CARNET de VOYAGE en GRECE 1969 (les illustrations figurent dans le livre édité 2016)
Enregistré dans le dossier "documents"
Lundi 21 juillet 1969 - Nous roulons séparément, François et Anne dans leur 2CV et nous (Chantal et moi) dans la 403. Hier soir les Américains ont débarqué sur la Lune en direct à la TV jusqu'à fort tard hier soir. Résultat nous ne prenons pas la route ensemble.
Nous roulons jusqu'à la FONTAINE de VAUCLUSE comme prévu. Pas trace des Anfoy tout le long de la route (pas d'autoroutes en ce temps-là). C'est miracle que nous nous retrouvions aux abords de la Fontaine où ils arrivent plusieurs heures après nous et nous expliquent qu'ils ont regardé les cosmonautes toute la nuit. Nous sommes dans un endroit agréable pour passer la nuit. Premier (petit) décalage entre les deux équipes).
Mardi 22 juillet 1969 - Nous roulons de la Fontaine de Vaucluse au col de MONTGENEVRE (1860 m). Dans un endroit proche du col (1854 m) nous dénichons un coin très sympathique pour passer la nuit. Une migraine tenace empoisonne Anfoy et lui gâche la soirée.
Mercredi 23 juillet 1969 - Passage en Italie, traversée de Turin puis autoroute sans discontinuer. Arret près de Vérone, à SOAVE, sur de sympathiques collines couvertes de vignes. Nuit tranquille.
Jeudi 24 juillet 1969 - Visite de VENISE exigée par Anne. Piège à touristes. Le temps est torride et, à pied, nous passons par les endroits ls plus caractéristique et photogéniques de cette ville étrange qui sent mauvais. Nous quittons Venise dans la soirée pour Lignano ou nous nous baignons.La région est infestée de moustiques. Egarés au milieu d'immenses réservoirs à moustiques nous avons du passer la nuit, non seulement enfermés dans la voiture toutes vitres closes, mais en plus à l'intérieur de nos sacs de couchage malgré une chaleur étouffante.
Vendredi 25 juillet 1969 - Nous arrivons à TRIESTE et avons affaire aux douanes Slovéno-Yougoslave. Magnifique bord de mer. Nous dormons quelque part au bord de la route menant de Sej à Zagreb, au pied d'un massif montagneux, à proximité d'un vieux pout en ruine.
Samedi 26 juillet 1969 - C'est la "sainte Anne", jour encadré et souligné dans l'agenda. A l'initiative de cette dernière qui brandit à tout propos un guide touristique nous visitons le parc de PLITVICE et ses seize lacs étranges et beaux. Nous enchainons par 120 km de route à poussière. Paysages "terribles (sic). Des pégreleux de gosses planqués au bord de la route nous envoient des cailloux. Lorsque nous nous arrêtons ils viennent réclamer bonbons et cigarettes. Mal habillés de loques ils ont l'air très pauvres. Nous campons le soir du côté de BIOGRAD.
Dimanche 27 juillet 1969 - Nous suivons la côte adratique et en profitons pour nous baigner. Nous testons un ""Routier" pour le repas de midi. Il est crasseux et bruyant et les serveuses sont mal polies. Pour nous remettre de ce repas de merde (pas bon en effet) nous allons prendre un pot un peu plus loin, près de SLANO, non loin de DUBROVNIK, au bord d'une toute petite route à poussière qui dessert un village voisin. Nous dormons près de cette route. Au matin, en guise de réveil chaleureux, une vieille folle vient nous invectivet pour nous signifier que nous ne sommes pas les bienvenus et qu'il est interdit de séjourner à cet endroit. Nous allons appeler la police ! P... de pays. Il est plus simple d'aller sur la Lune où là au moins on ne risque pas d'être mal reçus. Mieux vaut en rire.
Lundi 28 juillet 1969 - Nous remontons à l'intérieur des terres jusqu'à TITOGRAD (devenue depuis PODGORICA). Nous ne pénétrons pas dans la ville qui semble hideuse vue de loin, plantée d'immeubles-casernes du plus pur style soviétique. En cage les lapins yougoslaves ! De Titograd nous rejoignons la côte jusqu'à KOTOR. Paysage magnifique. Arrêt carte postale. Nous longeons ensuite les rives d'un lac immense aux allures de mer (lac de SKADAR) et continuons à l'intérieur des terres, au large de Titograd afin de contourner l'ALBANIE,interdite aux touristes en ces temps-là. Nous dénichons difficilement un coin camping après de km d'ingrats chemins poussiéreux.
