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1945 Voie de l'Arceau renversé‚

L’Arceau renversé et la Crête des Druides
Première ascension le 16 septembre 1945, par Philippe Marchand et Robert Ollivier
(Même jour, même cordée, première ascension de la Crête des Druides).

Dans la pénombre, Philippe allonge le pas. Ses tricounis font jaillir des
étincelles sur les pierres mal rabotées de la route du Cirque. Et moi,
je le suis en boitillant. Depuis que je me suis aux trois-quarts rompu
un tendon d'Achille, l'hiver précédent, dans une ridicule chute à ski,
je n'aime pas marcher en terrain plat. J'y clopine et m'y traîne
désespérément. Aussi vois-je approcher avec soulagement la grande
enceinte, toute sonore de la musique des cascades. A cette heure, le
Cirque est voilé de gris ; les crêtes elles-mêmes, là-haut, à 3.000
mètres, n'ont pas encore rougi. Mais l'immense Colisée ne paraît pas
dormir. Jamais il ne paraît dormir, tant il est plein du bruissement
de ses eaux vives, qui bondissent en filets d'argent de ses
gradins réguliers et gigantesques.
J'arrive avec soulagement au pied du Mur de la Cascade. Ici, je ne
vais plus boiter. Un jour, à deux touristes qui déclaraient
ne pas « marcher » assez bien pour faire la Meije, le père
Gaspard répondit : « A la Meije, on ne « marche » pas... »
Je pense qu'il va en être de même sur le Mur. Et je suis heureux
de ne plus être un infirme.
Sans corde, Philippe et moi grimpons joyeux. Le jour se lève,
le prodigieux décor s'éclaire ; le chant des cascades s'amplifie.
Quarante cinq minutes plus tard, nous nous asseyons sur le premier
gradin. Le prologue est terminé ; c’est ici que notre vraie
course va commencer.
Pain d'une main, fromage de l'autre, nous dévorons avec appétit,
tout en examinant les données du premier des problèmes que nous
voulons résoudre aujourd'hui. Trouver, en 1945, dans le Cirque de
Gavarnie, ce « vieux pays » où Brulle et Célestin Passet, 60 ans
plus tôt, découvrirent tant de « courses nouvelles », trouver là
des « premières » intéressantes, qui ne soient pas de pures
acrobaties, mais qui, outre leur intérêt sportif, présentent
un intérêt pratique et spectaculaire indiscutable, voilà qui
peut paraître une gageure. Cependant, c’est ce que Philippe et
moi pouvons réaliser aujourd'hui avec un peu d'astuce, de technique
et d'audace.
Pour atteindre, depuis le premier étage, le déversoir de la Grande
Cascade, il existe jusqu'à présent deux voies : les Trois Arceaux,
parcourus. pour la première fois, le 17 août 1888, par Henri
Brulle et Célestin Passet, et constitués par des stratifications
blanchâtres, qui ondulent de l'ouest à l'est ; le Grand Dièdre,
inauguré le 6 septembre 1936, par Fazeuilles, Laffont, Labedan et
l'auteur de cet article. Ce dernier itinéraire relie directement
le premier et le second étage, mais aboutit au sud du Cirque, fort
loin de la Grande Cascade. Les Arceaux, d'autre part, sont longs
à parcourir et comportent des montées et des descentes fastidieuses.
Je rêve de découvrir une voie permettant d'atteindre directement le
déversoir et aboutissant à gauche du dernier Arceau.
Philippe et moi étudions donc les possibilités de réaliser ce beau
programme. Nous avons bientôt repéré les deux tiers de l'itinéraire :
gravir une nervure sur la droite, traverser à. gauche, de manière
à gagner le fil d'une seconde nervure, tout près de la Grande
Cascade ; suivre cette seconde nervure jusqu'au point où elle se
perd dans la paroi. Au delà, il nous est difficile de deviner ce
que nous trouverons.
Le déjeuner est achevé. Encordés cette fois, marteau et pitons
à la ceinture, nous attaquons. Le rocher de la première nervure
n'est pas solide. Vers le haut, la pente se redresse. Cependant,
nous passons sans grande peine. La traversée à gauche est facile.
Facile aussi l'accès de la seconde nervure En débouchant sur la
crête, nous nous arrêtons, saisis : tout près de nous, la colonne
d'eau de la Grande Cascade bondit dans le vide, du haut du surplomb
formidable qui la projette dans l'espace, à plus de dix mètres de
la paroi. Et ici, n'affleurant aucun rocher, ce torrent qui s'écoule
dans les airs à la vitesse que l'on devine, passe dans un silence
paradoxal. Le bruit de l'écrasement de l'eau dans le fond du Cirque,
déjà plus bas que nous de plus de 300 mètres, ne nous parvient que
très atténué. Au-dessus de nos têtes, toute une architecture de
surplombs, plus fantastiques les uns que les autres, s'avancent
hargneusement dans le vide, le plus petit dépassant de 7 à 8 mètres
la verticale normale de la muraille.
