Bouffées
Du temps mort
Où fumer ne tuer pas, ne tuer pas encore.
J’ai mémoire d’un militaire
Un caporal supérieur, un mercenaire
Un émigré italien au nom martial
De Scaferlati le transalpin dit « le Rital »
En soutien dans tous les états
Un bon soldat de la SEITA
Conditionné pour une bonne blague
Grossier et gris
Vois comme il jaunit les doigts !
C’est toujours le même tabac
Serré dans une vareuse bi-ton bleue nuit
En uniforme de campagne pas de parade
Il défend loyalement les intérêts de la Régie
Contre l’affront des nouvelles brimades
Prêt à tous les sacrifices
Il n’a son pareil
Pour faire capituler une reine à caprices
Et sa colonie d’abeilles
Grillé par dessus l’épaule
Tatouée à l’encre marine
Fait oublier la geôle
Puante des fonds de cabines
Grillé à la légère
En zélé légionnaire
Partout autour de la terre
Par vents et flots amers
Grillé avec panache
Les mains sur le guidon
Ou au volant d’un camion
Assidu sans relâche
Même son cousin de La Havane
En tenue de guérilla couleur de basane
N’aura raison
De ce chiche troufion
Pourtant jamais ne sera roulé sur la cuisse oblongue
D’une cubaine sensuelle et gironde
Juste emmailloté dans un corset
Lâche et fluet d’un carré de papier gommé
Au bord de lèvres pincées mais pas bégueule
Au coin de bouches par minces bouffées
D’une nique aux coincés, aux belles gueules
Donne un air de liberté
Partout rejeté
Il n’a plus le droit de cité
Ruine gravement la santé
Affecte l’ascétique et pathétique moralité
Sorti de l’oubli, à ses détracteurs il crie :
« Moi nuisible ! J’en ris. »
copyright(C) franz
01.2005