Mardi 29 juillet 1969 - Nous mettons le paquet aujourd'hui pour fuir ce pays aussi peu accueillant en roulant 400 km sur des routes à poussières dignes du tiers-monde, dont 60 km en zone montagneuse. Nous passons ainsi du MONTENEGRO à la MACEDOINE non grecque en traversant le KOSOVO musulman dont les femmes voilées de noir travaillent dans les champs sous un soleil caniculaire. Ces visions nous avaient interpellés et nous avons pensé un instant n'être plus en Europe !
Nous atteignons les environs de SKOPJE en fin de journée en espérant trouver un coin tranquille pour passer la nuit. A l'endroit pressenti nous dérangeons un Yougoslave en train de se faire une minette... dans une Fiat 500 ! Plus tard alors que nous nous préparions à dîner dans la quiétude du soir, heureux de pouvoir récupérer d'une longue journée, nous nous faisons virer par une patrouille de police en maraude. Nous levons donc le camp et traversons Skopje de nuit. La ville porte encore les traces bien visible du séisme du 26 juillet 1963. Nous finissons par nous perdre et prenons un instant une branche d'autoroute à contresens. Sortis d'affaire c'est un accident de la route qui nous bloque un peu plus loin. Nous nous réfugions dans un verger pour achever cette nuit agitée.
Remarque : Au cours de ce périple dans l'ex-Yougoslavie nous avons constaté que les habitants ne sont pas les mêmes d'une région à l'autre. Seul point commun ils sont toujours aussi peu accueillant, voire même hostiles. Peut*être déjà trop de touristes ? C'étai marrant de voir le sFrançais nous saluer à coups de klackson et/ou appels de phare comme si eux et nous étions en Terra Incognita et appelés à nous soutenir. Rien de tel en Grèce que nous allons atteindre bientôt.
Mercredi 30 juillet 1969 - La GRECE ! Plus sympathique d'emblée. Grands espaces cultivés. Nous dormons sur la plage, non loin de THESSALONIQUE après avoir longuement discuté avec deux jeunes filles grecques Hélène et Georgia. Qui ne demandent ni bonbons ni cigarttes.
Jeudi et vendredi 31 juillet et 1er août 1969 - Après la MACEDOINE (en Grèce), la THESSALIE. Nous nous baignons près de VOLOS et nous arêtons un peu plus loin dans une oliveraie calme avec une plage pour nous et décidons de prendre un jour de repos et profiter de ce coin paradisiaque. L'eau est bonne et François part à la pêche au harpon et ramène deux poissons !
Samedi 2 août 1969 - Visite des THERMOPILES. Nous passons au large de DELPHES que nous n'aurons pas le temps de visiter. Arrêt à proximité d'ATHENES sur une plage plate, au ras de la mer.
Dimanche 3 août 1969 - Journée consacrée à la visite d'ATHENES , plus pécisément de l'ACROPOLE et de l'AGORA. La journée commence mal. En faisant leurs comptes les Anfoy s'aperçoivent qu'il leur manque 25000 F. Une paille !
Visites de l'Acropole et de l'Agora par une chaleur terrible
Lundi 4 août 1969 - Les Anfoy retournent à Athènes pour régulariser leur histoire de papiers perdus ou volés. A leur retour et selon leurs dires cela n'a servi à rien. En les attendant nous sommes allés faire un tour dans une crique voisine. Les habitants ont pitié de nous, écrasés que nous sommes sous un soleil torride d'une heure de l'après-midi. Ils nous offrent une table sous une véranda à l'ombre. Une dam est heureuse de pratiquer le français avec nous. Nous leur offrons le café. Quelle différence avec la Yougoslavie et ses habitants x&nophobes.
NB C'est la saint Dominique aujourd'hui. François y aura-t-il pensé ?
Mardi 5 août 1969 - Le voyage se poursuit par la visite de MYCENES et le tombeau du roi Agamemnon. Nous faisons ensuite pas mal de routes biscornues vers l'ouest en direction d'Olympie. Nous avons ainsi traversé le PELOPONESE. Nous avons fait un bond de près de 3000 ans en découvrant un forteresse du Moyen*Age sur la colline de LARISSA, à proximité d'ARGOS, l'une des plus anciennes cité grecque. Il en existe d'autres dans le Péloponèse. Nous dormons "dans les terres".
