Jennie Sarrailhé (1963-2015)

Mardi 7 Mai 1963 - Naissance de Jennifer Claire Sarrailhé en Angleterre.
Jennie est l’arrière-petite-fille du fameux oncle Paul voir [1873],
son père, Stuart Raymond Sarrailhé en est le petit-fils.
Dans quelques mois, elle, ses parents et sa sœur
Sarah née le 21 Novembre 1960, vont quitter l’Angleterre pour
émigrer en Australie.


Très jeune Jennie a été intriguée par le patronyme de sa famille,
Sarrailhé, tellement peu britannique, imprononçable en Australie.
Dès qu’elle a pu voler de ses propres ailes elle s’est lancée à
la recherche des ancêtres de son père Stuart Raymond, né en 1929 en
Angleterre. Lui-même lui fut de peu d’aide, ne s’étant jamais intéressé
à sa généalogie et n’ayant pas communiqué avec son père Paul Raymond
(le grand-père de Jennie) à ce sujet lorsqu’il vivait en Angleterre, et
encore moins depuis qu’il résidait en Australie. Lequel grand-père Paul
Raymond, né en 1902, fils de Paul, était toujours resté évasif à propos
de son père et de ses
origines. Donc, côté famille, rien à en tirer, pas la moindre piste.
Cette indifférence familiale attisa l’intérêt de Jennie au lieu de
la décourager. Jennie, personne curieuse de tout, opiniatre, travailleuse
devint de plus en plus désireuse de connaître cette branche de sa
famille qui lui paraissait quelque peu exotique, et d’autant plus
intéressante qu’elle semblait préserver un mystère, un mystère peut-être
inavouable concernant son arrière-grand-père Paul Sarrailhé. Au même
titre que celui qui entourait mon arrière grand-mère Perrine Joséphine
Olivier, encore que pour cette dernière des bribes étaient parvenues à
la troisième génération, alors que pour Paul Sarrailhé rien du tout. L
’idée d’élargir sa famille plaisait aussi beaucoup à Jennie. Sait-on
jamais. Le parfum de l’inconnu auquel on prête naïvement toutes les
vertus – lorsque l’on est bienveillant et optimiste, ce qu’elle était –
la poussa à mener des investigations approfondies.
Grâce à Internet elle découvrit très vite que des Sarrailhé vivaient
dans le SW de la France et à Paris, ce qui lui confirma – ce qu’elle
savait peut-être déjà – que ce patronyme était d’origine française.
Dès qu’elle le put, Jennie vint s’installer à Pau, sous prétexte
d’y faire un stage, et y resta plusieurs mois. Là, elle hanta autant
que faire se peut les archives municipales de Pau et de Jurançon et
y découvrit des trésors. En même temps elle loua ou acheta un vélo
et sillonna le pays, avec à la main une copie des archives du cadastre
local voisin de Jurançon, pour trouver les lieux où vécurent ses
ancêtre Sarrailhé des XVII et XVIIIème siècle. Et elle y parvint !
Lors de l’une des visites qu’elle me fit ultérieurement elle me
conduisit sur cet ancien lieu de vie des Sarrailhé, le plus ancien
que l’on connaisse. Il est niché au creux d’un endroit discret (et
difficile à trouver !), entouré par les collines des côteaux de Jurançon
qui y tombent de façon assez abrupte. De ferme, point.
On y trouve aujourd’hui deux villas modernes, assez
éloignées l’une de l’autre. Leurs occupants savent
-ils seulement qu’ici même, loin de tout, des générations de paysans
Sarrailhé ont trimé pour survivre durant des siècles ? Tout est effacé,
propret. Du passé faisons table rase. Je ne sens même pas dans l’air le
souffle léger d’un esprit Sarrailhé revenu en vadrouille par ici,
presque par hasard, ayant flairé, pour sa plus grande joie, un revenant
du futur. Non, même pas. Ces barraques neuves tuent tout, à croire que
les esprits sont enterrés dans leurs fondations ou sous les routes
bitumées qui y conduisent. Il serait étonnant qu’elles résistent durant
des siècles, elles, les maisons et les routes, et les esprit qui eux
sont éternels, finiront par s’échapper. A moins que Jennie ne se soit
trompée d’endroit… en archéo-généalogie tout est possible.
Jennie dénicha également des Sarrailhé dans la région parisienne,
descendants de l’un des fils de Marie Anna [1853], Bernard Joseph
Louis Sarrailhé, né à Pau le 25 Août 1879 et décédé à Paris le 5
Janvier 1953, dont les enfants, petits enfants et arrières petits
enfants sont restés à Paris ou sa région. Jennie y connut une
Mauricette Sarrailhé, déjà très âgée, (née le 2 Août 1920), fille
de Gaston Sarrailhé [1841], qui n’a pas vécu à Paris.

