nouvelles et l’informe de ma disponibilité.

Malgré la proximité de nos domiciles, Hervé se fendit d’une
lettre tout ce qu’il y a d’officiel, lettre que par miracle je
possède encore en 2020 et pour longtemps :

« Mon vieux,
C’est clair, je m’ennuie, tu t’ennuies (paraît-il) ;
il serait peut-être alors possible de se revoir. Tu
connais mon adresse »
hervé butel

Nous n’avons pas perdu de temps. J’avais un projet en cours et
le désir impérieux de le réaliser. Hervé arrivait à point nommé.
Mis au courant il adhéra tout de suite au projet, et rendez-vous
fut pris pour mettre la main, les pieds et le reste sur ces foutues
cavernes nichées dans un recoin caché de la région d’Arudy. A partir
de dorénavant elles n’auront qu’à bien se tenir.

29 Septembre 1958 – Oral du bac à Bordeaux
Voyage en voiture avec mon père. Stress intense. Nous passons
à proximité d’une base militaire américaine, puis allons
déjeuner chez Jacques Soubis, GPHM et dentiste en proche banlieue
de Bordeaux. Appétit nul. Mme Soubis m’encourage. Elle m’enverra
un mot lorsqu’elle apprendra mon succès au bac.

Lundi 6 Octobre 1958 – Premier jour de classe pour la nouvelle
année au Lycée Louis Barthou à Pau.

Bac en poche et à nouveau inscrit au lycée Louis Barthou, classe
de Maths Elem, je m’empresse de recontacter Hervé pour mettre
au point notre expédition aux grottes de Henri Abadie N’y a pas
que les maths dans la vie !
Equipés du mieux que nous pouvons l’être nous décidons de nous
retrouver dimanche prochain pour tenter de résoudre ensemble l’énigme
des grottes de l’ami Henri, dont nous apprendrons plus tard qu’elles
se nomment Malarode, sans doute du nom de leur découvreur.


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