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Jean M. Ollivier | all galleries >> Climbing in Sixties >> 1963 > Robert Ollivier au sommet du Balaitous en 1963
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Aout 1963 MC. Bornard

Robert Ollivier au sommet du Balaitous en 1963

Balaitous - Pyrenees

La Mer Sauvage – 17 Septembre 1961

Un très grand soleil, le sable chaud sous nos pieds, le tonnerre des vagues déferlant sur la plage, qui se déroule à l'infini vers le Nord, le long ruban d'argent de l'écume qui se perd à l'horizon dans une brume légère et brillante, le vent de la mer qui caresse notre peau et fait flotter ses cheveux courts autour de son joli visage, de ses grands yeux si expressifs dans lesquels je guette la réponse à mes paroles pressantes : que d'images à tout jamais gravées dans ma mémoire. Je serais peintre, je pourrais, certes, reproduire la lumière, les couleurs, les gerbes d'écume de la Mer et peut-être, la beauté des yeux qui me regardaient. Il y manquerait le grondement des vagues, le doux sifflement du vent, la musique de la voix qui, parfois, me répondait. Et surtout, l'image immobile ne pourrait jamais reproduire l'expression changeante de ces yeux, qui me parlaient bien davantage que la voix.
Ils étaient plus sauvages que la Mer, ces yeux, quand nous arrivâmes sur la plage. Difficilement, j'avais pu la décider à nous suivre jusque là. Elle voulait nous quitter : une attitude hostile de ma fille, le sentiment soudain de pénétrer dans un monde redoutable avait provoqué ce sursaut, ce recul, bien compréhensible.
Mais moi, comme un aveugle qui soudain perçoit la lumière, je ne pouvais plus laisser s'enfuir ce soleil entrevu. "Je viens vers vous avec douceur, la main tremblante, pour essayer de frayer un chemin entre vous et moi". J'avais pris cette main, moi qui me débattais dans un horrible désert sentimental, qui respirais depuis longtemps une atmosphère imprégnée d'indifférence ou de malveillance ou de jalousie, j'avais pris cette main, moi qui pensais devoir abandonner à jamais toute espérance et me cuirasser d'indifférence et de solitude hargneuse ou dédaigneuse, comme le vieux mâle du troupeau. J'avais pris cette main, que je croyais ne jamais pouvoir prendre, à laquelle j'avais rêvé pourtant parfois, comme à un trésor pour moi inaccessible. Et ces yeux que j'aimais tant m'avaient regardé avec amour. Et cette voix si douce à mon oreille m'avait murmuré des mots incroyables.
Et soudain, après l'Atlantide, j'étais retombé en plein désert, même pas changé en statue de platine.
Et soudain, ces yeux si doux, si adorables, avaient lancé des éclairs. Non, non et non !
Je ne pouvais retomber de si haut. J'ai dit alors tout ce que j'aurais dû dire plus tôt, tout ce que cette main représentait pour moi ; j'ai dit que je voulais la garder à tout jamais, ou, tout au moins, tant qu'elle voudrait rester dans la mienne, et tant que la mienne serait assez forte pour la garder.
J'ai gagné : les grands yeux sont redevenus très doux ; ils ont souri. La Mer Sauvage est devenue le plus beau paysage du monde.
Maïky, je crois que jamais je ne saurais vraiment te dire tout ce que je te dois, et combien j'aime ton cœur d'or, qui s'est ouvert au solitaire. Je t'aimais sans oser t'aimer. Tu as rendu possible l'impossible. Cette route qui descendait vers la vallée sombre, et qui était ma vie, tu l'as déviée vers de nouveaux sommets pleins de lumière. Jamais je n'aurais eu l'audace d'en espérer autant.

19 Septembre – La Mer Sauvage.
Nous y sommes revenus, comme en pèlerinage, sous la pluie.
Mais le soleil brille dans nos cœurs et illumine la plage déserte. Tu m'as demandé un coquillage ; tu m'en as donné un : gage de l'amour qui ne mourra jamais.
Comme nous étions heureux, sous cette pluie qui se voulait sinistre, mais ne pouvait rien contre nous. Moi qui ai horreur de la pluie, j'aimais la pluie de ce jour

2 Octobre
Je continue. Nous sommes revenus à Pau, elle au volant de sa voiture, moi de la mienne et de la caravane que je trainais. Au cours d'un arrêt, elle me dit qu'elle est un peu fatiguée. Je suis soucieux aussitôt. Je ne veux pas risquer de perdre le trésor que j'ai trouvé. Mais cette mince fille ne manque pas de ressources ni d'énergie.
Nous dînons chez elle, ma fille Christine, elle et moi.

FOCA,Kodachrome

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