...pour se rendre en montagne. Ce superbe engin est une 350 cc bicylindre en ligne Motoconforta phoSamedi et Dimanche 24 et 25 Mars 1962. - Arriver à Pombie, c’est déjà pas mal
Equipe ; Hervé et Jean Véhicules : Mahaut et Néocide.
POMBIE et RĖVE d'OSSAU
Samedi et Dimanche 24 et 25 Mars 1962. - Arriver à Pombie, c’est déjà pas mal.
Equipe ; Hervé et Jean Véhicules : Mahaut et Néocide. Crevaison puis bivouac dans la neige façon Samivel.
Cette fois François ne vient pas. Nous partons assez tard à cause d’une réparation effectuée de justesse sur Néocide dont l’allumage s’était déréglé une nouvelle fois.
La réparation s’est faite sur place à El Patio, supervisée par le papa de François, lui-même accompagné de Mme Fougère, Marie, Philibert et François [je n’ai pas noté la raison de sa défection] qui sont venus assister au départ d’Hervé et moi pour la montagne. Papa Fougère trouve le moyen de me remplir subrepticement le réservoir de la moto d’essence [sûrement pompé sur sa 2CV].
J’aimerais rester avec eux pour continuer à baigner dans leur bienveillante sympathie. Mais ce serait quoi ? Je les aime et je me demande pourquoi ils m’aiment à ce point. Je n’arrive pas à les inclure dans un projet personnel. Le propre des choses qui ne sont pas clairement établies. Partir, les quitter même momentanément, est chaque fois un petit déchirement. L’espoir de les revoir bien vite allié au plaisir sauvage de la montagne m’aide à garder le moral et à profiter pleinement des aventures avec Hervé.
…………
Après une route sans encombre où Néocide montre sa nette supériorité sur Mahaut nous parvenons au Caillou de Soques, maintenant dégagé. Mais juste avant d’arriver cette idiote (sic !) de Néocide crève et c’est sur ce désagréable incident que nous entamons la montée vers Pombie, laissant pour plus tard les soucis de la réparation. Si l’on ajoute à cela la neige qui commence à tomber emportée par un vent froid et le brouillard qui maintenant nous enveloppe, la nuit qui s’annonce et le souvenir fugace des êtres aimés laissés dans la plaine qui trotte dans la tête, il ne faut pas s’étonner d’une baisse de motivation, voire de moral. Qui se traduit immanquablement par la question : « Qu’est-ce que je fais ici alors que je suis si bien là-bas ? ».
Nous montons de façon relativement régulière, dépassons la couche de brouillard et la retrouvons plus haut, vers 23h, alors que nous errons sur les mamelons du haut val de Pombie. Malgré l’aide de la boussole nous nous perdons, avec l’impression de tourner en rond. Nous arrêtons cette marche besogneuse et sans fin à 2h du matin afin de terminer la nuit sous un grand bloc, à défaut de refuge.
Il fait un froid de canard. Les gourdes d’eau et de thé sont transformées en blocs de glace, les aliments n’ont plus de goût tellement ils sont gelés, le gaz du petit réchaud produit une flamme ridicule, menaçant à chaque instant de s’éteindre sous les rafales de vent. Notre potage se résume à une gorgée d’eau froide mélangée à des miettes de potage Maggi qui n’ont pas voulu cuire. Nous aimons le spartiate, nous sommes servis !
Au réveil, vers 6h, je retrouve le « potage » restant sous forme de bloc de glace. Hervé s’est gelé, ne disposant pas d’un équipement suffisanr alors que le mien, pour mémoire, est composé de deux pulls, d’une parka double toile, une veste en duvet et, pièce fondamentale, deux sacs duvets pour améliorer l’isothermie, plus mouffles himalayennes empruntées au paternel, pour isoler les fesses. Ainsi équipé j’ai chaud. Nous sommes recouverts de cristaux de glace soulevés en tourbillons par le vent. Ils ont une tendance vicieuse à s’infiltrer dans les vêtements. Je somnole et les laisse faire.
Hervé, mort de froid, se lève et découvre l’Ossau tel qu’on peut l’admirer du refuge… qui n’est qu’à 100 mètres de notre bivouac. Cela nous évoque immédiatement un dessin de Samivel [… Et lorsque le brouillard se leva…]. Coup classique. Nous tournions en rond sur une bosse !
Bien calé sur la neige, confortablement isolé du milieu extérieur, je peux savourer ma situation. Une ‘position de moral’ ai-je écrit dans le carnet. Ayant résisté 4h au froid intense, je peux résister 4h de plus et je laisse aller Hervé seul au refuge. Je pionce juqu’à 10h face à un Ossau lumineux enveloppé de légères nuées vaporeuses, pointant dans un ciel trop bleu. Au réveil je m’amuse à examiner les petits cristaux de neige posés sur le duvet. Il n’y en a pas deux semblables et on trouve les formes les plus diverses et inattendues. Merveilles fragiles de la nature.
Je rejoins Hervé au refuge à 10h. Grand soleil. C’est cuit pour faire l’Ossau. Nous ne faisons pas grand chose, pataugeons dans la neige autour du refuge, faisons des grottes, brûlons tout le papier de la poubelle pour faire réchauffer le potage congelé. Au moment où nous décidons de partir trois gaziers qui faisaient le tour de l’Ossau se pointent.
Tout baigne jusqu’aux motos, et là les soucis commencent pour démonter le pneu crevé de Néocide. Par bonheur un automobiliste serviable en Panhar nous prête une clef. Trop pressé pour extraire la chambre à air j’arrache la valve et laisse à la place un énorme trou. Irréparable avec nos moyens. Hervé m’accompagne jusqu’à Gabas, où nous ne trouvons rien pour réparer. Il me laisse et remonte chercher ses affaires abandonnées près de Néocide. La chambre sous le bras je continue en stop vers Laruns. Peu de voitures, et personne pour me prendre, sauf… le gars à la Panhard qui m’a déjà dépanné. Il me dépose au garage bien connu de nous à Laruns, lequel effectue la réparation. Sur ces entrefaites Hervé arrive sur Mahaut et me ramène à Fabrèges. Je continue à pied jusqu’au Caillou de Soques. En faisant la route je m’aperçois que la réparation est foireuse et que la chambre fuit !!!
Après m’être calmé et avoir ausculté la chambre et sa valve je constate que l’écrou de la valve n’est pas serré. A la main et avec la clé à bougie j’arrive à le resserrer le plus possible, et ça tient comme ça peut.
Je rends (?) la pompe à Fabrèges et à la nuit tombante démarre. Un coup de pompe à la station de Laruns, serrage des écrous et je peux continuer dans le noir avec le sale éclairage de Néocide. C’est pas folichon, mais à 21h, congelé, j’arrive au Foufouland salvateur…qui m’accueille avec joie.