Mon grand-père était mécanicien chauffeur sur la Jeanne d'Arc dans les années 20.
Comme tous les marins il portait en tatouage sur l'épaule gauche un buste de matelot sur fond d‘ancre, le tout dans un ton monochrome bleu de chine.
A l'époque c'était un signe distinctif qui voulait encore dire quelque chose.
C'était l'appartenance à un groupe d'individualistes pour qui l'engagement (quel qu'il soit d'ailleurs) devenait un véritable sacerdoce.
J'ai beaucoup écrit sur cet anarchiste bourlingueur et aigri : un homme simple qui pourtant a su tailler au canif dans une poutre de bois de 1.26m la réplique exacte au 1:100 du bateau sur lequel il a servi.
Après sa période militaire il n'a jamais possédé d’automobile mais au guidon de sa BSA 250 il devait sacrément assurer l'ancêtre tatoué.
Et quand il conduisait son Berliet en marcel bleu, vitre baissée et clope au bec, ce mec je vous jure c’était un vrai dur !