ROBERT OLLIVIER
159è R.I.A. 9è Cie A EMBRUN
Journal intime commencé le 5 Juin 1932
En guise de préface
Dans le fond des casernes, sur les routes surchauffées et aveuglantes de lumière, sous les tempêtes glacées des Alpes, sur les pentes arides et rocailleuses, dans les déserts montagneux où il semble qu’on ne puisse vivre qu’en liberté, sans chaînes et sans entraves, le troupier chargé comme un âne sous une multitude d’engins de mort, écrasé plus encore sous la lourde discipline, oublie ses peines et ses colères en se grisant de chansons. Moi, Robert Ollivier, troupier au 159è R.I.A. montagnard par vocation, mais souffrant plus que les autres encore de ma condition d’esclave, pour avoir couru les Pyrénées avec la liberté, l’indépendance d’un isard, j’ai commencé ce cahier le 5 Juin 1932, dans la caserne d’Embrun, en rêvant aux solitudes arides et merveilleuses de la Maladetta, du Marboré, de Campo-Plano, qui m’ont donné les plus grandes joies de mon existence. Car, là seulement, la liberté n’est pas un vain mot.
Embrun, 5 Juin 1932
Robert Ollivier