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8 mars 1963 jmo

Expédition vers l'Ossau avec François et Jean-Pierre

256 FFL

Samedi 9 Mars 1963 – Val de Pombie en espérant faire l’Ossau
Equipe : François, Jean, JP Leire
Véhicule : Citroën DS 19 ou 2 CV fourgonnette

Photo : la chambre de Marie. J'y ai dormi en 1963. En rêvant à Marie.
Elle le méritait bien. Photo prise le 5 août 1972.

Le vieux démon des Quatre Pointes de l’Ossau en hiver me tarabuste
toujours et fixe en permanence mes objectifs sur ce massif.
En ce samedi 8 Mars, c’est encore l’hiver, Hervé est aux abonnés
absents mais François, très courageux, est partant. Mais pas pour
les Quatre Pointes c’est évident. Réussir enfin la voie normale
de l’Ossau en hiver ? Cela semble modeste mais c’est déjà une entreprise
Pour se rendre à pied d’œuvre foin des motos et autres mobylettes.
Leire s’est manifesté, il est volontaire, il possède un moyen
de transport. Toutes les cases semblent cochées. Sauf que. C’est un
mauvais skieur, un grimpeur très moyen et, détail qui a son importance
en montagne, il fait son quintal à poil. Mais à défaut de grives on
prend ce que l’on trouve même si l’oiseau ne remplit pas toutes les
conditions requises.
Lever très matinal. J’ai fixé 4h à François. Il fait beau, le temps
est clair et frais, la lune brille. Nous sommes déjà en retard quand
Leire vient me prendre à El Patio. François nous attend patiemment dans
le calme Foufouland endormi et nous nous engageons pleins d’espoir
dans la Vallée d’Ossau. Jusque-là tout va bien. Nous devisons gaiement
au chaud dans la voiture.
En nous approchant des montagnes un phénomène nous inquiète : des volutes
de neige provoquées par un vent violent virevoltent sur les crêtes, un
vent du tonnerre venu du Sud. Le ciel est encore clair mais bientôt des
cirrus apparaissent. Mauvais ça. Mais la vision magnifique de l’Ossau
depuis le « Chêne de l’Ours » nous remplit d’optimisme. Je me sens
dynamique et en pleine forme. Ces levers matinaux sont excellents (sic !).
Une sorte de fluide vital pénètre ceux qui se mettent à vivre au rythme du jour.
Vers le Pont de Camps commence un gymcana sur la route enneigée. Laissant
l’auto nous partons heureux vers l’Ossau avec l’enthousiasme provoqué par
le soleil, élément nécessaire et toujours présent. Las ! Rapidement le
ciel se voile insensiblement et par-dessus la frontière espagnole jaillissent
avec grande vélocité des nuages grisâtres comme la fumée d’un incendie
lointain. Ils viennent prendre leurs aises en France et le soleil se noie
lamentablement au milieu de ces volutes sulfureuses. Nous continuons
néanmoins en espérant, sans trop y croire, que ça va s’arranger.
Je tiens un bon rythme et sème les deux zèbres dès l’entrée du petit bois
et les attends à la sortie de ce dernier auprès d’une belle petite avalanche
qui inaugure l’entrée dans le val de Pombie. Et là j’attends, j’attends
et fais une croix sur la voie normale de l’Ossau une fois de plus. Ils
mettent plus d’une heure pour émerger, d’abord François sur ses skis, puist
pas trouvé l’entrée du bois malgré mes traces ! Ajoutons que le temps
devient franchement mauvais et nous nous demandons pourquoi nous nous
sommes levés si tôt.
Pause casse-croûte pour regonfler notre moral qui commence à ressembler au
temps qu’il fait. Un bon café chaud nous requinque alors que la neige se met
à tomber. Et puisqu’il est inutile de continuer prenons un peu de bon temps
ici même, en rêvant que nous sommes sur l’Ossau en train d’affronter les
éléments. Le coin est aménagé, nous nous mettons à l’abri du vent après avoir
quelque peu batifollé au bord du torrent traitreusement caché par la neige –
des touristes égarés du côté de l’Ossau, un noyé – aurait-on pu lire dans la
presse locale si un pont de neige avait cédé. Mais bast ! ça nous fait rigoler,
avec bien d’autres choses que nous évoquons, alors que la neige redouble et
qu’un vent mauvais s’est levé et nous claque de ses rafales..
Nous levons le camp avant d’être ensevelis et congelés. La marche dans le bois
est pénible pour Leire qui porte ses skis sur ses épaules. François se débrouille
bien entre les arbres trop nombreux et toujours placés là où il ne faut pas.
Quant à moi je me régale sur les pentes dégagées qui mènent au gave de Brousset.
Au lieu de neiger il pleut maintenant…
De retour au Foufouland il reste assez de temps pour engager une partie de ping
pong avec Leire. Ce dernier repart seul car je suis invité à dormir au Foufouland –
sans doute dans la chambre de Marie. Ils auront tout essayé, ils sont charmants,
mais je suis un peu obtus…


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