Mercredi 6 août 1969 -
Visite d'Olympie et de son musée. Impressionnant. Photos. Après cette visite nous prenons la route en direction de la Grèce continentale. Pour cela il faut prendre un bac non loin de PATRAS, à RION, qui transporte voiture et personnes sur les 3 km du détroit de Corinthe Nous poursuivons notre route et traversons le DETROIT de CORINTHE sur un bac.et dormons sur une plage du côté de VACILIKI.Nous sommes dérangés toute la nuit par une colonie de français braillards.
Jeudi 7 août 1969 - Nous restons toute la journée à Vaciliki et allons passer la nuit suivante dans une crique aux falaises impressionnantes proche du village. Capture d'un scorpion*.
* Le climat chaud de la Grèce favorise l'émergence d'espèces animales spécifiques : insectes de forte taille (guêpes, frelons), arachnides, scolopendres, scorpions, peu courants en France. C'est Anne qui en fit les frais. Une première fois mordue par un gigantesque scolopendre qui ne voulait pas lacher sa proie et une autre fois ell ut horrifiée par un combat à mort que se livraient sans vegogne araignée géante et un gros frelon au bord de sa couche. Cela déclencha une crise de mauvaise humeur. Elle exigea alors de quitter au plus vite ce pays et ses inhospitaliers petits habitants.
Fatigues du voyage, soucis (inquiétudes pour leur fils Emmanuel, pertes des papiers et d'argent) ont rendu la couple nerveux et irascible. Auparavant, devant le canal de Corinthe Anfoy avait mal interprété mes plaisanteries innocentes et s'était mis en colère sans raison.
Ces humeurs de l'un et de l'autre allaient perturber la fin du voyage et le retour en France.
Vendredi 8 août 1969 - Nous sommes réveillés par les cris d'un berger (sans doute après ses bêtes). Il vient nous voir pour discuter un moment (je ne me souviens plus de la langue employée). Puis nous profitos de ce coin tranquille pour jouer au ballon avec de enfants et nous baigner. Puis c'est lee départ rapide vers l'intérieur du pays en direction d'AMPHILOCHIA*.C'est l'occasion de traverser un magnifique défilé de roches rouges. Nous dormons sous un arbre aprés LOUTRAKI (il existe un autre Loutraki près de Corinthe). C'est ici que s'est déroulé l'épisode du frelon et de l'araignée géante qui a indisposé dame Anne.
* Amphilochia : région du NW de la Grèce, témoin de la défaite du peuple du Péloponèse face aux Athéniens de Démosthène en 426 avant JC.
Samedi 9 août 1969 - Nous quittons Loutraki après un bon bain dans une mer à l'eau quasi-chaude. Direction IGOUMENITSA*. Il pleut, il y a même du brouillard sur les hauteurs. La route est très accidentée. A Igou nous prenons les billets pour le ferry qui doit nous amener à BRINDISI en Italie. Nous rejoignons ensuite un petit village des environs d'Igou pour nous restaurer au bod de la plage. Le poisson servi dans le petit restaurant est excellent, ainsi que le vin**. Nous dormons sur la plage.
* Igoumenitsa est une ville du NW de la Grèce. C'est la capitale de la préfectur de THESPROTIE. La ville fait partie de la région de l'EPIRE.et fait l'objet de liaisons maritimes régulières avec l'italie (Ancône, Bari, Brindisi). On y trouve un petit port bien abrité face à CORFOU.
** Contraireùment à notre attente nous avons eu beaucoup dee mal à trouver un vin du pays. Nous n'étions pas fans de l'Ouzo, l'eau de vie locale.
Dimanche 10 août 1969 - A midi nous sommes retournés manger dans le restaurant du petit village tranquille. Nous nous rapprochons ensuite d'Igoumenitsa et avons du mal à trouver un coin à notre goût. Ce sera notre dernière baignade en Grèce, ainsi que le dernier pot. Embarquement à la tombée du jour et enroute pour l'Italie. La mer est un peu agitée. Nous cassons la croûte suer le pont. Le bateau est bondé, impossible de dormir à l'intérieur. Ne reste qu'un coin sur le pont avant.
