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19 juin 1965 jmo

19 juin 1965 - Fiançailles

Lieu : El Patio

Photo : la table et les invités

Samedi 19 Juin 1965 – Fiançailles officielles de Chantal et Jean.
Chantal-Jean
Invités : Mam, Robert, Jackie Flouch, Yves Cabanne, Hervé,
tante Amélie Lopez-Sarrailhé, Denise Mailly ( ?), Loulou,
ainsi que d’autres que j’ai oubliés…

Elles se préparaient depuis longtemps ces fiançailles. Jackie
Flouch avait l’œil, et le bon. Mam se chargea d’organiser le
repas et d’envoyer la plupart des invitations. Est-ce que tout le
monde répondit, je ne le sais pas.
Ce repas-cérémonie se déroula dans la grande pièce de la villa El
Patio, dans le Patio justement et ses cinq mètres de plafond–verrière
dispensant une faible lumière spectrale, plutôt propre à quelque
cérémonie mortuaire. Fin annoncée de ma vie de garçon libre d’aimer
qui il veut, ou faire ce qu’il aime selon ses choix. Le piège provenait
de ce que j’éprouvais vraiment de l’amour pour Chantal, je ne voulais pas
la faire souffrir. J’aurais été malheureux de l’abandonner. Je suis faible.
Et je chassais de mon esprit ce qu’impliquerait le mariage dans un an :
tout quitter, tout abandonner et vivre de quoi ? Scénario catastrophe
pour moi, impossible à imaginer. J’avais déjà à 23 ans une conscience
assez précise de ce que peut être la liberté, grand mot galvaudé et qui
ne signifie pas grand chose. Aveuglé par l’amour je n’ai pas voulu comprendre
à l’époque ce que pouvait être le plan machiavélique et sordide d’un père
qui n’en n’avait que le titre d’état civil. Ce plan : virer tout ce qui
encombrait sa petite vie égoïste d’enfant unique, tout ce qui lui coûtait
des sous et l’empêchait de vivre à sa guise avec SON fric. Et, par voie de
conséquence, exprimer toute sa haine de la famille, de sa famille qui lui
coûtait si cher. Dans un tel contexte je ne pouvais plus vivre à El Patio.
Son plan était de vendre cette maison, récupérer le max d’argent et ne
plus entendre parler de rien. Effacé, anéanti, oublié son passé de père de
famille de quatre enfants et de leur mère.
Hélène ? Mise au pair à Draguignan puis quelque part en Angleterre.
Honteusement oubliée elle aussi. Pierre ? Incorporé de force dans l’armée
malgré ses dons pour la musique. Oublié lui aussi.
Christine ? Dans ses débuts de femme mariée et mère d’un enfant elle
s’est incrustée à El Patio, puis a fini par partir avec son mari pour
des cieux soi-disant meilleurs (l’Algérie !). Ouf !
Restaient Mam et moi-même. Pour Mam il fallait que le divorce soit
officialisé pour que son monstrueux mari puisse l’extraire d’El Patio.
Sans ressources propres elle était à sa merci et dépendait corps et âme
d’un être honni, de l’obole parcimonieuse qu’il voudrait bien lui concéder.
Il s’est démené comme un beau diable avec ses relations pour lui trouver
tous les défauts du monde et la faire considérer comme responsable du
divorce, irresponsable d’elle-même et donc la priver officiellement d’un
minimum de ressources. Elle eut droit néanmoins à un petit quelque chose.
Dont le montant ne varia pas entre 1967 et 1992 à son décès, soit 25 ans.
Admirez le radinisme. Je suis le seul de ses enfants à l’avoir aidé
financièrement. Pendant des années cette irresponsable et cynique de
Christine squatta son appartement – ô faiblesse des mères – lui piqua
sa chambre à coucher – vous pensez bien, moi sa majesté Christine, doit
me ménager pour bien travailler – si bien que Mam devait tous les soirs
déplier le clic-clac du séjour pour s’assurer un sommeil au rabais et
ménager sa garce de fille dont le seul geste de remerciement fut
d’euthanasier sa mère. Bien la fille de son père qui euthanasia sa propre
mère pour récupérer intégralement son héritage, au détriment de ses
petits enfants qu’elle avait fini par aimer. Nous naviguions dans la plus
glauque des histoires dont le personnage central était une sorte de
pervers narcissique sans scrupules. Voilà ce qui arrive avec l’abandon
des principes, des bons principes.
Quant à moi ce fut fort simple. Un an après les fiançailles, toujours
con et naïf, je fus marié automatiquement à Chantal, puis logé provisoirement
dans un appartement de la rue Bayard à Pau ayant appartenu à une tante
providentielle de Jackie Flouch et quittai définitivement le petit
cocon de tranquillité de ma jeunesse, mon labo photo, mon atelier moto,
mes anciennes motos, mes vélos, mes skis, mon matériel d’escalade,
mes livres, tous les petits souvenirs auxquels je tenais tant, un
cadre familier qui me tenait à cœur, un lit défoncé que j’adorais et
quelques habitudes qui me convenaient bien. A poil je me retrouvais,
dehors et n’importe où. Sans ressources aucune. Comment aimer le
mariage après ça ? Devant un tel désastre la pauvre mariée devenait
accessoire, même si je l’aimais. Je perdais aussi mes amis, provisoirement
pensai-je. Mais ce ne fut jamais comme avant avec eux. Je touchais du
doigt ce que peut-être l’enterrement de la vie de garçon. Un enterrement,
oui , avec un deuil mal assumé de la vie d’avant. J’ai tenu quatre
ans de toutes mes forces mais j’ai fini par sombrer dans une
profonde dépression…
La liberté ? Laissez-moi rire. Si elle n’est pas aidée c’est une
pure fiction.

Carton menu fiançailles glissé dans le Carnet III

Menu concocté par Mam pour les fiançailles de Jean et Chantal du 19 Juin
1965 et tapé par elle-même. Ces petites attentions, cet art de vivre de Mam,
le père Ollive n’a jamais voulu les reconnaître, obnubilé qu’il était par
les défauts de la dite Mam.

Hors d’œuvres variés
Soles Dieppoises
Cailles aux raisins
Jardinière printanière
Salade
Fromages
Glaces
Petits fours
Fruits
Straminer – Saint Emilion
Moulin à Vent
Champagne


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