Je n'ai jamais aimé aller à l'église
Maman n'y allait pas non plus.
Elle, c'était à cause de son agoraphobie.
Moi, c'est parce que j'avais de la difficulté
avec ce qui se disait et ce qui se faisait...
Petite, j'allais dans la forêt, celle à côté de l'église.
J'avais appris que Dieu était partout, alors, moi j'aimais mieux
lui rendre visite dans la nature...quand il faisait beau.
J'étais assise sur ma grosse roche, parmi les coccinelles
le soleil filtrait au travers des branches et des feuilles.
C'était le bonheur.
Ma soeur était tranquille sur son banc d'église...
Et madame Tremblay...ne se doutait de rien! riiiiiiiiiiire.
Cependant...ce que j'ai "toujours" aimé DES églises
c'est le parfum de l'encens, le bois du plancher qui craque,
la lumière filtrée au travers des majestueux vitraux, l'architecture
souvent magnifique, ses détails et...le silence.
Car j'y vais quand il n'y a personne. Il y a presque toujours une ou
deux vieilles personnes, ferventes, agenouillées, avec l'espoir au bout
de leurs doigts, égrènant leur chapelet.
Je ne fais pas de bruit, je respire la paix que ce lieu dégage
et je me sens juste bien.
Ça me rappelle
Le petit carreau dans le garde-manger
chez grand-maman.
Un endroit magique qui fait partie
des souvenirs à cause de maman.
Nous avions le droit de plonger notre
petite main dans le pot de grès, la jarre aux biscuits
de grand maman. J'aurais bien aimé hériter de cette jarre.
Ce que j'aurais aimé avoir de maman aurait été la première
bouteille de parfum "Ma Griffe", de Carven, rapportée de Paris
expressément pour elle par son frère Ernest.
J'adorais oncle Ernest, celui qui a passé une grande partie
de sa vie en mission dans le monde, pour aider les autres.
23-AUG-2011
Encore...
Une rose rouge
prise dans un jardin, non loin d'ou maman a vécu son enfance
Un endroit ou je n'ai que des souvenirs extraordinaires
malgré l'humble vie que maman et mes grand-parents ont eu.
Aller chez grand-maman et grand-papa, c'était toujours la fête.
Ils étaient de bons humains.
Étrangement
Ici, je retrouve les émotions de mon enfance
alors que nous allions passer nos été à la campagne.
Cette image n'a rien à voir avec l'endroit ou nous vivions
les mois d'étés mais...l'émotion est là et c'est à 10 minutes
de chez-moi en automobile.
Quelle chance j'ai...eue.
L'hiver dernier
Une autre pensée pour toi maman.
Devant ce coeur d'hiver, je pensais à toi
à ta non existence, aux petites joies de notre enfance
alors que tu rêvais encore de mieux...
Il y a longtemps que tu me manques maman.
Tu m'auras manquée toute ma vie...
Je ne t'ai jamais vue danser
même si j'ai sentie que tu en avais envie...alors,
j'ai souvent dansé pour toi parce que j'en avais envie.
À l'école de ballet-jazz, sur la plage en Martinique,
en passant l'aspirateur et au beau milieu du salon, seule.
Maman...
J'aurais tellement voulu "qu'on sorte ensemble, toutes les deux,
toi et moi seulement, pour le plaisir".
Mais tu auras choisi de vivre derrière tes barreaux,
Ceux de tes peurs incompréhensibles.
L'agoraphobie, c'est affreux. Ça vole la vie
et ça laisse la porte ouverte aux mauvaises influences...
Il a fallu que je me contorsionne un peu,
pour ce cliché là, on dirait la jambe de Tintin
mais ce n'est que la mienne
Il manque le reflet de la tienne
que j'aurais souhaitée voir à mes côtés
lors d'errances à la ville.
Ici, une porte au sous-sol,
une glace, et une fille qui passe: moi.
Moments magiques
Notre maison, quand j'étais toute petite (et finalement, toute la vie de mes parents)
fut toujours la plus laide de la rue.
Nous étions trop pauvres.
Mais cependant, il y avait quelques trésors dans mon enfance.
Par exemple, le plancher de ma chambre,
qui a été peint par grand-papa (le père de maman) en jeu de parchési.
Tout était là! Les carreaux, les échelles et même le serpent!!
Ma berceuee que ton père, mon grand-papa adoré
a fait et sculptée "pour moi", juste pour moi.
Berceuse qui m'a servi aussi de refuge
et de cheval de bois qui sillonnait
la maison au complet...
Puis il y avait, lorsque j'ouvrais la fenêtre et que je fermais les yeux,
le voilage des rideaux qui me caressait le visage
la brise coquine faisant danser mes cheveux.
Ahhh, comme j'aimais entendre le silence,
celui dont à ce jour je m'abreuve encore.
La lumière du matin et celle du soir m'enveloppait d'une émotion
encore aujourd'hui difficile à décrire, mais...c'était si bon.
Comme un rond dans l'eau
Le souvenir de toi s'étendra à l'infini.
Le hibou homme
Une sculpture inuit je crois.
Une sorte de gardien du temps
qui accueille les visiteurs, dos à la rue,
face vers l'hôpital.
J'aimais bien ce gardien mais il est bien impuissant,
tout comme nous, face à la douleur et à la mort.
Tout ce qu'il peut garder
c'est le temps...