Lundi 11 août 1969 - La nuit s'est passée sur le pont battu par le vent froid et humide du large. L'ambiance est exceptionnelle mais les conditions sont dures. C'est la plus mauvaise nuit du séjour. Le bateau bouge, son plancher est dur comme la pierre. Presque impossible de dormir. En montagne j'en ai connu de bien plus conortables, mais aussi de pires. Dans la nuit sombre qui l'étrave du navire dérange une multitude d'animaus phosphorescents. Un vrai feu d'artifice silencieux qu'on ne se lasse pas de contempler. Je ne sais ce que font les Anfoy qui font la gueule depuis hier soir.
Arrivés à BRINDISI, après avoir sorti les voitures les formalités de douanes sont très longues. Lorsque c'est terminé, impossible de retrouver les Anfoy. L'ont-ils fait volontairement ? Après une longue attente sur le quai du débarcadère nous décidons de prendre la route en pensant les retrouver plus loin. Mais nous ne les reverrons plus. C'est bien la confirmation que depuis quelques jours ils nous battaient froid, mais ne l'exprimaient pas ouvertement. S'il avait voulu, futé comme il est, il aurait pu nous retrouver facilement sur le port. C'est très décevant.
A la sortie de Brindisi l'autoroute est vite rejoint, finies les routes à poussières sales et cabossée. La voiture roule remarquablement, Elle est loin la Dyna de 1966, trois ans auparavant sur les autoroutes des Dolomites ! (voir le récit de ce voyage homérique
).
Aujourd'hui l'autoroute nous conduit à SAN SEVERO, au-delà de FOGGIA. Nous nous garons au milieu de terres cultivées pour dormir
Mardi 12 août 1969 - Comme cela nous arrivait régulièrement en Grèce (mais surtout pas en Yougoslavie !), un agriculteur nous souhaite le bonjour. Parfait pour débuter la journée. Nous n'avons plus l'espoir de retrouver les Anfoy. Nous manquent-ils ? Leur manquons-nous ? Dans la fureur du moment nous n'arrivons pas à trancher. Mais un doute subsiste : cette disparition a-t-elle été volontaire ? Auquel cas notre déception et notre incompréhension auraienn été grande.Nous sommes partis du mauvais pied avec cette foutue histoire de Lune à laquelle je n'avais pas accordé l'importance qu'elle avait à leurs yeux. Durant le voyage nous n'en avons jamais reparlé. La réaction d'Anfoy au canal de Corinthe était typique d'un certain état d'esprit.
Jetant au "goulp" ces sombre pensées, nous poursuivons notre route tout le long de la côte adriatique. Autant la côte yougoslave (Croatie et Montenegro) est belle, variée et divinement sauvage (en 1969 !), autant la côte italienne est horrible, sale, polluée. Des tas d'ordures ponctuent les plages de sable fin. Nous déjeunons non loin d'un tas d'ordures, le coin le plus riant dans cet immense désastre. La mer est là, tout près mais même pas envie de nous baigner au milieu de toute cette saleté.
Sur la route, en dépassant un "escargot" un peu trop près du sommet d'une côte je suis arrêté par la police de la route (qui a ralenti la circulation dans les deux sens) qui me gratifie d'un PV de 1000 lires (un misère même pour l'époque). Nous poussons jusqu'à IMOLA près de BOLOGNE (patrie de Ferrari). La région est tellement cultivée qu'il est difficile de s'y caser pour passer la nuit.
Mercredi 13 août 1969 - Autoroutes à mort jusqu'à TORINO. Magnifiques échangeurs. Nouveau PV suite au dépasement hardi d'une longue file de voitures quasi- à l'arrêt dans la montée d'un col. Un policier stoppe la circulation pour nous laisser passer pour ensuite nous stopper et sortir le carnet à souches. Et 1000 lires de plus !
Arrêt restaurant dans la vallée de SUSA, magnifique et ornée de monuments prestigieux (voir les photos du livre du voyage). Nous passons la frontière au col du MONTGENEVRE, comme à l'aller et, après avoir pris un pot, retrouvons l'emplacement du 22 juillet, tranquille et agreste, au bon air des Alpes françaises. Pas d'Anfoy à l'horizon.
Jeudi 14 août 1969 - Retour à Pau direct depuis le Montgenèvre. Aucune autoroute en France en ce temps-là. Et de ce fait aucune ville et aucun village ne sont évités sur les 816 km du parcours.