C’est le refuge des naufragés
Le pays de ceux qui souffrent
Le royaume des éclopés
Le dernier port avant le gouffre
C’est l’étincelle du rêve
Qui fout l’feu à nos passions
C’est l’endroit où l’on achève
La souffrance et les illusions
Elle parfume de ses caresses
Le grand voile de nos défaites
Ses yeux d’argent ont la noblesse
De la révolte des poètes
C’est l’écume des nuits
Où l’on cherche l’absolu
Foutre le feu à la vie
Pour rentrer l’âme nue
Et lorsqu’elle souffle tendrement
Son vent sucré sur notre peau
On aperçoit des continents
Peuplés d’anges et de chevaux
Elle nous entraine dans son ivresse
Nous fait danser sur ses étoiles
On aperçoit cent mille promesses
Dans la blancheur de son teint pâle
Et lorsqu’elle nous sait envoutés
Laissant glisser enfin sa robe
Pour encore nous mystifier
Nous fait cocu avant l’aube
Puis elle nous tend ses verres fumés
Comme quand l’amour a des remords
On laisse un peu sa dignité
Dans le matin qui s’évapore
On cherche en vain dans nos goussets (nos poches )
Un peu d’change pour se payer un cab
Mais on y trouve que des regrets (r’proches)
Une dernière clope pour le voyage
Puis on décroche un téléphone
Un tendre port pour accoster
Mais y’a qu’un silence qui raisonne
Quand même l’écume nous a quittés
