On peut se demander où finissent les particules
contenues dans la fumée ?
Et comme tout ce qui est expédié dans l'atmosphère
tout le monde en profite. Merci les centrales à fuel
ou à charbon qui pullulent en Chine et en Allemagne.

Dimanche 17 Octobre 1965
Chantal-Jean, Minnie-Anfoy
500cc RGST et 2 CV.

Chantal et moi voyageons en moto victime sur la route d’une panne
gênante mais pas rédhibitoire : la suspension télescopique avant coince.
Nous nous retrouvons à Arudy avec Anfoy et sa copine Minnie, autour d’un
thé, nul doute !
Nous sommes invités à dîner au Foufouland, ce qui termine très
agréablement la journée.

Dimanche 31 Octobre 1965 – Ouverture de la voie de la Lune au Turon.
Le dépotoir est en place.
Chantal-Jean
500cc RGST

Un coup de moto et nous voilà prêt à explorer une partie peu exploité
du Turon. Nous ouvrons une voie facile et évidente (sur l’un des topos
d’Arudy je la mentionne ouverte en 1961), d’assez grande ampleur que
nous finissons au clair de lune. D’où son nom.
Mais cette journée fut aussi une journée de désespoir pour notre petit
univers de Sestograd, du si chéri Cirque d’Anglas. Depuis quelque temps
déjà la municipalité d’Arudy cherchait un endroit propice au déversement
des ordures de la ville et jeta son dévolu sur une zone communale
contigüe à la partie Nord d’un champ de la ferme d’Anglas. Cet endroit
était bien pratique pour garer les véhicules et gagner rapidement
le Défilé de Sestograd. Cet endroit était aussi une sorte d’écrin
agreste et charmant, propre et couvert de fleurs au printemps, dont une
rare orchidée. C’était aussi une entrée en matière des plus bucoliques
avant de pénétrer dans le royaume (sacré) de Sestograd City en empruntant
le « sauvage » Défilé s’ouvrant sur un cirque grandiose et comme coupé du
monde. Toute une poésie des lieux s’effondrait.
Ce fut d’abord la préparation de la zone de décharge avec élargissement
du chemin et destruction au bulldozer du charmant écrin de verdure. Ces
sauvages l’ont transformé en terrain vague méconnaissable. Cela nous rendit
furieux et nous fîmes rouler sur le chemin tous les gros blocs repoussés
sur le côté pour empêcher la circulation. Combat dérisoire. Mais la première
benne à ordure dut appeler au secours le bulldozer afin de pouvoir livrer
son chargement de merde. Et d’aller pleurnicher et gueuler à la ferme
voisine, pensant que ses habitants y étaient pour quelque chose. Habitants
furieux et très remontés d’ailleurs de voir l’accumulation d’immondices
à proximité de leur ferme, pourvoyeuses de rats, fumée toxiques, odeurs
pestilentielles [On peut se demander en effet quelle légitimité avait cette
décharge sauvage si près d’une maison habitée ?]
Et aujourd’hui 31 octobre 1965 le dépotoir fonctionne à plein régime.
Il est surprenant de voir les montagnes de merde que peuvent produire
une petite ville comme Arudy et les hameaux environnants. Quelques milliers
d’habitants tout au plus. Cela donne le tournis lorsqu’on transpose à
l’échelle de la planète.
Pour réduire le volume des détritus les éboueurs y mettent le feu. Ainsi
entre la putréfaction des déchets organiques et les fumées toxiques provoquées
par le feu se dégage un cocktail puant et toxique qui empoi-sonne tout un
secteur, jusqu’à risquer de tuer les fermiers voisins.
Dormez tranquilles braves gens la municipalité veille sur votre bien-être,
de jour comme de nuit. Les miasmes ? Mais ça n’existe pas voyons. Cessez de
croire au complot. Et votez pour nous.

Remarque sur 20000 ans d’évolution de l’Humanité.

En travaillant dans la grotte du Poeymau (l’escargottière la bien
nommée) j’ai pu constater que nos nobles ancêtre vivaient au milieu de leurs
ordures. Ce n’était guère mieux au Moyen-Âge dans les villes (je ne parle
pas de la campagne !). Ici à Arudy ils ne savent plus où répandre leurs merdes.
« Tiens ! là-bas derrière la ferme d’Anglas c’est pas mal, je connais un
endroit idéal. Un lieu à l’écart du village, caché par la forêt, ni vu ni
connu. Des grimpeurs passent par là ? C’est quoi ces rochers ? Rien à foutre,
on ne va pas se gêner pour des gens d’ailleurs qui ne viennent là que deux à
trois fois par an. Ils n’auront qu’à faire le tour. Et puis quoi encore !
Exécution ! » [Extrait (fictif) du débat du cnseil municipal d’Arudy de …1965].
(à retrouver).
Et voilà comment l’entrée majestueuse dans le royaume de Sestograd fut souillée
et polluée par des paysans irresponsables, bouffis de leur pouvoir minable.