Juillet – Août 1946 – Camp familial dans la vallée de Lutour – Lac d’Estom, refuge de Culaous (refuge H. Russell).
Robert, Maïté, Jean, Christine, Pierre
Véhicule : 402 Peugeot
La vie au camp
Ce camp renouait pour mes parents avec la tradition du camp volant qu’ils
ont beaucoup pratiqué dans les années 1930. Avec les enfants en bas âge
c’était nettement plus difficile, surtout avec le cadet de 7 mois, Pierre,
totalement dépendant comme on peut s’en douter.
Cette expédition familiale, on peut l’appeler ainsi, s’est déroulée en
deux temps. Tout d’abord prise de contact avec la superbe vallée de
Lutour en établissant un premier camp au lieu dénommé La Fruitière où
une automobile pouvait parvenir. Il fut de courte durée. Du fait de son
accessibilité les visiteurs étaient parfois nombreux. Et parmi eux un
seul qui puisse être accepté, Coucou Barrio, ami de longue date de mon
père. Il avait décidé lui aussi de venir camper dans la vallée de Lutour.
Entre pyrénéistes sauvages on se comprend. L’invasion de peigne-culs
était intolérable, il fallait mettre de la distance avec cette engeance
parasitoïde qui se permettait d’aller pietinner les plate-bandes des
vrais de vrais, des purs montagnards et de laisser les reliefs de leur
misérable picnique un peu partout sur les pelouses vierges. De plus
ils crient tout le temps. Insupportable. Pour retrouver la tranquillité,
les chefs (Robert et Coucou) décidèrent derechef de lever le camp afin
de fuir la « foule des philistins ».
Tout ce qui est nécessaire pour un camping autonome de plusieurs
jours fut enfourné dans les sacs de montagne : tentes, sacs de couchage,
vêtements chauds et de rechange (surtout pour le gnare), nourriture
et matériel de cuisine. C’est tout ? On oublie toujours quelque chose
et lorsque l’on s’en aperçoit il est trop tard.
La petite caravane s’enfonça dans la vallée de Lutour et planta son
nouveau camp dans une charmante clairière piquetée de pins poussant
au milieu d’un épais gazon, en bordure d’un paisible petit torrent,
idéal pour les ablutions du matin et les jeux d’eau des enfants en
journée. Un vrai petit coin de paradis terrestre. Aucun touriste à
l’horizon, car trop éloigné du parking pour eux. Oui, s’arrêter là
et ne plus en partir. Voilà quel était le vœu secret des enfants.
Puisque tout est parfait ici, pourquoi changer ?
Dimanche 11 Août 1946 – Marcadau (1865 m), Lac Nère (2309 m) et Mont
Aigu (2558 m)Robert (36 ans), Maïté (36 ans), Chatou (5 ans et
11 mois), Christine (4 ans et 5 mois)Véhicules :
Peugeot 402 et les pieds !
Pont d’Espagne au Marcadau : 7 km et 450 m de dénivelé.
Marcadau – lac Nère : 444 m de dénivelé
Lac Nère – Mont Aigu : 249 m de dénivelé
Marcadau - Mont Aigu : 693 m de dénivelé