Photo : Une Dyna au Tour de France auto de 1955 sort du paravalanche de Gourette


Jeudi 18 Novembre 1965 – Permis de conduire, première tentative.

Mon père, pensant qu’il était obligatoire de passer par une auto
-école pour passer le permis (sa voiture n’offrant peut-être pas les
critères nécessaires comme par exemple le frein à main central), je
pris une ou deux leçons avant de me présenter ce jeudi 18 Novembre
Place Albert Ier à Pau, derrière le Palais de Justice. Ça n’a pas été
long : à peine arrivés au bout de la rue d’Orléans, devant la Place
de Verdun, l’examinateur, très peu amène et connu pour sa férocité
me demande d’aller à gauche au carrefour. Je me déplace donc sur la
partie médiane de la chaussée prêt à tourner à gauche (aujourd’hui deux
voies ont été matérialisées entre axe médian et trottoir) et je me vois
signifier que nous ne sommes pas en Angleterre et que j’aurais dû rester
bien à la droite de la rue. D’où retour immédiat à la Place Albert Ier.
Collé ! Et merde ! Il n’est pas bon d’être en avance sur son temps !
Evidemment, Chantal et moi sommes déçus.

Page 129 du Carnet III

Lundi 29 Novembre, Mardi 30 Novembre et Vendredi 3 Décembre 1965
Chantal, Jean
Voitures : Dyna 1 (bleue foncée), Dyna 2 (bleue pâle)

Voilà plus de 8 jours qu’il pleut sans arrêt et depuis une semaine
Chantal fait le trajet rue Bayard – Mont Doré en Mobylette sous la pluie.
Lundi dernier je suis allé chercher Chantal à la Fac avec la Dyna
cadeau du père Ollive, sans permis évidemment. Quel luxe par ce temps par
rapport à la moto !
Mardi j’ai fait l’acquisition d’une autre Dyna. Elle était stationnée
sur le parking de la Fac avec un panneau : « Je la donne !! ». Très méfiant
quant aux vieux engins mécaniques, mon expérience de motard étant tout à
fait édifiante à cet égard, je vois en ce véhicule une source bienvenue de
pièces détachées. Je l’achète donc pour 200 Francs à son propriétaire qui
n’est autre qu’Henri Abadie, copain de collège à l’Immac jusqu’en 1957.
Henri Abadie
C’est au cours d’une de nos longues causeries dans la cours de récré
plantée de platanes qu’il m’instilla le virus de la spéléologie, activité à
laquelle je me suis consacré dès 1958 grâce au retour d’Hervé Butel de son
lointain Sarlat de m… Autre coïncidence avec Henri : nous nous mariâmes le même
jour à la Mairie de Pau, vendredi 1er juillet 1966. Dans les années 1950 nous
construisions des maquettes de planeurs que nous allions tester au Pont Long.
Un hiver que la neige était tombée en abondance nous n’avons pas hésité à accrocher
nos skis sur nos vélos pour aller glisser sur les côteaux de Jurançon. Quel
plaisir malgré les bosses, les trous et la neige pourrie ! Quelle joie comparée
à la tristesse qui était la nôtre dans les stations peuplées de ploucs, règne du
ski industriel sans âme des nantis.
Henri fut assez doué pour devenir pilote de ligne sur les longs courriers. Au
cours d’une escale il rendit visite à mes oncle, tante et cousins de Guadeloupe à
Pointe-à-Pitre, lesquels m’ont rapporté le fait. Quant il était écolier il habitait
rue de Liège à Pau en face de la Place de Verdun. Je me souviens que son père était
seul pour l’élever. Je ne sais plus s’il avait des frères et des sœurs et pourquoi
sa mère était absente.

Me voilà donc propriétaire de deux voitures. Je n’ai pas encore le permis de
conduire, et les voitures ne sont pas assurées. La Dyna achetée à Henri Abadie,
d’un bleu pâle délavé, roule encore et dans l’enthousiasme général je l’ai testée
hier 2 Décembre avec Chantal au cours d’une balade dans la région. Délectable
imprudence ! Mon grave accident de moto ne m’a apparemment pas suffi.
Le vendredi 3 décembre j’accompagne Chantal au Mont Doré sous la pluie car
elle est en panne de Mobylette. En moto cette fois, car à force de tirer sur la corde…