Nous nous regardons, perplexes. Montons toujours la nervure. Elle
se révèle assez raide, avec des prises parfois arrondies. Vers le
haut, nous obliquons sur le flanc gauche et gravissons un long
dièdre. Il nous mène à l'endroit où la nervure se perd dans la muraille.
Voici le point crucial. A gauche, on peut, certes, continuer
à progresser sur une certaine distance, grâce à une diagonale.
Mais cette voie va se perdre sous les surplombs, et, en admettant
qu'on passe, il est probable que la sortie ne s'obtiendrait pas
sans jouer énergiquement du marteau. A droite, un détail bien
différent nous refroidit presque autant. La vote possible, dont
nous ne pouvons voir qu'une vingtaine de mètres, est généreusement
arrosée d'une cascade abondante, qui doit tremper le grimpeur
d'autant plus intégralement, qu'on ne peut courir sous la chute,
comme au Mur, mais qu'il faut y prendre quelques précautions en
raison de la nature du terrain. Ce qui prolonge nos hésitations,
c’est que nous ne voyons pas très bien où mène cette voie
rafraîchissante et que nous ne pouvons absolument pas savoir
quel genre d'obstacle elle nous réserve. D'après ce que nous
avons vu depuis le premier gradin, le passage est possible,
mais nullement certain. Alors? La douche à l'aller, peut-être
au retour, et, dans ce dernier cas, pour rien !…
Nous nous accordons cinq minutes de réflexions, tordant le cou
à gauche, puis à droite. Finalement, un instinct me pousse
vers la douche, mais ce n'est pas, à ce moment-là, par goût
des exercices thérapeutiques. Il faut d'abord descendre un
peu, puis, sous la cascade, grimper quelques mètres et traverser
une vire qui n'a manifestement rien à voir avec une corniche
genre « vire à bicyclette ». Les prises se révèlent bonnes,
heureusement. Néanmoins, je n'ai pas un fil de sec en sortant de
cette épreuve aquatique. Philippe passe à son tour, stoïquement.
Nous sommes maintenant tout contre une stratification en forme
d'arceaux renversés ; elle forme un toit prononcé qui plonge vers
le Cirque. Un couloir herbeux et facile permet de longer ce singulier
motif d'architecture murale. Nous le descendons et, 15 mètres plus
bas environ, le toit surplombant disparaît et découvre une dalle
presque verticale. Le couloir herbeux se perd dans le vide. Une
traversée de la dalle, de gauche à droite, semble permettre d'accéder
dans un couloir, situé au centre de l'Arceau renversé, et de sortir
ainsi de notre souricière.
Je m'engage sur la dalle. Elle est lisse et mouillée. J'atteins
cependant le bord du couloir. Pour y pénétrer, il est nécessaire
d'effectuer un enjambement délicat, avec une seule prise très
ronde, très humide et très glissante. A moi le marteau ! Rassuré
par un solide piton, je risque l'enjambée, qui n'est pas facile, et
je parviens sur une étroite plate-forme, au pied d'un ressaut
vertical. Un second piton s’impose pour assurer Philippe, qui
arrache non sans mal le premier et me rejoint ; un troisième
piton enfin m'assure pour gravir le mur, peu commode, qui nous domine.
La partie est gagnée. Raide encore, pendant quelques mètres,
le couloir débouche à gauche du troisième Arceau et seuls des
rochers faciles nous séparent encore du déversoir de la Cascade.
Dix minutes après, nous déposons nos sacs au bord du torrent.
Après la classique visite à la plate-forme vertigineuse, d'où,
à plat-ventre et tenu par le compagnon, l'on peut admirer le
saut de 423 mètres du gave de Pau dans le vide absolu, nous repartons
très vite. Nos vêtements n'ont pas encore séché, et nous avons froid.
Nous traversons le gave et suivons horizontalement le gradin vers
la Crête des Druides. Nous appelons ainsi la partie inférieure,
encore inconnue, de l'arête ouest du Marboré, deuxième partie de notre programme.

La Crête des Druides

Il existe peu de formation rocheuse aussi complexe que la Crête des Druides.
