Dimanche 20 Décembre 1959
Equipe Hervé-Jean. Véhicules : vélos. Trajet : Pau-Arudy et retour.
Dièdre de la Directissime
Départ à 5h45.
Retour à Pau à 19h en ¾ d’heure (record).
Avec un temps assez beau qui renouvelait agréablement l’aspect de
la paroi, nous avons attaqué à 9 heures.
J’enlève les quatre pitons de la fausse voie (voir le croquis)
pour me réchauffer et Hervé attaque la fissure en tête, comme
il le désirait.
Après quelques efforts, un piton et une cornière posés, il réussit
à se rétablir dans un creux assez étroit, juste au-dessus de
la fissure en surplomb. De là il cherche à s’élever avec un
piton. Mais il n’arrive pas à en planter de solides. Le seul
qu’il posa, une cornière, partira comme du beurre. [spécialité
de Hervé, comme on le verra plus tard].
A mon tour.
Je grimpe jusqu’au creux dans lequel on est très mal à l’aise,
les jambes coincées au fond, ou bien le corps déversé en arrière.
A cet emplacement on n’est pratiquement pas assuré. Après une
gymnastique épouvantable je rejoins les étriers suspendus aux
pitons inférieurs ; puis j’essaie de trouver une bonne fissure.
Il n’y en a pas apparemment. Quelques prises donnent l’illusion
d’une sortie en libre. Mais la prudence nous fait délibéremment
abandonner ce système. Il est difficile de savoir comment cela
se terminera, et, sans pitons on ne peut plus redescendre. Je
plante tout de même un piton dans une bonne fissure cachée sous
la mousse. Je m’élève ainsi et peut placer un autre piton, duquel
j’en place un troisième sur la gauche sans trop de mal. Rétabli
sur ce dernier, j’en mets un double encore, un peu plus haut et,
assoiffé et affamé (il est un heure de l’après-midi) je redescends.
A deux heures de l’après-midi, Herr Wick reprend l’attaque. Un piton
(qu’il a posé) cède mais un de mes (bons) pitons arrête la chute
fatale. Il ne se sent pas si bien. Reprend l’assaut, rejoint mes
derniers pitons sans difficulté. C’est alors que les ennuis
commencent. A l’aide de quelques pitons il émerge sur une vire
herbeuse bien plus étroite que ce qu’il nous avait semblé d’en
bas. Il la débarrasse consciencieusement des pavés qui l’encombrent,
la traverse, monte légèrement, et se place sur une autre petite
vire peu sympathique à ce qu’il paraît. Il y fixe un piton et
m’attend. Il ne peut parvenir à faire monter la corde, bloquée pa
r tous les mousquetons. J’essaie de grimper à la force des poignets ;
accroché d’une main à la corde, je fixe un étrier à la première
cornière, mais le temps et la fatigue se faisant sentir, je ne
continue pas, car de plus je ne suis pas assuré. Herr Wick prépare
alors la descente. Cela lui prend une heure !
En équilibre sur un gratton il prépare les cordes. A la descente
il récupère les mousquetons.
Pendant ce temps, moi en bas qui râle un peu, passe mon temps
à aménager le bas de la paroi qui serait sans doute très bien
sans toute cette végétation qui l’encombre. La prochaine fois
j’emmène une machette et l’on
verra ce qu’on verra ! De plus un chemin transversal au milieu
des buissons serait beaucoup plus pratique que la montée inutile
pour rejoindre les endroits dégagés.
Foin de ces considérations pour l’instant : le rappel installé
par Hervé se bloque et il doit remonter les vingt mètres à la
force des poignets. Quel travail !….
Puis c’est le départ précipité vers Pau que nous rejoignons en
¾ d’heure à un train d’enfer. C’est la mort !!!
Croquis de la voie, avec pitons et diverses indications et commentaires :
« Avancée : 1 longueur de corde (environ 30 m) – La vire permet
de rejoindre le deuxième relais de l’escalade précédente. Bonn
e plate-forme. Sinon un toit semble permettre de rejoindre une
fissure oblique, et puis après ? Ou alors, en partant du deuxième
relais, passer le surplomb… ? »ntersection des repères