Tout cela fit qu’un jour de [2001], coup de tonnerre dans un
ciel serein, j’appris par un coup de téléphone que l’oncle Paul
avait été retrouvé ! Du moins sa trace. L’oncle Paul [1873], ce
disparu à jamais, et dont sa nièce Maïté [1911], ma mère, m’a si
souvent parlé sans l’avoir connu et qui serait si heureuse si elle
vivait toujours (décédée en 1992).
Voilà 100 ans que nous étions sans nouvelles. Il aurait aujourd’hui
127 ans cet oncle fugace et l’on était certain qu’il était mort au
cours de son voyage en Angleterre, mais il a laissé derrière lui
suffisamment de descendants pour que, grâce au plus fûté d’entre
eux, on retrouve sa trace. Nous sommes soulagés, il n’a pas été
assassiné, il a vécu, travaillé (prof de musique à Londres) et au
cours de son périple a peut-être perdu la mémoire. Peut-on savoir
? Assommé, détroussé dans une rue sombre de Londres, cité mal famée
bien connue en ce début de XXème siècle, il a eu la vie sauve grâce
à des passants bienveillants. Mais, remis de ses commotions, il ne
se souvenait plus de rien. Il a été aidé, a réappris la musique et
n’a vécu que dans le temps présent. Il se doutait bien qu’il venait
de quelque part, mais d’où ? Son français, car il avait retrouvé
la parole, était beaucoup plus châtié que son anglais de cuisine.
Sang français, sans aucun doute. Et cette alliance à l’annulaire
gauche ? Les rares personnes qu’il connaissait en Angleterre
ignoraient d’où il venait exactement, s’il était marié ou non. Il
avait été trop discret. On ne pouvait l’aider.
Petite parenthèse : il a été dit que ses descendants directs
sont restés très discrets à propos de l’oncle Paul. Ce n’est pas
forcément par mutisme de ce dernier, mais simplement par amnésie.
Voilà qui est fait pour la réhabilitation de l’oncle Paul, car,
après tout, pouvions-nous omettre cette hypothèse en toute honnêteté ?
On m’a appris depuis longtemps que lorsqu’une personne n’est pas
présente au boulot le matin, il ne fallait pas commencer à crier
haro sur le feignant ou la feignass
e toujours en panne d’oreiller, mais si, plutôt, il ou elle
n’était pas malade ou victime d’un accident de la route,
cas les plus fréquents.
Pour Philibert Fougère [1949] des témoignages ont été
établis, il a rejeté son ancienne famille et il l’a dit,
sans expliciter la cause néanmoins. Rien de tel pour Paul
Sarrailhé. Mais nous sommes d’accord, ce n’est pas une preuve.
Il a pu improviser une fois sur place, surtout s’il a été
envouté par une belle anglaise aux dents longues ! A ce
niveau, rien d’impossible, tout le monde le sait. C’est
peut-être une histoire aussi bête que ça. Qui l’excuse un
tout petit peu. Une mère sévère, une épouse stérile au
mauvais caractère, il n’en faut pas plus pour pourrir une

vie. Alors que les émois d’un amour tout neuf….

Chronologie des rencontres avec Jennie
Source : Livres Noirs (LN)
Révélation qui aurait fait plaisir à Mam :
Jeudi 17 Mai 2001 (LN 16, p. 196)
…Je suis en train de travailler dans mon bureau
au Centre de Recherches de Lacq lorsque je reçois un
coup de fil de Christine qui m’annonce que la petite
fille [arrière-petite-fille en fait] de l’oncle Paul,
« disparu » en Angleterre il y a 100 ans, recherche
sa famille dans le SW. Elle a 37 ans, et vient dans
la région la première semaine de Juin. Stupéfaction.