L'arête ouest du Marboré, appelée aussi arête Passet, est divisée en deux
parties nettement distinctes, séparées par une haute brèche, la brèche
Passet (2.786 m.). La partie supérieure de l'arête est devenue une belle
voie d'escalade classique au Marboré. La partie inférieure présente, aux
abords de la brèche, une section horizontale hérissée de quelques
gendarmes, puis elle plonge vers le Cirque en se divisant en plusieurs
branches, séparées par des failles très profondes, de véritables gorges
très raides, encaissées entre des parois verticales. Ces failles
s'entrecroisent, les arêtes secondaires se recoupent, et, à mesure
qu'elles se rapprochent de l'abîme du Cirque, elles se trouvent peu à
peu décalées vers le nord, par rapport à la crête principale, qu'il
n'est pas du tout facile de repérer. Ces arêtes secondaires interrompent
le gradin qui se prolonge vers le nord au niveau du déversoir de la
Grande Cascade. Ce sont elles que la voie De Monts contourne en
descendant vers le Cirque sur des pentes scabreuses, puis en remontant
pour rejoindre, au-delà de cette barrière, les corniches herbeuses
qui se prolongent jusqu'aux Rochers-Blancs.
L'arête Passet inférieure a une histoire, assez courte il est vrai.
Le premier qui l'aborda fut le Comte Russell, en 1872. Son ambition
n'était pas de la suivre, mais de la franchir pour atteindre, depuis
le fond du Cirque, le déversoir de la Grande Cascade. Il a raconté
son aventure dans un chapitre des « Souvenirs d'un Montagnard »
intitulé : « Les Précipices de la Cascade de Gavarnie » et commençant
ainsi : « C’est une course insensée, dont je ne fais mention que
pour en détourner ceux qui voudraient la faire et qui tiennent
à la vie ». Quittant après les Rochers-Blancs l'itinéraire du
col d'Astazou, il gagne horizontalement, puis en descendant un peu,
les gradins qu'empruntera plus tard la voie De Monts. Il gravit
le flanc nord de l'arête par des pentes, puis des couloirs et
des rochers de plus en plus redressés.
« Enfin, dit-il, je mis le pied sur l'arête diabolique, vraie
lame de calcaire blanc, dont la paroi méridionale tombait
verticalement, comme les tours de Notre-Dame, sur un ravin
absolument impraticable, creusé entre moi et la cascade ».
« Le promontoire étrange et aérien où j'étais parvenu mérite
pourtant un nom : je l'appelai « Brèche des Druides », à cause
des trois pierres blanches qui le couronnent, l'une faisant
pont sur les deux autres et formant un dolmen ». Par la suite,
Marchand et moi donnâmes à toute la crête le nom de la brèche
baptisée par Russell.
Cette année même, et par le même itinéraire, je suis venu, moi
aussi, en compagnie de Dumont, à la Brèche des Druides. Nous
n'avions pas l'intention d’atteindre la Grande Cascade,
mais d'explorer cette arête Passet inférieure, qui semblait
totalement inconnue et dont la structure nous intriguait.
Parvenus à la brèche, nous fûmes aussi déçus que Russell,
mais pour une autre raison : nous nous aperçûmes que nous
n'avions pas atteint la crête principale. Le ravin qui nous
en séparait ne nous apparut pas aussi impraticable que l'avait
affirmé le vieux pionnier, mais sa traversée exigeait une forte
perte d'altitude, à laquelle nous ne voulûmes pas nous résigner
. Nous espérions pouvoir obliquer peu à peu sur la droite tout
en nous élevant dans l'inextricable dédale des couloirs et
des arêtes secondaires.
Franchissant, un peu au-dessus de la brèche, le portique formé
par le dolmen, nous tombâmes en arrêt devant un tableau réellement
curieux : « Mais... C’est est le château des Carpathes ici »
énonce à tout hasard Dumont, dans l'esprit duquel a dû surgir
je ne sais quelle réminiscence de Jules Verne ou d'un autre
conteur du même genre. Quant à moi, c’est à peu près ainsi
que j'imagine les citadelles habitées par les Génies des Contes
orientaux. Quel labyrinthe de failles profondes, d'étranges
ruelles creusées entre des pans de murs verticaux, rougeâtres
et hauts de plusieurs centaines de mètres ! Quels bastions
ventrus, quelles tourelles élancées, quels arcs-boutants
audacieux, quels glacis vertigineux, aux aspérités imbriquées,
aux inclinaisons redoutables !
Nous nous engageâmes dans une de ces failles et alors commença
une escalade bizarre, qui ne fut ni très facile, ni brève, dans
des rochers assez redressés, assez sévères et assez pourris.
Jamais nous ne pûmes rejoindre le fil de l'arête principale et
nous longeâmes ainsi, dans notre labyrinthe de cheminées profondes,
tout le flanc nord de l'arête Passet inférieure, échouant
finalement aux abords de la brèche.
Cette expérience me fit comprendre qu'il fallait chercher la
voie de l'arête intégrale sur le versant de la Grande Cascade.
