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8 Septembre 1974 JMO

27 mai 1966 Amoulat gravi en conditions hivernales

Pyrenees - Ger

photo : Amoulat Est. Chantal, Dominique et Patrick Manachère en 1974

Vendredi 27 Mai 1966 – Pic d’Amoulat en conditions quasi-hivernales.
Chantal, Jean
Véhicule : Dyna Panhard

Je reviens d’un échec cuisant à un examen pourtant bien préparé.
C’est à n’y rien comprendre. Mais foin de regrets et de colère. Il
est temps de regagner un monde meilleur, plus pur, plus calme – plus
juste pourrais-je ajouter aujourd’hui.
Pour cela nous partons dès 4h30 du matin pour ce monde rêvé.
Gourette, l’Amoulat, le Ger… Notre projet initial était la NW du Ger.
Mais il y a encore trop de neige. Nous optons alors pour l’Amoulat,
cette lointaine montagne située à la limite Ouest du cirque
de Gourette.
Ô merveille des départs matinaux ! A 7h du matin il nous semble
avoir déjà une journée derrière nous. Le soleil est généreux, très
généreux, peut-être trop. Et l’enneigement est tel qu’au-dessus de
la gare intermédiaire des œufs (télécabines) la neige est partout et
qu’il serait parfaitement possible d’emprunter à ski les pistes
descendant de la gare supérieure de Pene Blanque.
Malheureusement pour nous neige veut dire tracer, et tracer
péniblement au milieu de l’immensité blanche, dévorer lentement
l’espace à petits pas qui s’impriment dans la neige, dérisoirement
espacés. Nous sommes sous un ciel bleu-noir d’une limpidité extrême,
l’air est cristallin et le soleil étincelant prodigue une formidable
lumière. Formidable aussi le Rognon de Ger et sa paroi Est un peu
mienne maintenant (voir ). Taillées alement, dalles et surplombs
jaunes se gonflent sous le soleil, le provoquant. La face W du Penemedaa,
un peu mienne aussi, est encore dans l’ombre et l’Amoulat met bien
du temps à se montrer. La trace est de plus en plus pénible et cinq
heures ont été nécessaires pour parvenir au col
d’Amoulat, peu éloigné de son sommet.
Repos et casse-croûte généreux, et même la sieste, toujours sous
le même soleil d’enfer. Aller au sommet qui semble à portée de main
est, croyons-nous, une simple formalité. En fait l’itinéraire de la
voie normale est rapidement encombrée de neige rendue instable par
le soleil. Pour éviter les zones enneigées nous devons grimper sur
des rochers pourris qui nous obligent à sortir la corde. Ce qui ne
résout pas le problème car il n’y a aucun point fixe pour assurer.
Ce n’est pas la panique, mais presque. Nous progressons avec la
prudence d’un chat sur un toit glissant et limitons les risques au
maximum. Nous ne pouvons pas éviter de penser aux copains qui ont
dévalé l’an dernier le couloir Swann dans son intégralité suite à une
imprudence au moment de sortir du couloir. [Michel Podevin, Pierre
Coquerez et un copain, une fille et un jeune garçon, lequel est
décédé. Multiples fractures pour Podevin et la fille-que je retrouverai
l’année suivante au centre de recherches de la SNPA].
Nous sommes surpris par ce terrain en principe peu difficile à grimper
mais générateur d’angoisse et de découragement. Prendre de tels risques
pour ce sommet de rien du tout n’en vaut pas la peine. A la NE du Penemedaa
avec François nous avions éprouvés de tels sentiments dans les zones
par trop délitées. Il me reste néanmoins un zeste de volonté pour
parvenir sur un sommet radieux qui, finalement, a conquis lui aussi
ses lettres de noblesse, le misérable.
Le paysage est somptueux, l’Ossau se découvre à l’Ouest, puissant.
Mais le plaisir du sommet est corrompu par la crainte provoquée par
la descente prochaine. Nous y
allons bien lentement et avec une prudence extrême. Ouf de soulagement
lorsque nous retrouvons le col d’Amoulat où nous nous confectionnons
un « gougou » des plus voluptueux pour nous remettre de nos émotions.
Nous sommes littéralement cuits par le soleil et ne savons comment
nous en protéger. La descente vers la station n’est pas toujours en pente
et il faut à nouveau tracer dans certains secteur, comme aux lacs de
Plaa-Ségouné sous le Rognon de Ger. Plus bas, lorsque les pentes
deviennent plus régulières nous avisons un grand poteau de signalisation
tombé sur la neige et le transformons illico en canoë-luge qui nous porte
à toute vitesse jusqu’à la station intermédiaire, avec l’impression
extraordinaire de voler sur la neige.
Après la station intermédiaire il faut à nouveau clopiner sur nos
petites jambes. Nous trouvons un ski perdu en bon état, et dans le bas
nous tombons dans la douche froide du traditionnel brouillard de Gourette,
si loin de la chaude lumière du sommet. Gourette, fille aînée du Soum
de Grum voisin, autrement dit le Pic du Brouillard.


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