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1963 Anfoy/Photo Yves Colin

Panneau . . . au cas où quelqu'un viendrait

Arudy - Sestograd

La section de Pau du CAF mit des années avant de se décider à venir jeter un coup d'oeil
aux fabuleux rochers que nous avions dénichés, défrichés, équipés. Nous leur avions pourtant
expliqué, dès 1960. Méfiance extrême. Trop hauts, trop durs, trop dangereux . . . Ils préféraient s'entraîner au petit rocher du Bouvier
ou à Pont de Camps. Non pas les blocs, mais une falaise minable au bord de la route (qui s'est d'ailleurs effondrée en 2005). Enfin, des générations plus curieuses ont "osé" affronter l'inconnu. Le texte est empreint d'humour sympa, mais nous sommes déjà en 1964, et même la presse s'en est mêlée !!


Premiers contacts avec le « ROCHER »

Toutes nos illusions sur l'Alpinisme "montagne à vaches’’ s’envolèrent à la vue des "falaises" de Sestograd City. Le seul fait d’arriver sains et saufs jusqu'au bivouac prenait déjà à nos yeux la tournure d’un exploit.
Notre étonnement fut grand à la vue des indigènes du lieu qui n’étaient pas sans nous rappeler quelque chose. En effet, après un long cheminement à travers une jungle épaisse et humide, ces êtres affairés autour du feu de bois, la viande cuisant sur la braise ( !), il nous semblait que nous allions revivre à notre tour les dernières émissions de la TV sur les farouches guerriers d’Amazonie.

Notre désillusion fut tout aussi profonde en les observant de plus près. . . Ils étaient civilisés ! ! ! Leur chaleureux accueil nous le confirma. On nous fit visiter le ‘’deux-pièces-cheminée’’ qui attend d’être remplacé par un somptueux refuge dont la construction vous fait faire l’expérience de la ‘douce’ condition d’esclave.

Mais le but premier de notre expédition se révéla à nous dans toute son horreur lorsque nous fumes mis ‘au pied du mur’.
Encordés ou, disons le mot, ‘enchaînés’, il nous fallut partir. Après un démarrage ’à la du flair’ (SGDG : Dulfer), Nounours (Pierre Coquerez http://www.pbase.com/image/26293613), avec l’habileté d’un singe, ne tarda pas à atteindre le premier relais. Il nous fallut 4 à 5 essais et un rab pour les petits pour nous hisser jusqu’à lui. Mais ce n’était que le commencement : sous nos yeux angoissés, Nounours repartit, nous faisant un petit cours sur les prises inversées et l’avantage à passer vers le vide, à l’extérieur d’une large fissure inclinée. Pour ma part, le vertige commençant à faire sentir ses effets, très vite, je me vis dans l’obligation de prendre la position ‘plat ventre’, blotti au creux de cette accueillante fissure, position tout de même bien inconfortable. Je me sentais glisser vers le bas, mais tiré de l’avant, soutenu à l’arrière par un Yves infatigable, je rejoignis enfin Nounours, assurant confortablement calé entre deux rochers. Pour moi, je tournais délibérément le dos au vide.

Une lente et savante progression nous mena après bien des efforts près du sommet, d’autant plus stimulés que les cris d’Alain, attaquant la vire du Bloc Coincé, nous faisaient craindre le pire. Il profita d’ailleurs de circonstances exceptionnellement favorables pour mener à bien une expérience personnelle quoique, paraît-il, involontaire, sur le mouvement pendulaire.

Mais ‘sortir’ s’avéra plus difficile encore . . . En effet, il nous fallut affronter les photographes (un seul représentait la corporation pour la circonstance) – (Yves Colin, de l’Eclair des pyrénées. ndr) – Nous dûmes, pour les besoins du cadrage, monter, descendre, remonter, redescendre la dernière longueur qui nous séparait du sommet . . . L’honorable Nounours, (semblable à lui-même cette fois) nous fit faire d’horribles choses, en fit lui-même des plus horribles encore, pour trouver l’angle qui nous serait favorable . . . Nous devions paraître crispés et en plein effort (cela ne fut guère difficile, surtout pour ce qui est d’être crispés) et si les acteurs, très naturels, semblaient bien pâles, seuls les projecteurs et l’absence de la maquilleuse en étaient la cause (qu’allions-nous penser ?). Finalement, fort rassurés par l’assurance de leur assureur, les acteurs-alpinistes ou alpinistes-acteurs atteignirent ENFIN LE SOMMET.

Le vertige céda alors la place à une sorte d’euphorie, inversement proportionnelle au carré , peut-être même au cube, de la peur . . . . ‘Et monté sur le faîte, il aspire à descendre’ (Cinna, acte 2 scène 1 – Corneille, j’allais dire Choucas).

Au bivouac un thé chaud nous attend . . .

J.C. Magendie
M.A. Scotte
(Philo) – CAF, section de Pau, 1964.

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