C’est ce à quoi-nous nous employons, ce matin, Philippe et moi,
tandis que nos vêtements achèvent d'évaporer, dans l'air léger
de l'altitude, les humides souvenirs de l'Arceau Renversé.
Nous nous arrêtons devant une modeste nervure, qui vient mourir
à nos pieds dans les éboulis. Nos yeux
s'efforcent d'en suivre le fil parmi les gendarmes enchevêtrés où il
se perd. Il nous semble bien que cet humble relief, qui naît parmi
les cailloux, et qui, sur une certaine distance, ne les domine
que de quelques mètres, représente la voie de l'arête intégrale.
La fausse arête, celle de la brèche des Druides, a cependant
grande allure, vue d'ici. Mais je sais où elle mène.
Philippe part en tête. Nous nous élevons tantôt sur le fil de
l'arête, tantôt dans des gouttières un peu analogues à celles que
j'avais gravies avec Dumont.
Nous arrivons ainsi, en obliquant sans cesse sur la droite,
au pied d'un premier et étrange ressaut. A cet endroit, l'arête s
'est un peu dégagée du fouillis des arcs-boutants secondaires ;
elle s'est individualisée et l'on distingue assez nettement les
tours audacieuses qu'elle empile les unes sur les autres. Celle
qui est devant nous n'est pas banale. Supposez une taillante fort
raide, constituée de deux lames calcaires minces et tranchantes
comme des couteaux et séparées par une faille étroite et profonde.
Philippe attaque celle de gauche, grimpe une dizaine de mètres et,
comme la lame est ébréchée, s'arrête au pied d'une dent de scie peu
rassurante : cette dent, Philippe le constate non sans appréhension,
est simplement posée sur le fil de la crête et sur un lit de pierres
croulantes ; elle ne paraît pas faire partie de la masse rocheuse.
Pendant près d'un quart d'heure, il hésite, tâte le bloc, sans trop
oser le secouer. La position s'avère plutôt critique : redescendre
n'est pas commode ; passer sur le bloc est risqué : ne va-t-il pas
s'effondrer sous le poids du grimpeur ? Et il ne semble pas possible
de le contourner. Finalement, avec les précautions d'un chat progressant
sur une gouttière délabrée, Philippe se hisse sur la dent, qui ne
bronche pas, puis qui daigne aussi me laisser passer.
Des rochers plus rassurants nous permettent de gagner la base d'un
gendarme d'aspect sévère. Celui-là, on le distingue fort bien de
Gavarnie, et il nous a toujours paru constituer la clef de l'arête
intégrale. Lui non plus, on ne peut le contourner. Il nous présente
une face à peu près verticale de 25 mètres, avec un départ surplombant
et des prises peu franches. Philippe doit enfoncer deux pitons et
placer deux étriers pour surmonter le surplomb de base. Et les 20
mètres suivants, sur une sorte de mur aux prises déversées et rares,
mettent sérieusement à l'épreuve le sang-froid et l'adresse du leader.
Que dire du pauvre second, qui dans une position invraisemblable,
les pieds plus hauts que la tête, les reins sciés par la corde, prend
appui sur l'étrier supérieur pour arracher le piton inférieur et
n'a finalement plus d'appui du tout pour arracher le second piton
et franchir le surplomb ? Les poignets rompus, je rejoins mon compagnon
et le congratule comme il se doit pour ce beau passage. Philippe est content :
— « Hein ! dit-il, c’est au moins du 5e... »
— « Mais oui, mais oui ».
Après un petit couloir peu commode, aux prises imbriquées et croulantes,
qui permet de contourner un ressaut en surplomb, je remplace Philippe.
L'arête s'élance à nouveau vers les nues. Je l'attaque par le versant
sud, vertical, surplombant par endroits, buriné de couloirs et de
cheminées, de blocs coincés, étayé d'arcs-boutants bizarres et
aériens, mais qui facilitent l'escalade. Les prises sont excellentes
et ces passages nous rappellent beaucoup, en plus difficile cependant,
la traversée du grand gendarme de l'arête Passet supérieure.
Nous atteignons enfin la partie horizontale de l'arête. Elle est
débonnaire. Notre exploration est terminée. Maintenant, pour
parachever une si belle course (nous avons escaladé plus de mille
mètres de rochers parfois difficiles, depuis le fond du Cirque) il
nous faudrait poursuivre jusqu'au Marboré. Hélas, il est tard et
ce soir, nous devons absolument être présents à Gavarnie. La lune,
qui se lève, accentue nos regrets. Quelle belle course nous ferions,
et probablement quel beau bivouac !
— « Tant pis, dit Philippe, ce sera pour une autre. fois. »
Il ne doute jamais de l'avenir, Philippe.
Robert OLLIVIER.
Altitude n° 9, 1947


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